31.10.18 Le Congo dans l’abîme

Ann Garrison : Le 12 février 2018, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a rapporté qu’il y avait 4,49 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) en République démocratique du Congo et 630 500 réfugiés dans les pays voisins. La population déplacée a presque doublé au cours de la seule année précédente, principalement à la suite d’affrontements et d’attaques armées. Il semble que les conditions sur le terrain au Congo se détériorent de plus en plus.
Bénédicte Kumbi Ndjoko : Le Congo se trouve en effet dans une situation critique. Nous savons combien sa population a souffert depuis les génocides au Rwanda et tous les déplacements qu’ils ont provoqués, puis par les guerres que le Rwanda et l’Ouganda ont menées contre le Congo de 1996 à 1997, puis de 1998 à 2003, avec le soutien des États-Unis, du Royaume-Uni et de leurs alliés. Aujourd’hui, certains observateurs parlent du Congo comme d’un pays post-conflit mais en réalité il s’y perpétue toujours un conflit de faible intensité, de temps à autre, intermittent, chaud ou froid. Un conflit qui se prolonge ainsi peut devenir encore plus meurtrier qu’une guerre déclarée, comme ce fut le cas dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu qui bordent le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Plus d’un million des 4,49 millions de personnes déplacées se trouvent dans la province du Nord-Kivu.
Au cours des deux dernières années, la situation s’est également détériorée dans la région du Kasaï, où des personnes sont exterminées ou déplacées en Angola et dans d’autres provinces de la RDC. Les attaques contre les populations de l’ancienne province du Katanga, qui a été divisée en provinces du Tanganyika, du Haut-Lomami, de Lualaba et du Haut-Katanga en 2015, ont également augmenté. Le Congo et son peuple ne sont pas au bord du gouffre, ils y sont tombés depuis longtemps.
AG : Il est difficile de s’exprimer sur tant de souffrance. Qu’est-ce que vous aimeriez le plus en dire ici ?
BKN : La souffrance doit inspirer la compassion, mais la compassion doit inspirer la réflexion. La personne qui regarde un être humain en souffrance peut-elle se demander si elle n’est pas impliquée d’une manière ou d’une autre dans la souffrance de l’individu qui se trouve devant elle ? Peut-elle saisir les causes des crimes perpétrés contre cet être humain et les implications politiques qui découlent de ces actes ? Si nous nous arrêtons à la souffrance du peuple congolais, nous ne pourrons pas nous attaquer à ses particularités et à ses causes. Ce ne sera pas différent des images déprimantes et fatalistes qui ont façonné l’image de l’Afrique dans l’esprit des gens. Nous devons examiner l’agression impérialiste des gouvernements occidentaux contre le Congo et l’Afrique dans son ensemble.
AG : Denis Mukwege, le gynécologue congolais connu comme « l’homme qui guérit les femmes » pour avoir soigné les victimes de viols brutaux dans l’est du Congo, a finalement remporté le prix Nobel de la paix cette année. Cela vous donne-t-il de l’espoir ?
BKN : J’ai eu l’occasion de rencontrer le Dr Mukwege en personne. J’ai vu cet homme avec des femmes du monde entier qui avaient toutes été violées pendant les conflits. Elles venaient du Congo, du Rwanda, du Soudan, de Syrie et d’Irak. Je pouvais voir comment cet homme parlait à ces femmes, l’intérêt qu’il avait pour elles et sa façon de leur dire que leur parole comptait. Il a toute mon admiration.
Cela dit, il me semble qu’il y a aussi quelque chose de cynique à lui remettre le prix Nobel de la paix. C’est une réalité organisée et mise en scène qui oblitère l’agression impérialiste au Congo et encourage un consensus mondial pour arrêter les viols mais continuer la guerre. Cela aide le public du prix Nobel de la paix occidental à se sentir bien dans sa peau et éprouver de la compassion à l’égard des victimes de la sauvagerie africaine. Nadia Murad, la survivante irakienne d’un viol qui a partagé le Prix de la paix de cette année avec le Dr Mukwege, est venue renforcer cette conviction. Elle a déclaré qu’elle continuerait à défendre les droits des victimes de viol et de torture et des minorités persécutées, comme la minorité kurde Yazidi à laquelle elle appartient.
