14 09 19/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

Sommaire

La presse en ligne consultée, au matin de ce samedi 14 septembre 2019, à Kinshasa, rend compte du premier conseil des ministres de l’ère Tshisekedi, qui est le sujet vedette du jour, du drame du rail dans le Tanganyika, de celui de deux Congolais morts dans les violences xénophobes en Afrique du Sud, de Joseph Kabila à Harare et duretour d’Ida Sawyer.

Conseil des Ministres

Actualité.cd ouvre le bal avec le 1er conseil des ministres président par Félix Tshisekedi et titre : « Tshisekedi au conseil des ministres :  » Le peuple ne nous pardonnera pas si nous n’arrivons pas à améliorer ses conditions de vie » ».

Le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi a présidé, ce vendredi 13 septembre, à la Cité de l’Union Africaine, le tout premier conseil des ministres depuis l’investiture du Gouvernement Sylvestre Ilunga, peut-on lire. Actualité.cd rapporte aussi les propos tenus par le président de la République devant les ministres. « Cette nomination doit être considérée comme une responsabilité et une charge que vous devez assumer vis-à-vis du peuple congolais. Le peuple congolais attend de vous le changement, l’amélioration de ses conditions de vie et ne nous pardonnera pas si nous n’arrivons pas à atteindre cet objectif », a dit Félix Tshisekedi.

CasInfo.ca de son côté, revient également sur le conseil des ministres et écrit : « Devant le gouvernement Ilunkamba : Tshisekedi annonce le début d’une « nouvelle ère de travail » ». Rappelant les propos du chef de l’Etat aux ministres, ce média note aussi un aspect. Celui de l’annonce du début d’une nouvelle ère. «Aujourd’hui, j’annonce une ère nouvelle, une ère où tous les membres du Gouvernement doivent se mettre au travail dans un élan de cohésion et de solidarité, en toute responsabilité et dans le strict respect des règles d’éthique et de déontologie », relaye CasInfo.ca

Le Bulletin de l’ACP voit, dans ce tout premier conseil des ministres, un président qui « donne sa vision et ses orientations aux membres du gouvernement. » Recueillant les avis des ministres au sortir de la réunion, l’ACP écrit : « Selon Steve Mbikayi, ministre en charge des questions humanitaires, les orientations du Chef de l’État cadrent bien avec ses nouvelles fonctions. Car, dit-il, le Chef de l’État a toujours dit « le peuple d’abord » ».

Agnès Kayembe, pour Zoom Eco, a vu « Deux enjeux au cœur de la première réunion du Conseil des ministres

« Le chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi préside, ce vendredi 13 septembre 2019, la toute première réunion du Conseil des ministres du Gouvernement de coalition FCC – CACH. Cette rencontre qui se tient à la cité de l’Union africaine a deux enjeux : la prise de contact et l’examen des dossiers urgents du Gouvernement.

Primo. Il s’agit d’une première rencontre formelle entre le président de la République et les membres du Gouvernement Ilunkamba depuis leur investiture le 6 septembre dernier devant l’Assemblée nationale.

A cette occasion, Félix Tshisekedi ne manquera pas de rappeler aux ministres non seulement sa vision pour le changement du Congo mais aussi la ligne de conduite à suivre dans l’accomplissement de leurs missions respectives. Déjà qu’ils doivent adhérer au Code de bonne conduite de l’Agent public et signer le contrat de performance.

« Le premier signe visible du changement sera celui de votre comportement, de votre compétence dans la gestion de la mission qui vous est confiée par le peuple congolais. Nous sommes au service exclusif du peuple congolais. Sachons désormais travailler pour l’intérêt de notre pays », avait – il rappelé récemment dans un message vidéo adressé à la Nation.

Secundo. Des dossiers prioritaires et urgents ne manqueront pas d’être évoqués. C’est le cas d’anticiper sur l’opportunité du collectif budgétaire de l’exercice 2019 et de l’élaboration du projet du Budget 2020. Ce dossier s’avère urgent tant que la session budgétaire s’ouvre à l’Assemblée nationale dès ce lundi 16 septembre 2019.

D’après le cadre le cadre budgétaire à moyen terme 2020-2022, discuté lors du séminaire d’orientation budgétaire 2020, les prévisions de l’année prochaine se chiffrent à 9 milliards de dollars américains. Par rapport au budget 2019 qui a été arrêté à environ 5,9 milliards USD, le budget 2020 pourrait connaître un accroissement de 52,6%.

Le conseil des ministres pourrait également se prononcer formellement sur les drames survenus dans le Tanganyika et Sud Kivu afin de voler au secours victimes. La lutte contre Ebola, la prise en main du programme d’urgence des 100 jours du chef de l’Etat par le Gouvernement, la sécurité sur le territoire national, … pourraient être discutées.

A tout prendre, le compte –rendu de cette réunion qui sera fait par le porte-parole du Gouvernement, Jolino Makelele, apportera plus de détails quant à ce ».

Radio Okapi cite les mots de «Félix Tshisekedi aux ministres : « Il n’y a pas des privilégiés dans le gouvernement »

« Le président congolais Félix Tshisekedi a présidé son tout premier conseil des ministres ce vendredi. Un peu plus d’une semaine après l’investiture, la plupart des 67 membres de ce gouvernement de coalition étaient là avec en tête le Premier ministre. Quelques dossiers dont l’exécution du programme présidentiel des 100 jours ont été également présentés.

Le président Félix-Antoine Tshisekedi a tenu à annoncer « une ère nouvelle », avec un seul mot d’ordre à toute l’équipe : ce premier gouvernement « doit être celui qui marquera la rupture avec tout ce qui était négatif dans le passé ». Il a fait cette recommandation ce vendredi 13 septembre lors de son premier conseil des ministres tenu à la Cité de l’Union africaine à Kinshasa.

