05 10 19/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

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Sommaire

En ce samedi 5 octobre 2019, les nouvelles sont rares, mais pour une fois elles sont plutôt bonnes ! Le gouvernement congolais a décidé d’élargir la gratuité du retrait de diplômes d’État à toutes les éditions de l’examen d’État. L’on se pépare jogyeusement à fêter le cardinalat de Mgr Ambongo.

Enseignement

Esther N’sapu, correspondante pour La Libre dans l’Est de la RDC annonce : « les enseignants du Sud-Kivu suspendent momentanément leur grève »

Les enseignants de la province du Sud-Kivu ont décidé ce mercredi 2 octobre 2019 de suspendre momentanément leur mouvement de grève.

Les enseignants réunis au sein du Syndicat des Enseignants du Congo (SYECO) ont pris cette décision au cours d’une assemblée générale qu’ils ont tenue dans une école de la commune de Kadutu, à Bukavu.

Les enseignants des écoles conventionnées catholiques et protestantes décident enfin de reprendre les cours à partir de ce lundi 7 octobre 2019. Par ailleurs, ils ont accordé un délai de deux semaines au gouvernement congolais pour répondre à leur cahier des charges. Dans le cas contraire, ils promettent d’autres actions de grandes envergures envers le gouvernement congolais.

La dite grève avait été décrétée le 25 septembre dernier sur toute l’étendue de la province du Sud-Kivu après l’annonce de la gratuité de l’enseignement par le président de la République Félix Tshisekedi sur toute l’entendue du pays. Cette gratuité suppose que les enseignants ne sont plus payés par les parents mais directement par l’Etat congolais.

D’après Jacques Cirimwami, secrétaire provincial du Syndicat National des Enseignants Catholiques, « nous reprenons lundi prochain mais nous n’abandonnons pas notre combat. Les enseignants revendiquent seulement de bonnes conditions de travail ».

Dimanche dernier, les fidèles de plusieurs paroisses catholiques avaient été empêchés d’accéder à leurs églises par des groupes de manifestants qui accusaient les clergés d’être derrière le mouvement de grève dans certaines écoles conventionnées catholiques et protestantes de la province du Sud-Kivu ».

Mediacongo annonce que « Le retrait des diplômes d’État de toutes les éditions est désormais gratuit ( gouvernement) »

« Le gouvernement congolais a décidé d’élargir la gratuité du retrait de diplômes d’État à toutes les éditions de l’examen d’État.

Selon le communiqué du ministre de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel ( EPSP), Willy Bakonga, signé le 03 octobre, aucun frais relatif au retrait de diplôme ne sera dorénavant exigé sur l’ensemble du pays.

Pour ce faire,il prévient que tout contrevenant à l’esprit de ce communiqué subira la rigueur de la loi.

Cette mesure est prise dans le but d’alléger le fardeau des parents et de matérialiser la gratuité de l’enseignement de base en RDC, tel que souhaité par le chef de l’État, Félix Tshisekedi, renseigne le ministre ».

Toutefois, Le Phare s’interroge « Projet 1.000 écoles par an : où sont logés les fonds ? »

« A l’heure de la gratuité de l’éducation de base décrétée par la Présidence de la République et appliquée par le Gouvernement, plus d’un observateur se pose des questions sur la hauteur du budget national appelé à supporter cette gratuité. A défaut des ressources financières conséquentes, une telle opération est appelée à échouer.

Une perspective qu’actuellement on ne peut se permettre d’envisager à cause de ses effets pervers sur la jeunesse congolaise. Les autorités actuelles ont sur la table les données des enquêtes antérieures réalisées par l’Etat congolais avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) ; données qui chiffrent à 7 millions le nombre des garçons et filles vivant en dehors du système scolaire, enfants éligibles, à coup sûr, dans les réseaux de délinquance. Une grande perte pour le pays. C’est ainsi que, pour faciliter au plus grand nombre d’enfants l’accès et l’accessibilité au milieu scolaire, le gouvernement Matata Ponyo avait initié en son temps un projet de construction de 1000 écoles par an.

