15.07.09 AEM: Patrick Diassouka revient en Suisse pour relancer le PPRD. Revirement ou repli stratégique ?

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Patrick
Diassouka à la oire agro-pastorale de Goma pour la paix (FAGOP), au
lendemain de son inauguration par le Chef de l’État, Joseph Kabila

AFRIQU’ÉCHOS
MAGAZINE (AEM) : Avant votre départ pour Kinshasa vous avez annoncé que
vous alliez vous y installer pour participer aux Cinq chantiers du
Président Kabila. Moins de trois mois après, vous voilà revenu en
Suisse, avez-vous renoncé à ce projet ?

PATRICK DIASSOUKA (PAD) :
Je suis revenu exprès pour relancer les activités de mon parti, le
Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie. Parce que les
Cinq chantiers concernent aussi la diaspora en ce sens que les
Congolais de l’étranger doivent s’impliquer autant que le sont nos
compatriotes au pays.

AEM : C’est la première fois que vous parlez de votre appartenance à ce parti…

PAD : C’est parce que,
jusque-là, on travaillait, si je puis dire, dans l’ombre, mais pas
d’une façon structurée. Il n’y avait aucune structure, aucun bureau,
aucune salle, aucune rencontre. J’attendais donc de me rendre à
Kinshasa pour clarifier les choses auprès de la direction du parti.

AEM : Vous avez, du coup, pris les
rênes du PPRD/Suisse, il y avait pourtant une direction déjà en place,
ça s’apparente à un coup d’État ?

Non, le parti était en hibernation, le siège était
vacant, le président (Hubert Posho ndlr.) avait démissionné depuis
longtemps. Il fallait donc quelqu’un pour prendre la relève et
réveiller les grands militants qui ont beaucoup oeuvré pour ce parti
comme les camarades Jean-Pierre Kambila, (aujourd’hui installé à
Kinshasa), Hubert Posho, Nziki, Hervel N’sele, Roger Mbimba et Jean
Robert Monoke… pour ne pas les citer tous.

AEM : Avec quel programme arrivez-vous à la tête de la section suisse du PPRD ?

PAD : Nous devons
ensemble restructurer le parti, trouver un local pour y installer une
permanence, ouvrir une ligne téléphonique et disposer d’une salle où
l’on peut se réunir au moins deux fois par mois. Les démarches sont
déjà en cours. Nous devons restructurer le comité directeur en vue des
prochaines élections.

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Au pied d’un volcan, à Goma, Patrick Diassouka pose pour le souvenir

AEM : La manière avec laquelle
vous prenez les rênes du pouvoir, après un aller-retour à Kinshasa, va
néanmoins dérouter plus d’un…

PAD : Arrêtons de perdre
du temps pour des futilités et remettons-nous ensemble au travail,
puisque nous sommes membres d’un même parti, il nous faut relancer le
parti en Suisse à l’image de nos camarades à Kinshasa, en France et
dans plusieurs autres pays.

AEM : Vous avez cité les noms de
quelques militants qui, visiblement, ont beaucoup donné et n’ont pas
été soutenus, cela expliquerait donc la démission de l’ancien
président ?

PAD : Étant un nouveau
parti, le PPRD n’avait pas suffisamment de moyens. C’est comme un
enfant qui vient de naître et à qui il faut laisser le temps
d’apprendre à parler, ensuite à marcher. Donc, si je peux le comparer à
un enfant, je peux dire du PPRD qu’il a commencé à marcher. Et s’il y a
du sérieux, on aura du soutien.

AEM : Tout cela demande des moyens. Comment allez-vous vous y prendre ?

PAD : Quand on aime son parti, on trouve toujours des moyens. On ne s’engage pas simplement par plaisir ou par complaisance.