Le chef de l’Etat a assuré aux ministres du gouvernement Ilunga Ilunkamba qu’il n’y aura pas des privilégiés au sein de l’exécutif, avant de les appeler à l’unité. « Pas de CACH, pas de FCC, tous, nous sommes appelés à travailler pour l’intérêt du peuple congolais », a déclaré le président qui a incité la soixantaine des ministres présents à la « cohésion et la solidarité » entre anciens opposants et membres du régime de son prédécesseur Joseph Kabila.

« Il nous a parlé de sa vision en mettant l’homme au centre de toutes les actions des ministères. Nous sommes des membres du gouvernement. Nous appartenons à une équipe. Le Président nous a appelés à la communion. Il n’y a pas de FCC dans ce gouvernement, il n’y a pas de CACH. Tout le monde est membre du gouvernement. Il nous a appelé à l’unité. Et il nous a dit qu’il nous aime tous. Il n’y a pas des privilégiés dans le gouvernement », a rapporté Claude Nyamugabo, ministre de l’Environnement et développement durable à la presse.

Selon lui, le Président Tshisekedi leur a demandé de changer les choses et de mettre l’homme au centre de leurs actions.

« Il nous a assuré de son soutien parce que, selon lui, il faut que les choses changent. Là, où ça n’a pas marché, nous avons pour mission de faire marcher les choses. Là où cela a marché, nous allons perpétuer cette manière de faire. Le mot d’ordre c’est de changer ce qui a été mal fait. Et nous sommes conscients qu’il faut que ça change. Le président n’a pas dressé une liste. Nous savons ce qui a marché et ce qui n’a pas marché », a ajouté le ministre Nyamugabo.

Sur ses engagements électoraux, le président a décliné les actions déjà entreprises depuis son accession au pouvoir et insisté sur la mise en œuvre de son programme des 100 jours. Il a instruit les ministres compétents à « débloquer les fonds restants » pour la finalisation des travaux.

Même consigne pour la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement de base. Mais alors que la fin du mois approche, aucune annonce n’a été faite sur la hauteur de l’enveloppe qui doit compenser la part assumée jusqu’ici par les parents dans son financement, à savoir plus de 75% ».

Déraillement de train dans le Tanganyika

Ouragan FM nous dit que « Denise Nyakeru déplore des décès évitables ».

« Denise Nyakeru Tshisekedi, la première dame de la République Démocratique du Congo a déploré vendredi 13 septembre la perte des vies humaines survenue à Nyunzu, dans la province du Tanganyika suite au déraillement d’un train, qu’elle a estimé évitable.

 » Je présente toutes mes condoléances aux familles éplorées suite à un déraillement d’un train à Nyunzu, au Tanganyika. Une vie perdue pour des causes évitables, est une perte de trop. Puisse Dieu seul vous consoler », a indiqué tristement l’épouse du chef de l’État.

Précisons qu’en disant que les causes de ces décès étaient évitables, Denise Nyakeru Tshisekedi faisait peut-être allusion aux clandestins qui embarquent dans les trains marchandises mais aussi l’état de détérioration de la voie ferrée, ayant déjà entraîné plusieurs accidents fatals.

La vétuste des infrastructures mise en cause

Ayant requis l’anonymat, certains cadres de la Société Nationale de Chemin de fer du Congo (SNCC) joints par Ouragan FM, ont évoqué la vétusté du rail, le manque d’entretien, l’abandon des cantonniers par l’État congolais depuis plusieurs années, ainsi que le déficit du recyclage des conducteurs parmi les causes de ces accidents récurrents.

Intervenant jeudi 12 septembre dernier au sujet de ce déraillement, Moïse Katumbi, président d’Ensemble a abondé dans le même sens fustigeant le manque de réhabilitation du chemin de fer pour cause de négligence de l’ancien régime. « La réhabilitation du chemin de fer, longtemps négligée par l’ancien régime, est une priorité pour épargner les vies et souffrances de nos compatriotes ! », avait-t-il souligné.

D’après Zoé Kabila, Gouverneur de la province de Tanganyika, le bilan provisoire de cet accident est de 10 morts, 30 blessés et trois wagons couchés. Il contredit Steve Mbikayi qui a parlé matinalement de 50 morts.

Le bilan pourrait s’alourdir d’autant plus que d’autres victimes seraient coincées dans les décombres ».

Droits humains

Afriwave annonce « Ida Sawyer de retour à Kinshasa »

« La chercheuse senior pour l’Afrique francophone de l’organisation Human Rights Watch (HRW) affectée à Kinshasa depuis huit ans, l’américaine Ida Sawyer est de retour au Congo. C’est via son compte Twitter officiel qu’elle l’annonce après sa rencontre d’hier soir avec le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi.

Elle s’est dite « encouragée » par l’engagement du chef de l’Etat à faire des changements réels, notamment sur « les progrès réalisés et le travail à faire pour améliorer le respect des droits humains et la lutte contre l’impunité » dans le pays.

Après le chef de l’Etat, elle a rencontré pour d’autres échanges fructueux avec les vice-premiers ministre en charge de la Justice, de l’Intérieur ainsi que les ministres des Droits Humains et de la Défense nationale. Tous ces interlocuteurs du gouvernement l’ont assuré de « leur engagement à œuvrer pour l’amélioration du respect des droits humains ».

En conflit ouvert avec le régime Kabila en fin de mandat, Ida Sawyer avait été obligée de quitter le pays le 09 août 2016 en raison du non renouvellement de son visa dans le pays. Celui lui accordé en mai 2016 et qui courait jusqu’en 2019 ayant été annulé en juillet 2016 par les autorités congolaise sans aucune autre explication alors qu’elle rentrait à Kinshasa par l’aéroport international de la N’Djili, à l’issue d’un voyage à l’étranger.