Vivement applaudie à travers le «PRRIS» (Projet de Réhabilitation et Reconstruction des Infrastructures Scolaires), cette initiative a connu un financement aussi bien du gouvernement congolais que de plusieurs partenaires multilatéraux. Un projet qui a enregistré une interruption brusque à cause de la fin du mandat du Premier ministre Matata Ponyo. Une fois ce dernier remplacé par ses successeurs, Samy Badibanga et Bruno Tshibala, ce projet PRRIS n’a plus survécu, alors que plusieurs organisations impliquées dans l’exécution du PRRIS avaient perçu déjà des fonds : à savoir, des ongs, des entreprises locales de construction, des églises, des fournisseurs d’une main d’œuvre locale, etc.

Tellement les événements politiques ont semé un grand désordre dans la gestion quotidienne de la cité par le Gouvernement, personne n’a fourni un bilan exact de ce qui a été fait et de ce qui reste à faire ; sans oublier l’explication sur la hauteur des fonds encaissés par certaines personnes et organisations mais non utilisés pour le PRRIS et non récupérés par le Trésor public. Aujourd’hui, ces sommes peuvent servir à reconstruire les écoles pour booster la gratuité de l’éducation de base

Revisiter le PRRIS pour la recherche des ressources additionnelles

D’aucuns estiment nécessaire de revisiter le dossier du PRRIS pour récupérer les sommes non-utilisées, afin de les verser dans les ressources additionnelles pour construire des infrastructures indispensables à la gratuité de l’éducation de base. Cela pourrait contribuer à l’augmentation effective des bâtiments scolaires, des tableaux noirs, des pupitres, etc. Une telle initiative pourrait accompagner la lutte contre le coulage des recettes du Trésor public et la corruption. A ce sujet, aucun Congolais n’ignore l’importance de la gratuité pour les enfants et l’avenir de la RDC.

En effet, nombreuse sont les personnes estimant qu’il est irresponsable, plus de 59 ans d’Indépendance, que la RDC, avec toutes ses potentialités très riche, ait plus de 7 millions d’enfants non scolarisés, analphabètes. Alors que des politiciens, des dirigeants de ce pays deviennent facilement multimillionnaires en dollars américains à l’issue de leurs mandats à la tête du pays. Tous les moyens légaux doivent être utilisés pour appliquer cette politique de gratuité scolaire ».

Mgr Fridolin Ambongo

Ouragan FM annonce « Vatican: Opposants et officiels déjà à Rome pour le cardinalat de Mgr Ambongo »

« Des opposants leaders de Lamuka sont arrivés à Rome en Italie où ils vont assister ce samedi à la création de Mgr Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, comme cardinal par le souverain pontife, au Vatican, en Italie. On cite notamment Moise Katumbi, Jean Pierre Bemba, Martin Fayulu et les autres.

Côté officiel, une forte délégation du gouvernement sera aussi présente pour honorer le fils du pays. Cette délégation de haut rang sur autorisation du Premier ministre, Ilunga, a déjà quitté le pays pour Rome.

Elle est constituée de Me Célestin Tunda Ya Kasende, vice-Premier ministre, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, de Rubens Mikindo Muhima, ministre d’État, ministre des Hydrocarbures ,de Rose Boyata Monkaju, ministre des Affaires Sociales, de Didier Mazenga Mukaszu, ministre des Transports et Voies de Communications, de Aimé Sakombi, ministre des Affaires Foncières, Justin Kalumba Mwana Ngongo, ministre des Classes Moyennes, de Petites et Moyennes Entreprises et Artisanat.

Il sied de signaler qu’en dépit de l’agenda chargé du président de la République, Félix Tshisekedi, il n’est pas exclu qu’il marque sa présence à Rome.