« Le prix Nobel de la paix encourage un consensus mondial pour arrêter les viols mais continuer la guerre. »
Le discours profondément politique imposé par le Comité Nobel vise à renforcer, et non à perturber, l’ordre dominant. Cela fait partie de la volonté occidentale d’écrire l’histoire officielle, où l’important est de construire un discours sur la femme, sur les brutalités qu’elle a à subir. C’est un discours entièrement accepté dans les sociétés occidentales à cause des luttes féministes. Dans ce discours, le Dr Mukwege est l’homme entre deux mondes, un homme noir qu’on destine à devenir blanc. Il est comme l’homme blanc qui sait défendre les droits des femmes contre la barbarie des hommes non civilisés – les Noirs dans ce cas – qui sont essentiellement définis par leur sauvagerie.
AG : Le viol d’hommes est aussi une arme de guerre au Congo et ailleurs. Il est rarement rapporté, bien qu’il ait fait l’objet d’une certaine attention dans le comité Nobel qui met l’accent sur le viol dans les conflits. Un rapport de l’« Economist » du 11 octobre qui dit qu’il est difficile d’estimer sa fréquence parce que tant d’hommes craignent de le rapporter parce qu’ils sont si humiliés et peuvent craindre d’être accusés du crime d’homosexualité. Le Refugee Law Project de l’Ouganda [un projet de sensibilisation communautaire au sein de l’école de droit de Makerere à Kampala, NdT] l’a expliqué en profondeur dans son film Gender Against Men [Le genre contre les hommes, NdT], que je recommande à quiconque lit ceci. Le viol d’hommes et de femmes comme arme de destruction de la communauté montre plus clairement qu’il y a un génocide en cours contre le peuple congolais, pas seulement un « féminicide ». Pourriez-vous nous dire en quoi l’accent particulier mis sur la violence faite aux femmes cache cela ?
BKN : J’ai toujours été troublée par le discours de Margaret Wallström, l’ancienne Envoyée spéciale des Nations unies pour la violence contre les femmes et les enfants dans les conflits. En 2010, après un séjour au Congo, elle a affirmé que ce pays était la capitale mondiale du viol et a exhorté le Conseil de sécurité à agir pour y mettre fin. Cette déclaration associait le crime de viol à une nation spécifique, le Congo, et à tous les hommes qui s’y trouvaient. Le mot “capitale” désigne généralement le lieu le plus central, le cerveau et le cœur d’une nation, porteur des valeurs culturelles. L’une des valeurs culturelles du Congo serait donc le viol ?
Cette perception d’une société congolaise pathologique remplie de violeurs masculins est également partagée par de nombreuses femmes occidentales qui militent pour les femmes congolaises, comme Eve Ensler. Elles vont même jusqu’à qualifier ce qui se passe au Congo de féminicide, de guerre contre les femmes. Ceci dépeint l’homme congolais comme un violeur atavique.
L’accent extrême mis sur le corps des femmes congolaises n’est pas destiné à les défendre, mais s’inscrit dans un discours plus large sur la sauvagerie des hommes congolais et des populations masculines africaines noires en général. Le Congo est la capitale mondiale du viol. Le Congo est la capitale d’une nation sauvage au cœur de l’Afrique noire où des hommes congolais violent des femmes pour les détruire. Qui pourrait regretter de voir une société aussi déviante disparaître de la surface de la terre ?
L’envoyée de l’ONU Margaret Wallström n’a pas condamné l’intervention de l’Occident ni n’a pas appelé à la fin de la guerre impérialiste menée contre le Congo et l’Afrique en général. Elle n’a rien dit au sujet des puissances impériales qui ont commandité les crimes de guerre, y compris les viols, contre le peuple congolais. Elle n’a pas demandé au Conseil de sécurité de constituer un tribunal chargé de poursuivre les crimes qui ont été mis en évidence dans le rapport 2010 de l’ONU sur la cartographie des violations des droits de l’homme en République démocratique du Congo entre 1993-2003, qui a révélé de manière très significative les crimes du Rwanda, allié de longue date des États-Unis. Au lieu de cela, elle a qualifié le Congo de capitale mondiale du viol et a appelé le Conseil de sécurité à intervenir contre les hommes congolais sauvages.