Il s’en était ainsi suivi une saga jusqu’à son expulsion manu militari à la frontière de l’Est vers le Rwanda alors qu’elle venait d’entrer dans le pays par ce passage. Le désamour entre l’ONG HRW et la RDC trouve ses origines dans la dénonciation des multiples actes en violation des Droits humains dans le chef du pouvoir congolais incarné par Joseph Kabila.

En témoin presque gênant et au travers de plusieurs enquêtes, Ida Sawyer avait à l’époque notamment dénoncé les exécutions extrajudiciaires, la détention des activistes de plusieurs mouvements des jeunes dont Filimbi sans oublier les témoignages sur des corps emportés par des éléments de la Garde Républicaine lors des manifestations de janvier 2015.

Dans l’affaire dite des fosses communes de Maluku, elle avait révélé par exemple le décès suspect de l’infirmier Claude Kakese, responsable de la morgue de la Clinique Ngaliema pour lequel aucune enquête n’avait jamais été diligentée par les autorités congolaises.

Exilée involontaire à Bruxelles, elle avait continué à suivre la situation en RDC jusqu’à sa rencontre avec le nouveau président de la République qui présage peut-être son retour dans le pays ».

Divers

7/7.cd évoque l’arrivée de Joseph Kabila au Zimbabwe et titre : « RDC-Zimbabwe : Joseph Kabila est arrivé à Harare pour participer aux obsèques de Mugabe ».

L’ancien président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila est arrivé ce samedi 14 septembre 2019 à Harare, capitale du Zimbabwe, écrit ce média. Sur place, poursuit-il, l’autorité morale du Front Commun pour le Congo, « FCC », va prendre part aux obsèques de l’ancien président Zimbabwéen Robert Mugabe.

Et le même média, sur un tout autre sujet, évoque deux morts dans les violences xénophobes en Afrique du sud et titre : « Xénophobie en Afrique du Sud : l’ambassade de la RDC à Pretoria annonce la mort de 2 congolais et présente ses condoléances ».

Les actes de xénophobie perpétrés en Afrique du sud contre les étrangers ne laissent pas indifférents les ressortissants congolais vivant dans le pays de Mandela, commente 7SUR7.CD. « Dans un communiqué daté du 11 septembre dernier (…) l’ambassade de la République démocratique du Congo à Pretoria a annoncé la mort de deux congolais lors ces attaques violentes. Les ressortissants congolais tués en Afrique du Sud sont notamment, Mulenda Bienvenue et Sisa Edo. », peut-on lire dans ce média en ligne.

Presse et documents étrangers

« L’affaire des 15 millions » qui embarrasse le pouvoir

Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 08 Sep 2019

La possible disparition de 15 millions de dollars des caisses de l’État provoque le trouble à Kinshasa, alors que le directeur de cabinet de la présidence nie tout détournement. Un épisode qui illustre la cohabitation toxique qui règne au sein de la coalition au pouvoir.

Depuis plusieurs semaines, les soupçons de détournement de 15 millions de dollars des caisses de l’Etat empoisonnent le climat politique congolais. Il faut dire que le sujet est d’autant plus sensible que le nouveau président Félix Tshisekedi a fait de la lutte contre la corruption son principal marqueur politique. L’affaire porte sur une somme de 100 millions de dollars versée par l’Etat aux entreprises pétrolières « pour compenser leur manque à gagner ». Sur ces 100 millions, 15% de « décote » devaient revenir au Trésor public congolais. Mais le 17 juillet dernier, un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) se penche sur la transaction et affirme que l’Etat n’a jamais vu la couleur des 15 millions de dollars, qui ont été versés sur un autre compte bancaire, contrevenant ainsi « aux dispositions légales et règlementaires régissant les finances publiques », affirme l’IGF.

Kamerhe s’en mêle

Suite à ce rapport, qui fuite sur les réseaux sociaux, comme l’essentiel des documents officiels depuis l’élection controversée de Félix Tshisekedi, les regards se tournent inévitablement sur l’omniprésent directeur de cabinet de la présidence, Vital Kamerhe. Car le 24 août, le très puissant directeur de cabinet, demande par une lettre, qui se retrouve aussi sur les réseaux sociaux (décidément !), l’arrêt de l’enquête menée par l’Inspection générale des finances sur la gestion de l’État depuis l’investiture de Félix Tshisekedi. Deux inspecteurs de l’IGF sont également auditionnés par le bureau du conseiller spécial en matière de sécurité de la présidence, François Beya. Visiblement, le contrôle de l’Inspection générale des finances dérange au plus niveau.

« Où sont passés les 15 millions ? « 

Depuis le début de l’affaire, Vital Kamerhe, comme la présidence sont restés silencieux, alimentant la machine à rumeurs qui ne manque pas de s’emballer, notamment sur les réseaux sociaux, où tout le monde se demande « où sont passés les 15 millions ? » Il faudra attendre ce dimanche pour que le directeur de cabinet de la présidence décide de briser le silence et de se confier à Jeune Afrique. Pour Vital Kamerhe, l’affaire est simple : « il n’y a pas eu détournement (…), cet argent n’a pas disparu et le ministre de l’économie qui a autorité sur le comité de suivi des prix pétrolier pourra vous l’expliquer ». Le hic, c’est que le ministre des finances, tout juste nommé, n’a toujours rien dit et que Vital Kamerhe ne sait donc visiblement pas où se trouve cet argent. Seul aveu gênant du directeur de cabinet : il a bien demandé la suspension de l’audit et écrit en ce sens au ministère des finances, ce qui prouve que le courrier qui a fuité sur internet n’était pas un faux. Un aveu qui met en doute la sérénité de la présidence dans cette affaire.