D’ailleurs, il avait émis le vœu de s’y rendre pour honorer l’archevêque de Kinshasa. Selon son entourage, le Chef de l’État pourrait être présent. Il en est de même pour le Directeur de cabinet Vital Kamerhe dont l’annonce de sa présence a été aussi confirmée.

Le Pape François avait annoncé, à l’issue de la prière de l’Angelus, la nomination de 10 nouveaux cardinaux, dont Mgr Fridolin Ambongo de la RDC. Les nouveaux cardinaux seront créés lors d’une consistoire, qui aura lieu le samedi 05 octobre au Vatican, note-t-on ».

Elections africaines

Afriwave et Afrikanews publient que : « D’anciens chefs d’État militent contre le troisième mandat »

« Non à un troisième mandat sur le continent », le sujet mobilise dans un sommet à Niamey, au Niger, d’anciens chefs d‘État africains parmi lesquels Nicéphore Soglo du Benin, Goodluck Jonathan du Nigeria, le Nigérien Mahamane Ousmane et la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf.

Organisée par le National Democratic Institute, la rencontre de trois jours vise à inciter les dirigeants du continent à respecter la Constitution de leur pays et surtout à éviter des modifications pour s‘éterniser au pouvoir.

Une position soutenue par le président du Niger Mahamadou Issoufou qui a déjà fait savoir qu’il ne se représenterait pas pour un troisième mandat en 2021. M. Issoufou a par ailleurs rappelé que 35 pays ont limité les mandats, ce que 12 rechignent encore à faire. La limitation des mandats a également été abolie par six pays et modifiée par deux autres.

Il faut dire que la question du troisième mandat des présidents reste encore un grand problème qui alimente des tensions politiques et sociales en Afrique du fait des modifications des textes par les présidents en exercice pour rester au pouvoir le plus longtemps possible ».

Presse et documents étrangers

Tshisekedi en VRP du retour au pays

Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 19 Sep 2019

La visite officielle de Félix Tshisekedi en Belgique s’est poursuivie ce mercredi soir

par une rencontre avec la diaspora pour la persuader de revenir au Congo, et del’aider

à accomplir son programme de changement.

Séduire et convaincre, telle était la mission de Félix Tshisekedi devant la diaspora congolaise ce mercredi soir. 4.000 Congolais s’étaient pressés au palais 12 du Heysel de Bruxelles pour entendre le nouveau président. Un public bienveillant et déjà acquis, venu soutenir le programme de changement de Félix Tshisekedi. Une ferveur qui contrastait avec les manifestations des « Combattants » de la diaspora, qui, dans la journée, ont affiché leur hostilité au nouveau pouvoir. Des Congolais qui regrettaient que la Belgique « déroule le tapis rouge pour un usurpateur », en référence aux élections contestées de décembre 2018 et à l’accord de partage du pouvoir passé entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. Une alliance contre-nature dénoncée par les anti-Tshisekedi, qui accusent toujours Joseph Kabila d’être « un criminel ».

Combattre « les anti-valeurs »

Au Heysel, Félix Tshisekedi n’a pas ménagé ses efforts pour rassurer les convaincus, dans la salle, et tenter de convaincre les autres de sa volonté de tourner la page Kabila et de ramener la bonne gouvernance en République démocratique du Congo (RDC). Le président Tshisekedi a déroulé son programme de changement « pour l’épanouissement du Congolais ». A la façon de Joseph Kabila et de ses fameux « 5 chantiers », Tshisekedi veut mettre l’accent sur le retour à la paix, à l’Etat de droit et annonce vouloir combattre les « anti-valeurs », entendre lutter contre la corruption. L’accès à l’eau, l’électricité, à la santé et à l’éducation font parties des priorités du président congolais. « Avant la fin de mon mandat, je veux voir les premiers boursiers, titulaires d’une bourse de l’Etat congolais ».