AG : Certaines personnes ont proposé que le Dr Mukwege, l’autorité morale la plus internationalement reconnue au Congo, y dirige un gouvernement de transition. Il s’agit notamment de nos amis communs Patrick Mbeko et Jean-Claude Maswana, tous deux des universitaires et militants congolais très respectés. Que pensez-vous de cette idée, et comment imaginez-vous le “gouvernement de transition” au Congo ?
BKN : Le fait est que je me demande souvent ce que les gens veulent dire lorsqu’ils disent vouloir un gouvernement de transition. Je suis sûre que nos amis Patrick Mbeko et Jean-Claude Maswana ont des idées très précises sur ce que cela signifie, mais quand je lis beaucoup d’autres Congolais sur la « transition », il me semble que c’est une sorte de sac magique qui nous aiderait à nous débarrasser du président Joseph Kabila, de ses troupes et des occupants rwandais. Ils n’abordent en aucune façon, par exemple, le problème du néocolonialisme ou le cas de la soi-disant opposition congolaise. Ces représentants sont, à mon avis, des personnes qui doivent être éloignées de la sphère politique au Congo. Ils ont participé de manière flagrante au maintien du règne tyrannique de Kabila, même lorsque la soi-disant constitution ne lui permettait plus de rester au pouvoir. De plus, ils n’ont jamais eu le courage d’expliquer à la population le rôle joué par le Rwanda et l’Ouganda dans la tragédie du Congo. Allons-nous les inclure dans ce gouvernement de transition ? La transition ainsi présentée ne me plaît pas, même si elle est dirigée par le Dr Mukwege.
« Seule une rupture profonde et radicale nous donnerait la possibilité de reconstruire l’État congolais. »
Je souscris plutôt à la pensée d’un autre de mes amis, le Père Jean-Pierre Mbelu. Pour lui, on ne peut pas parler de gouvernement de transition au Congo, car cela suppose qu’il y ait eu une forme de démocratie qui doit être restaurée après une période de crise. Le problème du Congo, cependant, ne peut se résumer à une crise politique. L’appel aux transitions a été la solution que la communauté internationale a voulu systématiser dans plusieurs pays africains, dont le Congo, mais ses résultats laissent beaucoup à désirer. La transition après Kabila accorde, à mon avis, trop d’importance à Kabila. Cet appel n’insiste pas assez pour révéler qui a créé Kabila et ne nous informe pas sur le type de gouvernement et de société que nous voulons construire après Kabila.
AG : Les libéraux démocrates et même les gauchistes aux États-Unis sont maintenant tellement horrifiés par Donald Trump que notre politique a été largement réduite à une politique pro et anti-Trump. Vous avez le même problème avec Kabila au Congo, n’est-ce pas ?
BKN : Oui, et c’est une position éminemment dangereuse parce que cela signifie en fait que nous n’avons pas le choix. Il s’agit d’un dilemme qui ne permet aucune évasion ou possibilité d’imaginer d’autres systèmes que ceux qui existent. Dans ce cas-ci, nous sommes au milieu d’une illusion démocratique. La démocratie selon ce sens est le droit d’être pour ou contre. C’est le droit de choisir entre deux faces d’une même pièce alors que l’idéologie qui la crée reste inchangée. Il s’agit du problème fondamental posé par le capitalisme. C’est en effet un système qui organise un non-choix, qui crée l’illusion du choix au profit des oligarchies qui nous gouvernent. La tragédie des pays comme le nôtre, c’est qu’ils courent après ce qu’ils croient être la démocratie, un système binaire où la seule possibilité est d’être pro- ou anti-X. C’est d’autant plus triste que nous avons oublié que ce système binaire n’a jamais existé sur le continent africain avant la colonisation, mais des formes de démocratie réelle ont existé, surtout dans le royaume du Kongo.