7 mois sans gouvernement

Comment en est-on arrivé-là ? « L’affaire des 15 millions » résume à elle seule les 8 premiers mois de mandat de la présidence Tshisekedi, dont 7 passés sans gouvernement. Pendant ce long temps de tractations à l’infini pour tenter de composer une liste gouvernementale qui convienne à la fois à l’UDPS, à l’UNC et aux dizaines de partis composant le FCC, la présidence a dû enclencher dans la précipitation ses premières mesures d’urgence, sans passer directement par les ministères concernés. Des décisions et des décaissements d’argent ont été prises de manière peu orthodoxes, bousculant les administrations. C’est en tout cas le message que souhaite faire passer la présidence. Mais pour croire cette petite musique que tente de faire passer la présidence, il faudrait mener une enquête sérieuse et indépendante pour faire la lumière sur les 15 millions. Pour cela, pourquoi ne pas avoir laisser travailler l’IGF, visiblement capable de tracer la somme, qui aurait ensuite été retirée en plusieurs fois par des cadres du ministère de l’économie ?

Une cohabitation toxique

Mais ce que démontre surtout « l’affaire des 15 millions », c’est la lutte de pouvoir qui est en train de se jouer au sein de la nouvelle majorité CACH/FCC. Depuis les élections de décembre 2018, on retrouve aux manettes de la République démocratique du Congo de farouches ennemis, condamnés à cohabiter, alors que tout les sépare. Après la victoire surprise de Tshisekedi, les relations se tendent notamment lors du partage du pouvoir entre les deux alliés de circonstance. Les cadres de l’UDPS souffrent mal de se voir cornaquer par le très puissant Vital Kamerhe à la présidence. Le patron de l’UNC fait tout, décide de tout et a désormais l’oreille de Félix Tshisekedi. A l’UDPS, beaucoup voudrait bien l’éloigner du président et gouverner sans partage. Vital Kamerhe est également en milieu hostile avec les cadres du FCC pro-Kabila. L’ancien président congolais n’a jamais pardonné à Kamerhe, son ancien bras droit, de l’avoir trahi en partant dans l’opposition. Entre l’UDPS et le FCC, Vital Kamerhe a désormais beaucoup d’ennemis dans son entourage, surtout lorsque l’on sait que le patron de l’UNC prépare déjà la présidentielle de 2023. Avec autant d’hostilités, pas étonnant que la moindre lettre ou ordre de mission du directeur de cabinet de Félix Tshisekedi se retrouve quelques heures après sur les réseaux sociaux.

Pas d’affaire ?

« L’affaire des 15 millions » montre également les limites de cette coalition/cohabitation, où chacun surveillent tout le monde pour tenter de le faire trébucher ou de lui mettre des bâtons dans les roues. La guerre ouverte entre UDPS, UNC, CACH et FCC pourrait s’avérer explosive. Ce que révèle enfin cette affaire, c’est l’extrême fragilité de l’alliance qui unie Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe. Le président ne peut laisser tomber son directeur de cabinet sans le payer très cher en terme d’image, mais aussi politiquement. La coalition CACH ne peut clairement pas se passer de l’UNC, au risque de déséquilibrer son fragile rapport de force avec le FCC de Joseph Kabila, toujours en embuscade. D’un autre côté, Félix Tshisekedi doit montrer l’exemple en matière d’éthique et de lutte contre la corruption s’il veut conserver une certaine crédibilité. Il faut donc que la lumière soit rapidement faite. Ce dimanche, le président Tshisekedi avait l’occasion de s’exprimer devant les Congolais à 20h sur les ondes de la télévision nationale. En guise d’explications, les téléspectateurs ont eu droit à un clip vidéo du président, vantant ses espoirs pour un avenir meilleur, avec musique et images au ralenti, comme si la campagne électorale n’était pas terminée depuis 8 mois… et surtout comme si il n’y avait d’ « affaire des 15 millions ».

Appel au calme envers les « combattants » de la diaspora lors de la viste du président Tshisekedi

Pie Tshibanda, psychologue, écrivain et conteur.- La Libre – le 11 septembre 2019

Entre Congolais du pays et ceux de la diaspora, les violons ne s’accordent pas toujours. Les premiers accusent les autres de ne jamais être là lorsqu’il faut affronter la police répressive des dictateurs, de n’apparaître qu’après la victoire, lorsqu’il faut se partager le butin. Ceux de la diaspora répondent : c’est une erreur de croire qu’à l’étranger on ne fait rien pour le pays d’origine. En témoignent les nombreux transferts d’argent au profit des nôtres. Ainsi, c’est une erreur de ne pas reconnaître que la vie politique de nos pays se joue aussi en dehors de chez nous. La victoire sur l’oppression est le fruit des efforts conjugués des uns et des autres.

Une chose est de reconnaître les mérites de ceux qui ont toujours été vigilants, où qu’ils se trouvent, l’autre de rappeler qu’être « combattant » auto-proclamé n’est pas un métier. Dire à nos musiciens : « Vous êtes des leaders d’opinions, vous n’avez pas à faire l’apologie des hommes politiques… », oui ; organiser des marches de protestation lorsque le Congo est envahi, oui. On combat pour le bien-être de nos compatriotes et de nous tous ; on combat contre l’injustice, oui.

M. Félix Tshilombo est attendu en Belgique la semaine prochaine. Une organisation est mise en place pour lui permettre de rencontrer les Congolais de la diaspora ; il suffit de s’inscrire, de préparer un mémo, de donner des idées… Mais que voyons-nous sur les réseaux sociaux ? Des messages de mobilisation de la part de certains Congolais qui ameutent les autres : « Venez nombreux, l’heure a sonné… Venez dans un esprit de guerre, nous devons empêcher que Tshisekedi soit accueilli… Ce jour-là, tout sera permis… Certains trouveront la mort, d’autres seront blessés… ».