AEM : Vous appelez donc les militants au sacrifice…

PAD : Un parti demande
toujours des sacrifices. Comme je vous l’ai déjà dit, je peux citer mon
exemple : j’ai effectué le déplacement de Kinshasa et de Goma à mes
frais. Je n’ai pas attendu que l’on me paie le billet ni demandé à être
remboursé. Mais, par amour pour mon pays, j’ai fait ce sacrifice. On
peut aussi prendre l’exemple de nos amis de France qui organisent
l’université d’été, ils se sont débrouillés et ont misé sur leurs
propres moyens pour organiser cet événement.

AEM : Comment comptez-vous mobiliser les Congolais de Suisse ?

PAD : Avec les militants
fidèles dont j’ai cité les noms et grâce à leur expérience de terrain,
nous allons tout mettre en oeuvre pour mobiliser les Congolais. Mon
voyage au pays m’a permis de voir le travail de terrain que le chef de
l’État, que j’appelle « l’homme des actions concrètes », a déjà
réalisé. Je suis sûr que tout Congolais, le vrai, j’entends, celui qui
aime son pays sera derrière lui. Et prêt à servir le pays.

AEM : Beaucoup de Congolais pensent pourtant que la situation au pays ne s’améliore pas…

PAD : Comme je vous l’ai
déjà dit, je suis allé à Kinshasa et me suis rendu également à Goma…
Vous savez ? Quand il n’y a pas la paix, on a beau avoir des millions,
mais on ne peut rien faire. En discutant avec des amis congolais et
suisses de mon projet de voyage à Goma, ils m’ont pris pour un fou. Ils
ne pouvaient comprendre que je prenne ainsi le risque d’aller à Goma où
« il y a la guerre »… Ce que j’ai vu au pays m’a plutôt rassuré :
construction des routes, éclairage public, notamment sur les boulevards
à Goma… Pareil à Kinshasa où il y a une large ouverture d’esprit, où
des bâtiments construits par nos compatriotes de la diaspora poussent
comme des champignons. Ce qui n’était pas le cas avec les gouvernements
précédents.

AEM : Vous vous engagez donc au bon moment…

PAD : Moi, je ne m’engage
pas par fanatisme ou par opportunisme. J’ai pris le temps d’observer.
S’il n’y avait rien de concret, c’est clair que je n’allais pas me
jeter à l’eau.

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Patrick Diassouka sur le boulevard qui a abrité le défilé du 30 juin

AEM : Vous nous aviez parlé de
quatre projets de société, d’un programme que vous envisagiez de mettre
en oeuvre au pays avec l’appui du gouvernement, qu’en est-il
aujourd’hui ?

PAD : Je suis allé, dans
un premier temps, pour une prise de contacts et pour une étude sur le
terrain. J’ai eu des contacts avec des autorités de haut niveau dont je
préfère taire les noms.

AEM : Vous allez donc repartir pour Kinshasa juste après être devenu président du PPRD/Suisse ?

PAD : Comme je vous l’ai
déjà dit, nous devons restructurer le parti, travailler ensemble. Nous
organiserons ensuite des élections et si je suis reconduit, à ce
moment-là, on verra. En tant que démocrate, je suis prêt à faire des
concessions. Le PPRD/Suisse compte, en son sein, des militants
compétents qui peuvent aussi gérer la section du parti en mon absence.
Le PPRD/Suisse, ce n’est pas moi tout seul, mais un ensemble, un groupe
de militants.

AEM : Avez-vous un message à adresser aux Congolais ?

PAD : Arrêtons les
ragots, cessons la guerre de leadership ou de positionnement. Le pays a
grandement besoin de nous, de notre apport. Je profite de l’occasion
pour lancer le message du parti : Tous à l’Université d’été à Paris au
mois d’août !

AEM : Et en Suisse ?

PAD : Laissez-nous
d’abord le temps de nous rassembler. Vous serez informé au moment
opportun. Un porte-parole du parti prendra contact avec vous. Toutes
les personnes intéressées peuvent nous écrire à l’adresse électronique
que voici : pprdsuisse@yahoo.fr

| Propos recueillis à Lausanne par Jossart Muanza (AEM)

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