15.10.08 DECLARATION DE LA CENCO SUR LA REPRISE DES HOSTILITES A L’EST ET AU NORD-EST DE LA RD CONGO

CONF

 

Encore
le sang des innocents en RD Congo ! (cf. Jr 19, 4)

 

 

 

1. La Conférence Episcopale Nationale du Congo est profondément
préoccupée par la reprise des hostilités à l’Est et au Nord-Est de la
RD
Congo.
Ces hostilités sèment de nouveau
la désolation et le deuil dans le pays : encore des milliers de morts, des
populations condamnées à l’errance dans des conditions inhumaines, des
enlèvements d’enfants et leur enrôlement de force dans des groupes armés, etc.
Bref, un véritable drame humanitaire se déroule sous nos yeux et ne peut laisser
personne dans l’indifférence
. Nous nous demandons : Pourquoi cette
reprise des hostilités alors que des avancées significatives ont été réalisées
avec la signature de l’Acte d’engagement
de Goma
? Jusques à quand notre
terre doit-elle continuer à s’abreuver du sang de ses fils et filles ?

 

2. La CENCO
condamne avec véhémence cette manière ignoble de considérer la guerre comme un
moyen pour résoudre des problèmes ou assouvir des ambitions inavouées. Elle
dénonce tous les crimes commis sur de paisibles citoyens et condamne, en outre,
de la manière la plus absolue, le recrutement des enfants aux fins de les
impliquer de force dans les hostilités. Elle désapprouve fermement la prise en
otage de la population civile et son utilisation comme bouclier humain.

 

3. La CENCO
craint que ces guerres récurrentes dans la région de l’Est et du Nord-Est ne
deviennent un paravent pour couvrir le pillage des ressources naturelles. Car
on se bat là où il y a des richesses que l’on exploite et voudrait continuer à
exploiter illégalement. Elle craint également que ces guerres ne soient une
manière, à peine voilée, de concrétiser le plan de balkanisation du pays par la
création des « Etats nains ». La Conférence Episcopale Nationale du Congo ne rappellera jamais assez que l’intégrité territoriale, l’intangibilité
des frontières et l’unité nationale de la RD
Congo
ne sont pas négociables
.

 

4. Aussi la
CENCO
attire-t-elle l’attention des Institutions compétentes
de notre pays sur la gravité de ces guerres et leurs conséquences pour l’unité
du pays et le devenir de la nation. Elle invite instamment le nouveau
Premier ministre ainsi que le
Gouvernement qu’il formera à traiter sans complaisance ce dossier. Elle les
exhorte à considérer comme priorité des priorités la tâche urgente du
rétablissement total de la paix dans le pays et de la sauvegarde de son unité
par la constitution d’une armée républicaine à même de protéger ses frontières
et sa population. Ils prendront à cœur de travailler à restaurer l’autorité de
l’Etat, à faire respecter les Institutions issues des élections et l’Acte
d’engagement de Goma. Le peuple jugera
ses gouvernants sur leur capacité à donner une réponse pertinente et définitive
à ces grands défis
.

5. La CENCO
remercie la Communauté
internationale de sa condamnation presque unanime des rébellions. Par-delà
cette condamnation, elle l’invite à prendre des mesures effectives et efficaces
et – elle en a les moyens – pour obliger
les bandes armées à respecter les actes d’engagement auxquels elles ont
souscrit. De cette façon, elle dissuadera toute velléité d’atteinte à l’intégrité
de notre territoire national. Toutes les puissances, les multinationales, les
Grands Lacs etc., bref, tout le monde
gagnera avec un Congo en paix plutôt qu’un Congo en guerre
.

 

6. La CENCO
reste attachée à la promotion de la paix mais elle est convaincue qu’il n’y a
pas de paix sans justice. L’impunité encourage de nouvelles velléités
insurrectionnelles. La paix, en effet, n’est pas simplement l’absence de guerre
ni même un équilibre stable entre les forces adverses, mais elle se fonde sur
une conception correcte de la personne humaine et requiert l’édification d’un
ordre social selon la justice et la charité. C’est le sens de la paix que le
Christ a laissée à ses disciples : « je vous laisse la paix, je vous
donne ma paix » (Jn 14, 27). C’est aussi le sens de l’appel que le Souverain
Pontife Benoît XVI a lancé en faveur du Nord Kivu à l’Angélus du dimanche 12
octobre 2008.

 

7. La Conférence Episcopale Nationale du Congo souhaite
que cet appel à la paix soit entendu par tous pour que la population de la RD Congo tout entière
mène une existence calme et paisible. Le peuple de Dieu, les hommes de bonne
volonté, les Eglises sœurs et les organisations caritatives sont invités à se
montrer plus solidaires et plus compatissants aux souffrances de nos frères et
sœurs victimes de ces guerres.

 

8. Puisse le Seigneur inspirer les pensées et les actions
de tous pour la victoire de la paix et l’engagement dans l’œuvre de
reconstruction d’un Congo de justice et de fraternité.

 

 

 Fait
à Kinshasa, le 13 octobre 2008

 

 

 

  Pour Son Exc. Mgr
Nicolas DJOMO

  Evêque de Tshumbe et

  Président de la CENCO

 

 

 

 

  Abbé Léonard SANTEDI

  Secrétaire Général de la CENCO

 

 

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