Le crime de Félix : « … il a pactisé avec Kagame, il s’est entendu avec le G7 pour la balkanisation du Congo, pour l’exploitation de nos minerais par les Blancs… ». Ces messages d’incitation à la haine sont ponctués du slogan « INGETA », la parole, prise tour à tour, s’investit dans une violence inouïe. A force de cracher le venin, l’hydre à plusieurs têtes finit par se trahir : « Venez nombreux, il s’agit d’un match retour; au match aller nous avions neutralisé le père (Etienne Tshisekedi) ; maintenant nous devons en finir avec son fils. Nous devons neutraliser cette famille ».

Il est donc question de neutraliser une famille ! Quitte à accuser Etienne Tshisekedi et son fils, Félix Tshilombo Tshisekedi, de trahir la cause congolaise ! Je doute que cet avis soit celui du peuple congolais que tout le monde prétend représenter. Il n’est pas trop tard, chers « combattants », préparez votre mémo et allez vous inscrire ; Félix vous recevra dans les normes de la démocratie et de la civilisation. Non, personne ne doit être blessé comme vous le prônez. La police belge veillera.

Opinion: le Congo a besoin d’une révolution morale et d’un coup de balai

Jean-Claude Katende – La Libre – le 11 septembre 2019

A l’époque où le capitaine Jerry Rawlings avait pris le pouvoir au Ghana, le pays était ruiné par la corruption au sein du gouvernement et des affaires. L’élite au pouvoir faisait des dépenses ostentatoires pour des copains, des petites amies et pour les clients politiques du régime en puisant dans les caisses de l’Etat. La médiocrité était partout. C’est pourquoi il avait déclaré: « Le Ghana a besoin d’une révolution morale et d’un coup de balai ». Cette phrase vaut aussi pour la RDCongo.

Grâce à Jerry Rawlings, le Ghana qui était ruiné par la corruption, la mauvaise gouvernance politique, économique et sociale, est devenu un modèle dans beaucoup de domaines aujourd’hui. Il a fallu à ce pays un homme qui avait la volonté et qui a posé des actes pour que le changement s’opère.

La révolution morale n’est possible que quand ceux qui en assurent la promotion sont des modèles en discours et en actes. C’est un véritable défi que Jerry Rawlings avait eu le courage de relever en faisant lui-même des sacrifices. Etre un modèle de probité dans un système corrompu exige des sacrifices énormes.

Après avoir fait 18 ans au pouvoir, le Président Joseph Kabila avait déclaré que son plus grand regret était de «n’avoir pas réussi à transformer le Congolais. On traîne quelques points négatifs de l’époque Zaïre ». La question que nous devons nous poser est de savoir pourquoi l’ancien Président a échoué à changer la mentalité du Congolais. Pour moi, la réponse est à situer à deux niveaux : absence de modèle et absence de sanction. Cette remarque du président Joseph Kabila est un avertissement à nous tous. Que faire alors ?

Aujourd’hui, le président Félix Tshisekedi se révèle être une excellente opportunité pour pousser le pays vers la révolution morale. Cette révolution utile à la consolidation de l’Etat de droit et au développement du pays dans tous les domaines. Avoir un Président aussi engagé sur le changement de mentalités me fait penser à Jerry Rawlings. De tels chefs d’Etat, capables de montrer le chemin, on en a une fois tous les 50 ans dans un pays. Alors, souscrivons au changement de mentalité, car c’est toute la nation qui en bénéficiera sur le long terme, comme au Ghana.

Mais pour réussir cette entreprise de changement des mentalités, le Président doit exiger des standards moraux très élevés de lui-même et de tous ses collaborateurs. Cela ne sera pas de trop de faire signer un acte d’engagement portant sur les valeurs morales à tous les membres des cabinets du Président, du Premier Ministre et de tous les ministres.

Au-delà de son engagement personnel pour le changement des mentalités, le Président devra aussi prendre un balai pour balayer ou sanctionner, selon les procédures des régimes démocratiques, toute personne qui résiste ou qui s’oppose à son appel au changement des mentalités.

Un ami m’a écrit ceci, après avoir suivi le dernier discours du président Félix Tshisekedi : «Les gens ne peuvent changer que par la menace réelle et prompte de subir les conséquences de leur opposition au changement. Tous n’attendent que cette menace du Président, je veux dire sa marque de fabrique. Et tant que personne (fonctionnaire, magistrat, ministre, mandataire, parlementaire…) ne verra cette menace peser sur lui, le système va continuer. Et le temps va d’ailleurs passer très très vite… 2023, c’est déjà demain ».

Je suis parfaitement d’accord avec cet ami. Jerry Rawlings avait réussi grâce au coup de balai.

J’appelle tous les compatriotes à souscrire à l’appel du Président, mais en veillant à ce que cette politique de changement des mentalités concerne tout le monde et qu’elle produise des résultats comme au Ghana.

Oui, le Congo a besoin d’une révolution morale et d’un coup de balai, aujourd’hui et maintenant.