« N’oubliez pas de rentrer dans votre pays »

Félix Tshisekedi a déclaré vouloir remettre de l’ordre dans le secteur des mines, principale ressource financière de l’Etat, et compte sortir le pays du « tout minier » et de cette économie de rente, notamment en valorisant l’agriculture. Sur le mode de gouvernance, le nouveau président ne veut pas d’une justice « faite par le président de la République ou la présidence », en référence à l’affaire de la disparition des 15 millions de dollars. « Je ne suis pas un dictateur et je ne veux pas qu’on fasse de moi un dictateur » a martelé Félix Tshisekedi. Mais le principal message adressé à la diaspora congolaise, toujours très puissante en Belgique et en Europe, est celui du retour au pays.

Le président a besoin des compétences et de l’aide financière des Congolais de l’étranger pour investir en RDC. « Peu importe le temps (…), il y aura toujours une place pour vous » a scandé Félix Tshisekedi sous les cris de la foule. « Prenez votre temps, mais n’oubliez pas de rentrer dans votre pays ». Et comme pour convaincre une dernière fois la diaspora, il a prévenu ne pas être « un homme à promettre en vain. Je vais le réaliser. Je vais remettre aux congolais leur droit de vivre dans un pays unifié et pacifié »… avant lancer le célèbre slogan d’Etienne Tshisekedi, « le peuple d’abord ». « Félix sait qu’il a besoin de nous pour réussir et déboulonner le système Kabila », nous confie un Congolais qui a assisté au meeting du président à Bruxelles. « Ce sont des bonnes paroles … maintenant, on attend les actes ».

Les rebelles hutus perdent leur chef au Congo

Colette Braeckman – Le Soir – le 2 octobre 2019

La mort du général Sylvestre Mudacumura, abattu par l’armée congolaise alors qu’il se trouvait en réunion avec son état major à proximité du parc des Virunga au nord de Goma représente un coup sérieux pour les rebelles hutus réfugiés au Congo depuis 1994. Cette attaque concrétise aussi le nouveau climat des relations entre Kinshasa et Kigali, présentées comme excellentes… Durant un quart de siècle en effet, les rebelles hutus arrivés au Congo au lendemain du génocide des Tutsis étaient quasi introuvables et leur nombre exact était sujet à caution : à certains moments Kigali assurait qu’ils n’étaient plus que 2ou 3000 combattants, fortement affaiblis par les assauts militaires successifs et par la défection de leurs partisans rentrés au Rwanda. A d’autres époques, lorsqu’il s’agissait de justifier l’apparition d’un groupe paramilitaire chargé par le Rwanda de les traquer à l’intérieur du Congo, les effectifs des rebelles hutus, toujours supposés, pouvaient décupler.

La seule certitude, c’étaient leurs exactions contre les populations civiles, parfois commises en complicité avec l’armée gouvernementale, parfois perpétrées en représailles contre des groupes d’autodéfense congolais. Depuis le procès mené en Allemagne contre leur président Ignace Murwanashyaka (décédé en avril dernier) nul n’ignorait plus que, sous leur nouvelle appellation, les FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) c’est-à-dire les réfugiés hutus présents au Congo en 1994 représentaient un mouvement puissant et bien organisé.

Au cours des derniers mois, assurés d’importants soutiens, entre autres financiers, au sein de la diaspora rwandaise, les FDLR étaient à nouveau considérés comme une menace sérieuse par le régime de Kigali. D’autant plus que le président Kagame accusait le général Kayumba, passé à la dissidence après avoir été l’un des fondateurs du FPR, d’avoir noué des contacts avec les anciens rebelles hutus et de mener des actions conjointes à l’intérieur du territoire rwandais, avec le soutien actif ou tacite de deux pays voisins, le Burundi et l’Ouganda… Bujumbura était accusé de laisser entrer au Rwanda, par la forêt de la Kibira, sur la frontière entre les deux pays, des groupes de combattants hutus qui seraient descendus d’Ouganda en passant par la rive congolaise du lac Kivu…

Lorsque le président congolais Félix Tshisekedi se rendit à Kigali à la veille de l’anniversaire du génocide, il ne se contenta pas d’évoquer les douloureux souvenirs du passé, il s’engagea aussi à tout mettre en œuvre pour sécuriser son voisin et encourager une réelle coopération entre les militaires des deux pays afin d’enfin pacifier l’Est du Congo.

