Qu'est ce que c'est que d'être un Marollo Saint-Gillois ? (par Viktor)

Mon arrière-arrière grand-père disait déjà que "Le Vieux Marché n’était plus comme avant" !

 

Ainsi mes frères et moi avons grandi entre Saint Gilles et les
Marolles jusqu’aujourd’hui dans ce quartier ou dans un monde ou tout le
monde "communique" et plus personne ne se parle… dans ce quartier les
gens continuent à se dire bonjour et s'embrassent
en demandant des nouvelles des amis et amies que l'on n'a pas vu ces
derniers jours…

 

Un Marollien est un vieux sédentaire qui à travers les générations
est devenu un nomade revenant toujours comme certains oiseaux migrateurs
à l'endroit où ils sont nés. Mes grands parents ont dû émigrer à
Koekelberg, faute de logements accessibles dans
leur quartier d'origine. Leurs grands parents on été chassé vers
Boisfort et Uccle Saint Job par la construction du Palais de Justice. Le
Kattenberg (place Poelaert) ou des gibets étaient dressés pour indiquer
à la Plèbe du bas de la ville qu'elle n'était
pas le bienvenue dans le haut de la ville où la noblesse et la
bourgeoisie bruxelloise habitaient. Vesale y a recueilli, étudié et
disséqué ces marolliens d'antan après que Breughel, un moment habitant
le quartier les aient peints. Chaque fois que j'ai l'occasion
de voir ces tableaux, j'imagine ces personnages en jeans et me rappelle
les avoir salués en remontant la rue des Renards.

 

Adolescent, j'ai un souvenir ému et joyeux des cafés, rue des
minimes, rue de la Samaritaine et autour du Vieux Marché ou nous
dansions le samedi soir et le dimanche en fin d'après-midi juste après
le match de l'Union Saint-Gilloise. Nous nous retrouvions
avec nos amis Saint-Gillois au Parvis de Saint Gilles dans des cafés
dont j'ai aussi comme dans les marolles oublié les noms … un dernier
verre avant le match et ensuite nous montions par la chaussée de Forest
jusqu'à la chaussée de Bruxelles où se trouve
toujours le Stade du Parc Duden et assistions aux exploits de la Royale
Union Saint-Gilloise (RUSG).

 

J'ai adoré grandir entre les Marolles et Saint-Gilles avec mes amis
marolliens, flamands, wallons, Italiens, espagnols, gitans, marolliens,
turcs et tant d'autres belges de toutes origines … aujourd'hui encore,
j'adore ce quartier ou j'aime vivre aujourd'hui
entre "chez Yasmine" et "La Brocante" avec mes amis belgo marocains nés
à l'hopital Saint Pierre et sans qui ce marché n'existerait plus. On
aimerait des loyers accessibles aux habitants les plus vulnérables, un
peu moins de précarité dans cette population
oubliée des plans montés par les commerçants du quartier qui y ont
rarement "un ancrage de cœur".

 

Pour paraphraser Simone de Beauvoir à propos des femmes, "on ne naît pas Marollien, on le devient".

Amitiés, Viktor

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