Makutano: là où l’Afrique se rencontre

Colette Braeckman – Le Soir – le 12 septembre 2019

Quand le géant congolais ouvre les bras…

Cette fois, Elphine Kakudji a encouragé son frère à venir à Kinshasa. Officiellement, il participe à la 5eme édition du Forum Makutano (ce qui signifie rencontre) qui a rassemblé cette année plus de 500 participants venus de toute l’Afrique et surtout de pays accueillant la diaspora congolaise. En réalité, Gaëtan (nom d’emprunt) informaticien en Belgique, a fait le voyage pour prospecter le terrain et voir comment, à son tour, il pourrait devenir créateur d’emplois si la société de sa sœur, Sokam Holding, continue à étendre ses activités. Quarante ans, cinq enfants dont trois adoptés, un visage en forme de cœur et un prix de l’innovation qui vient de lui être décerné, la jeune femme, autrefois diplômée en relations internationales s’est révélée une femme d’affaires redoutable. Nécessité oblige : lorsqu’elle a quitté Lubumbashi pour suivre son mari, Elphine a vite compris que dans la capitale, il était difficile de vivre avec les 80 dollars d’un salaire de fonctionnaire. « Observant mon quartier, à Ma Campagne, j’ai constaté que presque toutes les femmes faisaient du commerce, vendant du pain, des légumes, des tissus… Ces places là étaient donc prises. J’ai pensé que la vente de carburant au détail pouvait être un bon créneau et devant ma maison, j’ai placé un bidon d’essence, acheté avec le salaire de mon mari… » Les taximen, les chauffeurs de camions si souvent en panne sèche et qui bloquent alors la circulation dans les quartiers ont ainsi été dépannés. Peu à peu, ils se sont habitués à acheter les bidons d’Elphine, qui s’approvisionnait en quantités croissantes chez le grossiste SEB : « cela évitait aux taximen et aux camions de faire la file devant les stations services et ils pouvaient poursuivre leur route… » Un peu à la fois, la jeune femme s’est initiée au commerce du pétrole, elle a signé un contrat avec SEB, puis loué un camion citerne, puis livré à domicile… Si le chemin a été long, aujourd’hui, c’est par barils qu’elle achète le pétrole alors que les tankers sont encore en mer « dans ce métier, il faut s’informer, être malin…Si un bateau citerne se trouve au large de Lomé, par exemple, et n’a pas trouvé d’acquéreur, le prix baisse et j’achète… »

Elphine voit déjà au-delà du pétrole : «puisqu’il faut lutter contre la déforestation et abandonner le charbon de bois, c’est le butane qui s’impose. Ma société vend donc des bonbonnes de gaz, du matériel de qualité, réutilisable et propre, car les gens se méfient des produits chinois…Sokam est désormais en pleine expansion… »

Encourager les filières innovantes, croire au dynamisme, à l’inventivité des Africains, miser sur les femmes, tel est exactement l objectif de Nicole Sulu, fondatrice du Forum Makutano, littéralement « là où l’Afrique se rencontre ». Dans ces assisses qui ont rassemblé plus de 500 entrepreneurs africains ayant payé leur séjour et le voyage pour débattre des opportunités de leur continent, les Occidentaux étaient rares et les Belges invisibles, mais des dirigeants africains de poids étaient présents comme l’ex présidente du Liberia Eileen Johnson Sirleaf, le président du Niger Mamadou Issoufou, l’ancien ministre du Plan du Sénégal, et l’ex président du Ghana John Dramani Mahamat. Des personnalités qui misent à fond sur le capital humain de leur continent. En marge des débats et des rencontres où les cartes de visite ont circulé par centaines, aucun stand n’était tenu par des « professionnels du développement » agences de l’ONU ou ONG. Mais par contre, ici une Congolaise venue de Genève proposait des sacs de haute couture taillés dans les chutes d‘étoffes de luxe, là on pouvait essayer des produits de beauté et de coiffure spécialement destinés aux cheveux crépus et aux peaux noires, tandis que le patron de la société Jambo, descendu du Kivu pour proposer des jus de fruits (gingembre, maracuja, bissap) se retrouvait presque en rupture de stock et qu’un jeune Rwandais féru d’informatique proposait ses techniques de photos aériennes afin d’optimiser l’agriculture.

Non seulement l’Afrique de demain promeut désormais les circuits courts et la consommation de produits locaux, mais elle se lance avec détermination dans le numérique : Kenny croit en l’avenir de la cryptomonnaie, et assure qu’à Goma, Beni, Butembo, toutes les villes de l’Est proches du Rwanda et de l’Ouganda, on ne paie plus qu’à l’aide son smartphone. « A Kin aussi je vais diffuser mes « wallets » et mes « blockchain », l’usage de la monnaie papier va reculer. » L’Afrique sauterait elle des étapes ? Probablement : il y a des années qu’au Congo tout le monde pratique le « mpesa », le transfert d’argent via le portable et perçoit son salaire par voie électronique…

Félix Tshisekedi, le cinquième président de la RDC, s’inscrit à fond dans cette modernisation, présidant la « plate forme numérique » nationale afin de numériser les administrations. Soutenant le Forum Makutano, depuis la séance d’ouverture jusqu’au débat final il s’est fait ovationner en déclarant que les services de l’Etat devaient désormais « cesser de considérer les investisseurs comme du gibier» et qu’il fallait impérativement réduire les taxes innombrables et réduire les tracasseries…

Les bureaux d’immigration de l’aéroport de N’Djili, jadis haut lieu d’ennuis et de palabres, témoignent des changements en cours: désormais, c’est en quelques minutes qu’un visa volant est validé moyennant 90 dollars ; les fonctionnaires de la DGM, (Division générale des migrations) naguère si bougeons et chicaneurs souhaitent désormais la bienvenue, les taxis à prix fixe ronronnent tranquillement tandis que sur le Boulevard des « saute mouton » en construction offriront bientôt des passerelles menant directement vers les quartiers populaires…Les « cent jours » du président n’ont pas été un simple effet d’annonce et plusieurs changements sont déjà visibles…

Mais surtout, qu’ils viennent de Bruxelles, de Paris ou de plus loin encore, les vols sur Kinshasa affichent complet : l’affluence au Forum Makutano en témoigne, c’est par dizaines de milliers que les Congolais de la diaspora rentrent au pays et d’aucuns assurent que depuis janvier on aurait enregistré un million d’entrées ! Cependant, ces retours sont rarement définitifs du premier coup et les premiers voyages sont souvent consacrés à la prospection. Mais à la différence des décennies précédentes, par exemple lors de la chute de Mobutu, ce sont moins des demandeurs d’emplois qui affluent que des Congolais de la deuxième ou de la troisième génération. Ils sont éduqués, diplômés, comme Christian, juriste et fonctionnaire fédéral en Belgique. Il a pris un congé sans solde de six mois pour préparer son retour au pays et soutient activement Vital Kamerhe, le très puissant directeur de cabinet de Tshisekedi « si j’ai quitté un emploi où je gagnais 3500 euros par mois, ce n’est pas pour faire fortune au Congo. C’est, tout simplement, parce que j’aime mon pays et que le temps est venu… »