AG : Kabila devrait partir, comme Trump, mais quelles autres formes d’organisation sont nécessaires pour soulager les souffrances et mettre les Congolais sur la voie de la revendication de l’énorme richesse et du potentiel de leur pays ?
BKN : Si nous pensons au changement, nous devons comprendre que nous vivons tous dans le contexte du capitalisme mondialisé. Il faut aussi comprendre que le capitalisme apparaît sous des formes différentes selon l’espace qu’il cible. Au Congo, il crée un chaos permanent afin de maintenir les gens dans ce chaos, sans limites à la violence car l’État n’existe que comme le simulacre le plus minimal des institutions occidentales. Telles sont les conditions préalables au pillage du pays, à l’épuisement de ses minerais et autres ressources naturelles, dont certaines ont été déclarées stratégiques pour la sécurité américaine. Non seulement il tue et déplace les Congolais mais il démantèle aussi leurs communautés et les désoriente tellement qu’elles sont incapables de comprendre le monde capitaliste mondial et le rôle auquel le Congo est relégué en son sein. Cela élimine presque totalement leur capacité à se défendre. Il faut comprendre et élargir la compréhension de ce phénomène pour riposter efficacement et provoquer le changement.
L’individu seul, même s’il comprend ce qui est en jeu, ne peut rien changer mais le Congo est obsédé encore et encore par l’idée que seul un individu peut changer le cours des événements, alors les gens attendent cet individu en particulier. Il n’est donc pas surprenant de voir l’attention extrême accordée à la question de l’identité du prochain président. Cette orientation est fondamentalement désorientante. C’est un élément clé de la collaboration entre la bourgeoisie comprador [Selon la théorie marxiste de l’impérialisme, il y a deux types de bourgeoisie : la bourgeoisie nationale – indépendante, avec des intérêts et une culture propres et dont l’existence est liée à un État-nation – et la bourgeoisie « comprador » – inféodée au capital étranger, souvent comme simple intermédiaire vers un territoire donné, tirant sa position dominante du commerce avec l’étranger, NdT] et les impérialistes, qui résume l’histoire politique du Congo depuis son indépendance.
« La souveraineté politique ne peut être reconquise qu’au niveau d’une communauté démocratique où des politiques favorables aux pauvres et fondées sur les droits peuvent être élaborées et, finalement, façonner l’avenir du Congo. »
Nous devons donc inverser les choses de manière à répartir le pouvoir de la base vers le sommet. Il est donc important non pas pour l’individu mais pour les communautés d’acquérir un certain niveau de contrôle sur les différents aspects de leur vie quotidienne. Cela signifie que nous avons besoin d’organisations de base solides qui seront en mesure de produire de l’énergie et d’entreprendre des actions collectives pour contester l’ordre existant. Un tel engagement exige que les Congolais comprennent que le pouvoir tel qu’il existe est une construction sociale mise en place par les colonisateurs il y a 500 ans. La souveraineté politique ne peut être reconquise qu’au niveau d’une communauté démocratique où des politiques favorables aux pauvres et fondées sur les droits peuvent être élaborées et façonner l’avenir du Congo. Et encore une fois, le Congo a connu par le passé ces formes d’organisations communautaires donc elles doivent être récupérées et adaptées pour vaincre les réalités du néolibéralisme tel qu’il se distingue du colonialisme formel et du néocolonialisme.
Il faudra aussi organiser des forces d’autodéfense parce qu’il ne faut pas se leurrer. Ceux qui nous exploitent ont des armes, et ils ne sont pas prêts à lâcher le Congo. Ce doit être une guerre de libération.