C’est ainsi que, dans la nuit du 17 au 18 septembre, le général Mudacumura, qui dirigeait une importante réunion politique dans la localité de Bwito, près de Rutshuru au Nord Kivu, fut attaqué par l’armée congolaise bien renseignée sur sa présence. Avec plusieurs de ses lieutenants, il fut tué sur place tandis que l’armée congolaise qui avait essuyé une forte résistance enregistra également des pertes. Selon le porte parole des FARDC, l’attaque avait été menée par l’armée congolaise et non, comme on avait pu le lire sur les réseaux sociaux, par un nouveau groupe de rebelles congolais appuyé par Kigali.

Depuis des années, Sylvestre Mudacumura et ses hommes vivaient aux abords du parc des Virunga, où, coupant les arbres, ils produisaient du charbon de bois vendu dans toute la région y compris au Rwanda, pratiquaient le braconnage et terrorisaient les paysans de la région. Poursuivi depuis 2013 par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité, Mudacumura avait toujours échappé à la justice et Human Rights Watch regrette aujourd’hui que sa « liquidation » n’ait pas permis de faire la lumière sur ses crimes. Pas plus que sur les complicités dont il bénéficiait…

D’autres viendront… Un roman “conradien”…

Colette Braeckman – Le Soir – le 2 octobre 2019

Sous la plume d’un diplomate, spécialiste de l’Afrique mais qui a aussi mené sa carrière dans l’audiovisuel (TV5 Monde, Arte…), voici un roman dont le véritable héros est le fleuve Congo et dont l’action ne se situe pas au temps de Conrad ou des aventuriers modernes, mais dans une autre époque, celle qui s’annonce…Embrayant sur les sombres prévisions écologiques qui hantent aujourd’hui les esprits, Richard Boidin ne se transporte pas très loin dans le temps, juste quelques années après 2020, un temps où la Cour pénale internationale fonctionnera toujours, où les Nations unies n’auront pas encore fermé boutique, où le génocide rwandais sera encore présent dans les souvenirs…Mais dans ce temps que nous pourrons encore connaître, la situation de la planète aura encore empiré, la destruction des espèces vivantes se sera accélérée. A tel point qu’un survivant des époques antérieures (la génération de l’après guerre en Europe…) aura eu le temps de concevoir et de concrétiser une utopie, celle de vastes « zones libérées » où quelques rescapés tenteront de préserver les espèces animales et végétales, se retranchant d’un monde dominé par les prédateurs… Voilà pour la vision, prémonitoire peut-être… La trame du roman est, elle, plus concrète : on y retrouve une grand-mère qui rêve de retrouver son petit-fils, disparu quelque part le long des rives du fleuve Congo, un juge à la CPI, des accusés mis sur le gril par la justice internationale.. Une intrigue compliquée, prenante, à la fois improbable mais possible, une fiction dont on a quelquefois du mal à démêler les fils mais dont on ne peut interrompre la lecture car elle évoque un monde qui pourrait advenir…

Boidin a ratissé large, entrecroisé plusieurs histoires, plusieurs prémonitions et son récit parfois touffu est sauvé à la fois par son évocation d’un Congo « conradien » qui sacrifie parfois au mythe du « coeur des ténèbres » et par ses personnages dont l’humanité transcende la «thèse » du roman.

Un manuscrit qui témoigne des violences de la colonisation bientôt au musée de Tervueren?

BELGA – 04 septembre 2019

Le musée royal de l’Afrique centrale va-t-il se donner les moyens d’acquérir un manuscrit lié à l’histoire coloniale de la Belgique ? Ce document témoigne d’un pillage au cours duquel l’emblème du Musée de Tervueren, un masque Luba a été dérobé. Mise en vente ce vendredi après-midi, cette archive pourrait partir à l’étranger.