Très nombreux dans les coulisses du nouveau pouvoir, les Congolais de la diaspora reconnaissent cependant qu’avec leurs compatriotes restés au pays, les relations ne sont pas toujours faciles « de part et d’autre, il y a des complexes, des craintes… Ceux qui sont restés au pays rappellent qu’ils ont lutté, souffert et ils comprennent mal qu’en exil, la diaspora congolaise elle aussi a du s’accrocher, se heurter à un plafond de verre… »

Les retours sont encouragés par le parcours personnel de Félix Tshisekedi : lui aussi, fils d’un opposant politique, a grandi et fondé une famille en Belgique et dans son entourage on reconnaît, ne serait ce qu’à l’accent, de nombreux « Belgicains »…

L évolution politique du Congo, où la volonté d’apaisement est manifeste, n’est pas seule à encourage ces retours. Nul n’ignore les difficultés rencontrées par les migrants en Europe tandis que la vague de violence xénophobe en Afrique du Sud suscite la réprobation générale : des manifestations ont eu lieu devant l’ambassade sud africaine, les commentaires se multiplient sur les réseaux sociaux, les autorités préparent même des plans de rapatriement. Alors que chacun dénonce l’ingratitude des Noirs sud africains, au Congo, il semble que le géant se réveille enfin et ouvre les bras…

Une question douloureuse au Congo: quinze millions de dollars portés disparus

Colette Braeckman – Le Soir – le 12 septembre 2019

Neuf mois après des élections au résultat controversé, le nouveau gouvernement congolais a prêté serment et le Premier Ministre a présenté son programme, le chef de l’Etat Félix Tshisekedi a conforté sa popularité en promettant la gratuité de l’enseignement et en entamant plusieurs grands aménagements routiers. Mais un premier coup de grisou secoue déjà la coalition CACH qui réunit deux partis d’opposition, l’UDPS de Tshisekedi et l’Union nationale pour le changement, le parti de Vital Kamerhe. Ce dernier, qui reste le tout puissant directeur de cabinet du chef de l’Etat, l’homme aux commandes de la République, doit faire face à une question embarrassante que la presse martèle à satiété : « où sont passés les 15 millions de dollars provenant d’une « décote » des produits pétroliers et qui devraient avoir été versés au Trésor public ?

C’est un rapport de l’Inspection générale des Finances, publié en juillet dernier, qui a soulevé le sujet, assurant n’avoir pas trouvé trace de cette somme dans les comptes publics. Le fond de l’affaire est complexe, assez technique : le Trésor public devait verser 100 millions de dollars aux sociétés pétrolières en compensation d’ un manque à gagner et toucher 15% de cette somme en raison d’une décote. Essayant de retracer la somme, l’IGF assure ne plus en avoir trouvé trace, ce qui ouvre la porte à tous les soupçons.

La contre attaque de Vital Kamerhe, premier à monter au créneau, a porté sur plusieurs points : il assure que l’argent n’a pas été détourné et que le comité de suivi des produits pétroliers pourrait le confirmer. Le simple bon sens pourrait aussi ajouter que durant les neuf mois qui ont précédé la mise en place du gouvernement, l’Etat, désireux de marquer le changement, a du procéder à des décaissements urgents, entre autres pour lancer certains travaux publics. Durant ces mois sans gouvernement, les décisions ont été centralisées sans que l’administration puisse en assurer le suivi et certains déboursements pourraient ne pas avoir été orthodoxes… L’autre axe de la contre attaque vise l’Inspection des Finances elle-même : qui donc lui a demandé de mener cette enquête ? Le 24 août, Kamerhe, dénonçant une « machination » , a prié l’inspection générale des finances de cesser toutes ces missions de contrôle jugées illégales tandis que le président Tshisekedi lui-même, s’exprimant devant le Forum Makutano rassemblant des opérateurs économiques, a critiqué indirectement les inspecteurs de finances en déclarant, de manière elliptique, que les membres de la FEC (Fédération des entreprises du Congo) ne devaient pas être considérés comme du gibier…

Autrement dit, il est clair que le zèle de l’IGF dérange car à ce stade, même si rien n’indique que les 15 millions « égarés » aient été utilisés à des fins d’enrichissement personnel, l’opinion aimerait en connaître l’utilisation…

La publicité donnée à cette affaire, le malaise perçu au sommet de l’Etat révèlent aussi les contradictions d’un nouveau pouvoir qui est obligé d’afficher une improbable unité : si Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe s’apprécient et semblent travailler en symbiose, qu’en est il de leurs formations politiques respectives ? Et ne peut on imaginer que le « coup de Jarnac » de l’IGF ait été inspiré par le FCC (Front commun pour le Congo) toujours fidèle à Joseph Kabila, majoritaire à l’Assemblée et qui voit certainement d’un mauvais œil la popularité grandissante d’un Félix Tshisekedi qui a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille ?

Emmanuel de Mérode: « L’électrification dans la région du Parc des Virunga est un moteur d’une nouvelle économie »

RTBF / AFP – le 13 septembre 2019

Ils sont venus spécialement en Belgique pour se former… Trois techniciens congolais du Parc des Virunga participent actuellement à un stage de formation sur le site électrique d’ORES à Aye (Marche-en-Famenne). C’est le troisième volet d’un partenariat entre l’Alliance Virunga, dirigée par le belge Emmanuel de Mérode, et la société ORES….

