Dictionnaire belge

"LEMONDE"


BHV. Bruxelles-Hal-Vilvorde : un sacré bazar. Le dernier
arrondissement bilingue du pays, à cheval sur la "frontière linguistique". Les
francophones qui y vivent, sur une partie du territoire flamand, peuvent encore
voter pour des listes francophones et y être jugés dans leur langue. Un symbole
inacceptable de la Belgique d'antan, juge le Nord. Son remède ? La scission.

Communautaire. Les questions purement linguistiques sont
réglées, mais tout dossier est "communautaire" : allocations familiales,
réfugiés, économie, santé, justice, radars autoroutiers ou bruit des avions
autour de l'aéroport national, à répartir entre Flamands et Wallons. Autre
réalité "communautaire" : la Wallonie est ancrée à gauche, la Flandre à
droite…

Conciliateur. Dernière dénomination en date pour celui qui
tente de démêler l'écheveau. Une fonction occupée provisoirement par le
socialiste flamand Johan Vande Lanotte. On dit aussi "démineur", "explorateur",
"médiateur", "pré-formateur", ou "plombier", le sobriquet de l'ancien premier
ministre Jean-Luc Dehaene.

Compromis. Rare sujet de fierté dans le royaume : le sens
très belge du compromis a été un bon produit d'exportation dans certaines zones
troublées. Aujourd'hui, il est, lui aussi, victime de la crise.

Corridor. Des politiques francophones, craignant le pire –
la scission du royaume, qui isolerait Bruxelles en territoire flamand -,
réclament pour la capitale un lien territorial avec la Wallonie. Cartes à
l'appui, ils réclament un corridor, qui traverserait une forêt de hêtres pour
aboutir près de la plaine de Waterloo.

Défédéralisation. Faux ami : ne signifie pas un retour à un
Etat unitaire, mais un glissement de compétences au sein de l'Etat fédéral.
Parfois contre toute logique : à Cancun, il y avait quatre ministres (un fédéral
et trois régionaux) pour exposer la position belge sur le climat.

De Wever (Bart). Vainqueur des dernières élections et quasi
vainqueur d'un concours télévisé intitulé "L'Homme le plus malin du monde". Sur
ce point, les avis divergent. Comme sur son plan : veut-il instaurer la
république de Flandre à court, moyen ou long terme ?

Facilités. Source de difficultés. La Belgique compte trois
langues officielles (français, néerlandais, allemand) et quatre régions
linguistiques, dont une bilingue (Bruxelles). Certaines municipalités doivent
organiser des "facilités" pour les citoyens qui pratiquent une autre langue
officielle que celle de la région où ils vivent. Dans la périphérie de
Bruxelles, des communes situées en Flandre mais peuplées de nombreux
francophones sont devenues des symboles trop encombrants.

Gaufrier (politique du). Image d'une politique qui a
contribué à l'endettement de l'Etat comme à sa mauvaise gestion : quand l'Etat
donnait 1 franc belge à la Wallonie, il fallait donner le même franc à la
Flandre. Désormais, plus personne n'en veut et, de toute manière, l'Etat n'a
plus les moyens d'offrir des gaufres.

FrankiLeaks. Le socialiste flamand Frank Vandenbroucke, un
des négociateurs, n'a pas remarqué que le porte-parole de Bart De Wever
entendait les commentaires désobligeants qu'il livrait, par téléphone, à un
journaliste, sur son patron. Le même s'est ensuite trompé d'adresse en envoyant
un courriel critiquant le chef de file de sa propre formation. Le texte a été
publié dans un journal.

Frontière (linguistique). Tracée dans les années 1960, cette
ligne coupant le pays en deux a déterminé où l'on parlerait le français, le
néerlandais, ou les deux. Frontière politique, mentale et souvent artificielle,
qui a servi de fondement aux réformes institutionnelles.

Sonnette d'alarme. Un mécanisme constitutionnel (préventif,
pas curatif) de protection pour la minorité francophone. Elle a beaucoup retenti
récemment, bloquant la scission de "BHV".

Rattachisme. Mouvement politiquement minoritaire mais
sentimentalement fort. Il se décline désormais en plusieurs courants, qui
prônent soit le "réunionisme", soit "l'intégration", soit, comme l'humoriste
Philippe Geluck, "l'annexion de la France par la Wallonie"…

Séparatiste. Simple à comprendre, difficile à assumer, même
en Flandre. Seule l'extrême droite se revendique comme telle. Les autres partis
sont plus nuancés et préfèrent se dire "confédéralistes" ou "autonomistes" : ils
savent qu'une minorité de néerlandophones approuve (ouvertement) la division du
pays.

Tache d'huile. Version imagée, en Flandre, de la menace
culturelle francophone. Des Bruxellois implantés dans la périphérie flamande et
refusant souvent de parler le néerlandais ont fait naître le spectre d'une
nouvelle domination. La riposte a été énergique, pas toujours démocratique.

Unitariste. Espèce en voie de disparition, sauf dans les
sondages qui affirment qu'une immense majorité voudrait en revenir à la Belgique
de 1830, année de sa création.

Valet noir ("zwarte piet"). La carte du jeu politique qu'il
faut absolument rejeter : elle désignera le responsable de la énième crise qui
menace et pourrait déboucher sur de nouvelles élections, hautement
impopulaires.


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