AG : Enfin, pourriez-vous nous faire part des derniers développements de l’occupation du Congo par le Rwanda ? Les prisonniers politiques rwandais Victoire Ingabire et Kizito Mihigo ont été libérés au début du mois. Puis, la semaine dernière, la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo l’a emporté après sa candidature à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie. Toujours la semaine dernière, un procureur français a demandé à un juge français d’abandonner les poursuites engagées contre des officiers de l’Armée patriotique rwandaise pour l’assassinat du président rwandais Juvenal Habyarimana et du président burundais Cyprien Ntaryamira en 1994.
BKN : Ces deux dernières années, Kabila, proconsul de Kigali au Congo, a œuvré au renforcement de l’occupation rwandaise du pays en nommant des officiers supérieurs tutsis dans l’armée nationale et en nommant des hommes comme Azarias Ruberwa à la tête du ministère de la Décentralisation, que les Congolais appellent le ministère pour la balkanisation. Cela montre que le président rwandais Paul Kagame et ceux qui l’entourent n’ont pas l’intention de se retirer du Congo, un pays dont la richesse leur permet de construire de grands et somptueux bâtiments dans la capitale du Rwanda, puis de montrer ceux-ci comme preuve de la croissance économique du Rwanda, même si la plupart des Rwandais sont encore très pauvres et que le pays dépend toujours de l’aide extérieure pour 40% de son budget annuel.
Le vernis rutilant du Rwanda et la fable répandue sur la croissance économique rwandaise donnent également à Kagame une crédibilité auprès des Africains, et c’est pourquoi la nomination de Mushikiwabo a été assez bien reçue en Afrique. La plupart des Africains sont, comme le reste du monde, mal informés des réalités rwandaises. Ils ont interprété la nomination de Mushikiwabo comme la victoire d’un leader africain contre l’Europe, la France en particulier. Ils oublient que la France joue le premier rôle dans la Francophonie et la France a choisi Mushikiwabo. [Voir The ugly facts about the Francophonie]. Quand la France dit qu’elle veut qu’une personne en particulier dirige l’organisation, elle obtient le plus souvent ce qu’elle veut.
« Le président rwandais Paul Kagame et ceux qui l’entourent n’ont pas l’intention de se retirer du Congo. »
Avoir Mushikiwabo comme président est un moyen pour la France de regagner l’influence en Afrique centrale qu’elle a perdue face aux États-Unis après l’arrivée de Bill Clinton à la Maison-Blanche. Dans ce marché franco-rwandais – parce que c’est ce qu’il est – Kagame a dû exiger que l’enquête française de longue date sur son attaque contre l’avion du président rwandais Juvenal Habyarimana soit définitivement fermée parce que c’était une réfutation grave du panégyrique selon lequel il est le sauveur du Rwanda. Certains appellent cela une victoire pour la diplomatie rwandaise, mais c’est plus comme un petit tueur à gages au milieu d’une mafia internationale utilisant le chantage pour atteindre ses fins. Du côté français, elle les aide à rétablir l’accès de la France à l’immense richesse du sous-sol congolais.
Il est également important que la France ne semble pas être associée à un régime brutal qui emprisonne les opposantes. Kagame a donc été contraint de libérer les prisonnières politiques Victoire Ingabire Umuhoza et Diane Rwigara pour polir son image. Dans un pays qui se vante d’avoir travaillé si dur pour la promotion de la femme, ces prisonnières politiques de haut niveau, qui ont toutes deux tenté de défier Kagame pour la présidence, ont énormément taché son image. Mais la bonne nouvelle est que ces deux femmes ont refusé de garder le silence sur ce qui se passait au Rwanda après leur libération. Elles annoncent un avenir beaucoup plus difficile pour Kagame et le système mortifère qu’il a mis en place. C’est donc une grande joie de voir ces femmes à nouveau libres et plus déterminées que jamais. Elles sont parmi les leaders et les organisateurs que cette région qui souffre depuis longtemps a espéré.
Propos recueillis par Ann Garrison, journaliste indépendante basée dans la région de la baie de San Francisco qui, en 2014, a reçu le prix Victoire Ingabire Umuhoza pour ses reportages sur les conflits dans la région africaine des Grands Lacs.  ann@anngarrison.com.

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