Concrètement, durant deux mois, ces techniciens vont apprendre à gérer l’exploitation et la maintenance d’un réseau électrique, résoudre des incidents, réparer les défaillances, manœuvrer des systèmes de dépannages ou de sécurité…Tout un savoir-faire technique de haute tenue. Car aux alentours du Parc des Virunga, à l’Est de la République démocratique du Congo, 250 kilomètres de lignes électriques ont été installés. Des infrastructures sur la base du modèle wallon qui sont sorties de terre ces trois dernières années.

Ce partenariat entre l’Alliance Virunga et ORES est né de la volonté d’améliorer les conditions de vie des habitants proches du Parc, dans le but de contrer la prolifération des milices armées.

C’est ainsi, qu’il y a quelques années, Emmanuel de Mérode a entamé le développement d’une industrie locale, notamment via la construction d’un réseau de distribution d’électricité et d’unités de production d’énergie hydraulique pour l’alimenter. A ce jour, deux centrales hydroélectriques sont opérationnelles, huit autres verront le jour dans un avenir proche.

Un travail qui porte ses fruits. En trois ans, 6.000 foyers ont eu accès à l’électricité. Et avec l’arrivée d’un tel réseau, certains villages se sont transformés.

« C’est spectaculaire ! », se réjouit Emmanuel de Mérode. « A Kiwanja par exemple, aujourd’hui, un peu plus de 500 entreprises sont connectées au réseau. 80% de ces entreprises n’existaient pas avant que l’électricité n’arrive, et donc il y a un développement économique qui se voit et qui se sent… ça créé de l’emploi. Car le problème dans ces zones, le taux de chômage parmi les jeunes est de plus de 70%. Cela amène de la violence, de l’insécurité. La création de groupes armés est le malheur de cette région. Et c’est intégralement lié au chômage. Avec l’arrivée de l’électricité et l’emploi que ça génère, c’est positif pour la jeune génération ».

Un projet de développement qui tente de réparer une injustice

Étendu sur plus de 800.000 hectares, le Parc des Virunga se maintient entre deux extrêmes : richesses naturelles et pauvreté économique. Ce qui en fait une cible pour ceux qui cherchent à tirer profit de ses ressources – trafics illégaux de charbon de bois et braconnage, notamment…. D’autant plus que de nombreuses règles interdisent aux congolais l’exploitation des richesses naturelles du Parc. Une interdiction perçue comme une injustice au sein de la population locale.

« On a un héritage au niveau de la politique de la conservation qui n’est pas facile à gérer », admet Emmanuel de Mérode. « Ce parc a été créé il y a presque cent ans et à l’époque, les circonstances étaient très différentes… Beaucoup de choses ont changé en cent ans. En particulier, la situation démographique. Le besoin en ressources naturelles a fortement augmenté.

Il est problématique que 4 millions de personnes vivant à moins d’une journée de marche du Parc, ne peuvent pas accéder à cet énorme espace de terres extrêmement riches, alors qu’ils ont faim. Ils ont besoin de terres agricoles…. C’est un problème auquel il faut trouver des solutions.

Le Parc des Virunga, classé parmi les sites du Patrimoine mondial de l’UNESCO, signifie que c’est une richesse pour le bénéfice de toute l’humanité. Mais il faut reconnaître que cela a un coût. Et le fait que ce coût soit entièrement imposé à la population locale, qui est l’une des populations les plus pauvres de la planète, est totalement inacceptable. C’est comme ça qu’on définit une injustice sociale.

C’est un équilibre que l’on doit rétablir, d’une manière au moins équivalente en termes de richesses. C’est pour cela que le projet d’électrification est si intéressant, il nous permet d’imaginer le Parc comme le moteur d’une nouvelle économie, sans pour autant détruire les terres ».

Ce qu’on a voulu faire aux Virunga, c’est de montrer une économie verte

Engagé contre le braconnage et la déforestation, Emmanuel de Mérode est directeur du Parc des Virunga depuis 2008. En 2014, il avait été pris dans une embuscade dans laquelle il avait été laissé pour mort, après avoir reçu quatre balles. Régulièrement, les gardiens du Parc sont pris pour cible par des milices…

Mais le travail de l’équipe a fini par payer. Selon l’UICN (l’Union internationale pour la conservation de la nature), le gorille des montagnes n’est plus considéré comme une espèce en danger. La population est passé de 254 en 1985 à plus de 1000 aujourd’hui. C’est peut-être pour cette raison qu’Emmanuel de Mérode s’autorise à consacrer plus de temps au développement humain.

« En effet, les animaux peuvent s’occuper d’eux-mêmes quand on les laisse tranquille, tandis que l’aspect humain est plus complexe. L’un des plus grands défis de notre génération, c’est d’arriver à réconcilier ces communautés avec une exploitation de la nature, équilibrée. Ce n’est pas simple mais c’est possible. Ce qu’on a voulu faire aux Virunga, c’est de montrer une économie verte. Une économie qui apporte énormément de richesse à la population, sans nécessairement détruire l’environnement. C’est possible, même dans des conditions aussi difficiles que la région autour du Parc des Virunga à l’Est de la RDC ».

En plus de la main d’œuvre et du savoir-faire, ce projet de développement électrique dans la région du Parc a nécessité des fonds importants. La Coopération belge a soutenu la construction d’une des centrales hydroélectriques, à hauteur de 3,4 millions d’euros.

Quant au financement du voyage et du logement des stagiaires en Belgique, il est assuré par le Parc des Virunga – soutenu pour cette initiative par l’Union Européenne. Tandis qu’ORES met ses compétences à disposition dans le cadre de cette formation.

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 © CongoForum, le samedi 14 septembre 2019

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