2018 – A propos d'un livre sur Léopold II ..

Monsieur,

 

« Léopold II Potentat congolais.
L’action royale face à la violence coloniale », titre de votre livre.

Cela ne correspond pas du tout à la
réalité.

En effet, si Léopold II a été un
potentat, il n’a jamais été Congolais.

Il est toujours resté Roi des
Belges !

De plus, l’action royale n’a jamais
été face à la violence coloniale, mais en a fait partie intégrale (voir le
chapitre IV, pp. 101-146).

Quant au casque colonial, voir l’illustration
de couverture, il illustre bien l’adage : « L’habit ne fait pas le
moine » puisque Léopold II a toujours été colonialiste mais jamais
colonial !

L’un peut aller sans l’autre, Léopold
II en est la preuve vivante. Par ailleurs, l’un peut aller avec l’autre quand
il s’agit des coloniaux.

 

 

 

Quant au titre du livre :
Potentat congolais, voyons de plus près le choix de ce terme Potentat par
rapport à celui de Dictateur.

 

Potentat : « Souverain
absolu d’un Etat puissant » (Le
Petit Larousse,
2004, p. 644).

Dictateur : « Personne qui
parvenant au pouvoir gouverne autoritairement et sans contrôle
démocratique » (Le Petit Larousse, 2004,
p. 364).

Où situer Léopold II dans sa
possession du Congo : Potentat ou Dictateur ?

 

Pour ce faire, relevons à ce sujet
quelques extraits de votre livre :

 Monarchie
absolue (p. 33 et 43)

 Caractère
absolu de son règne (p. 45)

 Autocrate
seul responsable (p. 45)

 Seul
maître, absolutisme royal (p. 46)

 Roi
qui se penche sur tous les aspects (pp. 51-59)

 Pouvoir
suprême (p. 61)

 Seul
maître à bord (p. 69)

 Impérialisme
léopoldien (p. 123)

 Pragmatisme
machiavélien (p. 157)

 Etat
léopoldien (p. 123)

 Etc.

 

Constatons que la distance n’est pas
grande entre les deux citations et que sur le terrain pour les terriens
africains et africaines, il n’y a pas de distance du tout (voir chapitre
4) ; les effets du Potentat ou du Dictateur sont les mêmes. Seul change « l’étendard :
de la mission civilisatrice »
face aux drapeaux des Dictatures.

Cet étendard « MISSION
CIVILISATRICE » revient plus de 30 fois dans ce livre !

Il y a de quoi en voir du matin au
soir !

Comment se situer entre Potentat et Dictateur,
si besoin est (!) puisque sur la terre ferme la différence est
invisible ?

Il s’agira d’établir un effet de
balançoire entre Anvers et Matadi qui s’exercera en deux vagues : la vague
flottante de mission civilisatrice
et les autres vagues déferlantes, dévastatrices, qui dureront plus de vingt
ans ! (p. 131 et suivantes)

Ça va donc balancer entre Autocrate
(p. 45) et image d’un Etat philanthropique (p. 159), entre le travail forcé, la
récolte forcée du caoutchouc, la répression sanglante des rébellions (p. 86),  la chicote (p. 109) tout cela pour une
Belgique plus grande, plus forte et plus belle ! (p. 227)… pour forcer (!)
des travaux sur l’urbanisme !!

« Mais il n’y a pas pour autant
une fourberie de la part du souverain » (p. 159). NON, non et non !

« Léopold II est semblable à un
Janus royal » (p. 11)

(Janus : « il est
représenté avec deux visages opposés qui évoquent les deux faces d’une même
porte », Le Petit Larousse, Ed. 2004,
p. 1466). La face philanthropique et la face récolte du caoutchouc.

 

Conclusion : Une couronne auréolée
sur la tête du souverain constitutionnel de Belgique et des épines
ensanglantées pour les Congolais et les Congolaises colonisés !

Janus a bon dos et les Congolais en
ont plein l’dos ! Il y a de quoi !

Mais monsieur Plasman les ignore, les
Congolais !

En effet, Congolais ? Inconnus
au bataillon.

M. Plasman ne connait que… des
INDIGENES.

« Indigènes » répété plus
de cinquante fois dans son livre !!

C’est… « Indigne et ça Gène »
d’écrire comme cela en 2018, vous ne trouvez pas ?

Pour paraphraser Léo Ferré dans sa
chanson « M. William », nous chanterons : « M. Plasman,
vous manquez de tenue, INDIGENES se… Place mal (!) à la lecture aujourd’hui.

