13.01.12 L'Observateur – Pour contrer les perturbations sur le marché de change

Au terme d'une réunion autour de l'introduction de la TVA tenue à la Primature au début de cette semaine, le directeur général en charge de la politique monétaire et des opérations bancaires, Jean-Louis Kayembe, a clairement affiché les intentions de la Banque Centrale du Congo pour faire face aux perturbations constatées sur le marché de change. Selon J-L Kayembe Wa kayembe qui s'exprimait devant la presse, des devises vont être vendues au regard des besoins exprimés par les banques commerciales. Naturellement, les interventions de la BCC sur le marché de change ont vocation de ponctionner une partie de la liquidité en circulation et par ricochet de stabiliser le taux de change du FC. Toutefois, ce responsable de la BCC n'a pas dit exactement quand cette éventuelle intervention sur le marché de change allait avoir lieu.

Malgré cette annonce d'une éventuelle intervention de la BCC, le taux de change observé sur le marché de change parallèle demeure inchangé avec des pics autour de 933 FC contre 1 dollar US. Les banques et les milieux d'affaires restent sur l'expectative. D'ores et déjà, en baissant le taux directeur de la BCC au dernier trimestre 2011, l'objectif du Comité de Politique Monétaire (CPM) était d'anticiper, de commencer 2012 en position de force et de maintenir la stabilité de la monnaie nationale. Mais surtout de réduire l'écart existant entre le taux de change des marchés interbancaire et libre. Cet écart doit être de 1 % pour que tout le monde se sente à l'aise. L'ambition de la politique monétaire de la BCC en 2012 est ambitieuse, à savoir : de maintenir l'inflation à 9,9 % et augmenter le niveau des réserves de change au-delà de 1,5 milliard de dollars US.

Perturbations cycliques de début d'année

Comme à chaque fin et début d'année, la BCC s'attendait à une petite pression sur le marché de change. A ce propos, le gouverneur de la BCC avait déjà promis fin décembre 2011 que son institution était prête à intervenir sur le marché de change le cas échéant, pour faire face aux perturbations cycliques. " La BCC est prête à vendre des devises si c'est nécessaire pour anticiper sur les perturbations cycliques. Nous serons très vigilants. La BCC a des devises. Elle les vendra quand ce sera nécessaire ", avait promis le N° 1 de la BCC. Et Jean-Louis Kayembe y est revenu au début de cette semaine. Le moment est peut-être venu pour une intervention de la BCC.

Au-delà des perturbations cycliques, il faut prendre en compte la détérioration significative de la confiance de la quasi totalité des chefs d'entreprises en décembre 2011, en raison notamment du contexte socio politique post électoral dont la psychose a affecté l'ensemble de l'économie et du spectre de récession qui plane sur nos principaux partenaires commerciaux de la de la zone euro et des Etats Unis. En effet, le Baromètre de conjoncture de l'économie congolaise publié récemment par la BCC en dit long sur cette chute de confiance des chefs d'entreprise en RDC en décembre 2011. Cette chute de confiance de chefs d'entreprises peut avoir suscité des anticipations et des spéculations par rapport au taux de change de la monnaie nationale.

Pour mémoire, en ce qui concerne la politique monétaire et de change à la fin de l'année 2011 le gouverneur de la BCC, Jean-Claude Masangu a brossé les perspectives pour l'année 2012. L'objectif affiché en 2012 étant d'améliorer l'efficacité de la BCC. Après avoir terminé l'année 2010 avec un taux d'inflation de 9 %, la BCC a bouclé l'année 2011 avec un taux d'inflation d'environ 15,4 % contre une cible de 17 %. L'on peut parler ici de performance par rapport à la cible. Il s'agit d'un taux fin période 2011 certes révisé au cours de l'année en raison de l'évolution des paramètres, alors que le taux initial des prévisions était de 9,9 %. L'objectif de terminer 2011 avec un taux de 9,9 % n'a pas été tenu en raison des facteurs exogènes, notamment la flambée des prix des produits alimentaires et pétroliers sur le marché mondial qui a induit une inflation importée sur les prix internes.

Pendant l'année 2011, la BCC n'a pas pu améliorer le niveau de ses réserves internationales qui ont été maintenu au même niveau qu'en 2010, soit 1,3 milliard de dollars US représentant environ 8 semaines d'importations. Le souhait d'améliorer ce niveau n'a pas été exaucé en raison notamment, dira J-C Masangu, d'un service de la dette plus important que prévu, soit 85 millions de dollars US. A cela, il faut ajouter le fait que la quatrième revue du Programme Economique du Gouvernement (PEG II) , revue semestrielle concernant la période allant du 1er janvier au 30 juin 2011, n'a pas été conclue par la FMI. Alors que les principaux critères quantitatifs de réalisation avaient été respectés dans l'exécution du Programme. Non conclusion de la 4ème revue par le FMI qui a privé la RDC d'un montant d'environ 80 millions de dollars US de financement au titre d'appui à la balance de paiement.

Par ailleurs, en 2011 la BCC avait vendu et acheté des devises sur le marché dans le cadre de sa politique de change, pour lisser les fluctuations du taux de change. Comme, elle avait aussi financé des dépenses électorales du pays, compensant ainsi le non respect des engagements pris par certains partenaires extérieurs sur le financement des élections du 28 novembre. Cela étant, l'objectif d'avoir des réserves de change de 1,5 milliard de dollars US n'a pas pu être atteint. Ces réserves internationales ont vocation à servir la BCC pour faire face aux chocs exogènes et endogènes contre l'économie. Elles lui permettent notamment d'intervenir sur le marché de change quand elle le juge nécessaire.

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