 D’ailleurs, des INDIGENES, il y en a
partout !

(Indigène : « Né dans le
pays où il habite », Le Petit
Larousse,
Ed. 2004, p. 576).

Pour l’auteur, le Congo est peuplé
d’autochtones, de natifs, de villageois, 17 fois cités, mais CONGOLAIS… y’a pas
Missié !!

Mais attention, chers lecteurs, s’il n’y
a pas de Congolais d’après l’auteur, il y a:

– un gouvernement congolais à
Bruxelles (p.31)… et on n’est pas en 1960 (!) ; – des magistrats congolais
(p. 157),

– du droit congolais (p. 137 et
suivantes)

– des diplomates congolais (Idem)

– et même des administrateurs
congolais (p. 50)…tous Belges ou étrangers (sic).

 

 

N’est-il pas étrange que l’auteur use
et abuse de « Congolais » pour ceux qui n’en sont pas ? Tandis
que pour ceux qui en sont, il s’agit d’INDIGENES !

Faut-il rappeler qu’il a fallu un peu
moins de 80 ans pour qu’un Congolais soit admis à l’université de Louvain – Thomas Kanza.

Presqu’autant de temps que la
superficie du Congo…80 fois la Belgique (hi,
hi, hi
) !

La question est : comment
acquérir cette superficie ?

« L’AIC ne s’affirmera donc pas
par une conquête militaire » (p. 29).

Admettons. Pourtant le mot
« conquête » est lisible une dizaine de fois dans le livre ainsi que
le mot « occupations ». Bizarre !

De plus, on peut lire p. 59 :
« l’élément militaire qui y prédominait ».

« Dorénavant, l’élément
militaire assurera la majorité des mandats de gouverneur » (Idem). Et plus
loin : « Léopold II se tourne définitivement vers les officiers » (p.
75).

« Il existe une volonté de la
part des officiers de monopoliser ces postes, conduisant ainsi à un
gouvernement militariste… A la fin de l’Etat Léopoldien, la situation n’aura
pas grandement évolué » (p. 83).

« (…) l’héroïsation de certains
officiers devient un outil de promotion en Belgique de l’œuvre
civilisatrice ».

« L’autoritarisme de l’Etat qui
s’applique sur sa seule force militaire » (p. 117).

 

Cela nous fait penser à
l’adage : « On peut militariser les civils, mais on ne pourra jamais
civiliser les militaires » !!

Poursuivons notre
MISSION…CRITIQUE !

Pour l’auteur, « mission civilisatrice » et
colonisation forcée s’inscrivent dans le « paradoxe de la gouvernance
léopoldienne » (p. 105 et suivantes).

 

Piège, duperie, hypocrisie ?
Non, « situation complexe et paradoxe »…

Si la législation de l’EIC se veut
protectrice des autochtones, dans le même temps se produisent des
« massacres » (p. 128) et l’exploitation outrancière des zones
caoutchoutières (p. 101).

Cela, c’est… du Domaine (!) : paradoxe
et complexe. Entre nous, le mot lui-même est con…plexe ! Revenons au
paradoxe.

« Paradoxe, nous voilà ! Ce
n’est pas encore Pétain en 1940 » mais c’est le Pétrin idéologique :
protecteur d’un côté et massacreur de l’autre.

Résumons : gérer d’un côté la mission civilisatrice et de l’autre
l’exploitation colonisatrice, c’est la balançoire entre l’étendard, le mythe,
et le lucratif, la richesse (voir p. 213 et suivantes).

Voyons maintenant l’enrichissement
personnel de Léopold II (p. 213)

« Tous les moyens sont
considérés comme bons s’ils servent l’objectif. Ce qui peut paraître comme un
parjure ou une duperie pour un individu appartenant à la société bourgeoise du
XIXe siècle ne l’est pas pour le Roi souverain » (p. 44).

C’est un ordre de et pour les sous…verains !
Rompez !

Pour s’enrichir, les mécanismes des
pouvoirs royaux fonctionnent…royalement, même avec quelques contre-pouvoirs
limités et quelqu’autonomies locales (p. 137).

Ça balance bien entre les serres de
Laeken et l’espace forestier de la cuvette du fleuve Congo bien que p. 226,
l’auteur avance que Léopold II serait :

« tributaire de
l’administration ».

Tributaire : « dépendant
de, être tributaire de l’étranger en matière d’énergie » (Le Petit Larousse, 2004, p. 1077) !

Léopold II…Tributaire ?

S’il l’est, c’est bien de l’énergie
des Congolais, mais pas de l’administration ! Et comment ! Voir les
travaux forcés.

 

Passons à « les Campagnes
anti-congolaises » (p. 177 et suivantes).

Ces campagnes ne sont pas
anti-congolaises, mais uniquement anti-régime léopoldien au Congo :
récolte du caoutchouc, villages brûlés, terreur, travail forcé, répression, etc.,
ces campagnes ne sont donc pas anti-congolaises, au contraire !

 

Quant à la question de la
dépopulation (p. 205) « Il existe cependant bel et bien un déclin
démographique dans lequel la terreur et la violence jouent un rôle primordial à
côté d’autres facteurs comme la dénatalité vénérienne » (p. 217). Estimation de
la dépopulation : un tiers de cette population soit…des millions de
Congolais et Congolaises (voir dans la bibliographie ci-jointe, le numéro 5).

 Relevons dans ce texte les expressions
« Bel et bien » et « jouent », déplacées, non ?

« A la croisée des chemins, le
Congo léopoldien est à cet égard un enfant de la Belle Epoque » (p. 227) avec
évidemment beaucoup d’égards bien sûr pour les Congolais et les Congolaises
comme on a pu le lire dans certains chapitres du livre.

Quant à « Enfant de la Belle
Epoque », d’abord la Belle Epoque pour qui SVP ? Ensuite, le Congo
est un enfant adultérin du Capital – mot absent du livre – et enfant du
colonialisme, orphelin de la démocratie et qui va grandir sous le joug du sabre
et du goupillon… Belle Epoque, n’est-elle pas ?

A sa majorité, débarrassé de ses faux
pères et mères en 1960, il s’installera dans une… BelgA…fric qui ne sera pas
belle mais à fric comme à sa
naissance !

« Traversée par deux lames de
fond » (Idem).

Non, une seule.

« Pris au piège » Non !
La traversée (!) Anvers-Matadi n’avait qu’un seul but : s’enrichir !
(voir plus haut). Tous les moyens sont bons !

« La situation n’est pas
provoquée par un esprit de lucre du souverain » (Idem) Esprit de
lucre chez Léopold II ?

Mais qu’allez-vous penser-là cher
ami ? Mais quelle pensée perverse vous traverse (!) l’esprit, mon bon
ami ?

Sachez que le souverain, lui, n’a pas
l’esprit de lucre, il faut laisser cela aux pauvres d’esprit ! Quand on a
affaire à un Géant Bâtisseur, c’est la pensée qui est d’or et l’esprit est tellement
riche que la richesse se met à son niveau automatiquement, oui oui !

Il faut y croire, mon bon ami, sinon
il n’y a plus de valeurs…souveraines ! Et avec des valeurs souveraines on
continue à lire « Tintin au Congo » comme lecture souveraine !

Enfin, pour le mot de la fin, voyons « TINTIN »
au dictionnaire.

« TINTIN : faire Tintin,
être privé de quelque chose », Le
Petit Larousse,
Ed. 2000, p. 1057.

Léopold II a donc bien montré
l’exemple, pour lui il n’y a pas eu d’occasion de… « faire Tintin »,
au contraire !

 

De lèse-majestueusement vôtre !

 

Daniel Olivier

eolivier14.7@gmail.com. 23,
rue du Centenaire. 6730 Ansart. Tél. 063.44.61.92

 

 

 

Après lecture de la bibliographie sélective (!) de l’auteur
(p. 239-240) voici une bibliographie…élective majeure !

1. Au
sujet des Lumières (p. 21) :

« Les misères des
Lumières », Louis Sala-Molins, Ed. Hémisphères, Sous la raison l’outrage.

2. « Les
carnets du Roi », P. Gerardy, Ed. Regain de lecture

3. « La
Mission civilisatrice au Congo », E. Pini-Pini, Ed. Africavenir

4. « Il
pleut des mains au Congo », M. Wiltz, Ed. Magellan

5. « La
Férocité Blanche – Génocides occultes », Rosa Amella Plumelle Uribe, Ed.
Albin Michel

6. « Léopold
II La Folie des Grandeurs », Lucas Catherine, Ed. Luc Pire

7. « Léopold
II La marque royale sur Bruxelles », T. Demey, Ed. Badeaux

8. « Le
Congo de Léopold II », M. Massoz, Auteur et éditeur

9. « Réplique
virulente de Léopold II entre Génie et
Gène »
, D. Olivier, Ed. Les ça
me dit de l’Histoire

 

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