Le prix de départ du manuscrit d’Albert Lapière est de 4000 euros, un montant qui peut paraître élevé au profane mais il s’agit pour les historiens d’un manuscrit original, un témoignage fort sur les violences qui ont accompagné la colonisation, et en particulier sur le chemin emprunté par le masque Luba avant de se retrouver à Tervueren.

Dérobé dans un village du Congo en 1896, ce masque apparaît sur les timbres-poste et fait figure depuis des années d’emblème officieux du musée de Tervueren. Du point de vue de la critique historique, il apparaîtrait donc normal de voir le manuscrit d’Albert Lapière présenté dans les collections du musée. Mais le prix de départ du manuscrit, 4000 euros, serait jugé trop élevé dans le contexte budgétaire du musée. Les documents d’Albert Lapière pourraient donc rejoindre ce vendredi une collection privée en Belgique ou à l’étranger.

RDC : Qui arme les rebelles ?

François Misser – La Libre – le 4 octobre 2019

Théoriquement pays post-conflit, la République démocratique du Congo est le théâtre de violations des droits de l’homme à tour de bras. Il existe bien un embargo de l’ONU sur les armes mais l’armée nationale le viole allègrement…

Les tueries se poursuivent à l’est de la RDC. En août dernier, Human Rights Watch et le Groupe de recherche sur le Congo de New York, révélaient qu’entre juin 2017 et juin 2019, 1900 civils ont été tués dans les deux Kivu, lors de 3000 incidents violents impliquant 130 groupes armés et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ensemble ou séparément.

Pourtant, un embargo sur les livraisons d’armes aux groupes rebelles de l’est du pays est en vigueur. L’armée congolaise, elle, n’est plus concernée depuis la résolution 1807 du Conseil de sécurité, régulièrement reconduite depuis lors, qui autorise les livraisons au gouvernement mais qui exige leur notification au Comité de sanctions de l’ONU.

Mais quantité d’armes sont encore en circulation. La récupération de ces arsenaux est un défi considérable. Après la destruction symbolique de 100 000 armes à feu, à Kinshasa le 21 août 2010, il restait encore 300 000 petites armes aux mains de civils dans l’est du Congo selon le Groupe d’Information sur la Paix et la Sécurité (GRIP) de Bruxelles.

Une partie des armes aux mains des rebelles a été achetée auprès des FARDC, confie Jean-Jacques Wondo, expert sur des questions sécuritaires en RDC. Selon lui, des réseaux criminels au sein de l’armée alimentent en armes les rebelles ougandais de l’Alliance of Democratic Forces et d’autres groupes. Le processus a commencé en 1998, quand feu Laurent Kabila a fait distribuer aux Maï Maïs, 20 000 kalachnikovs, 500 bazookas et plus de 200 mortiers, raconte-t-il dans un livre intitulé « L’essentiel de la sociologie politique militaire africaine des indépendances à nos jours ».

Jusqu’à présent, le processus s’est poursuivi. En mars 2018, Radio France Internationale a révélé l’étrange coincidence que les balles tirées le 25 février précédent par les forces de l’ordre à Mbandaka, contre des militants opposés au troisième mandat de Joseph Kabila provenaient du même stock que les munitions d’AK 47 également fabriquées par la China North Industries Corporation (Norinco) dont furent équipés les rebelles du M23, des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda et les Mai Mai Nyatura. Selon Jean-Jacques Wondo, un rapport confidentiel de l’Etat-major des FARDC daté de 2016, indique que des kalachnikovs et des munitions produites par Norinco à la manufacture Afridex de Likasi (Haut Lualaba) ont été volées et distribuées aux milices Bakata Katanga.

Quatre ans auparavant, un rapport du Conseil de sécurité de l’ONU de 2012, révélait qu’un réseau dirigé par le commandant de la 9ème région militaire, le général Jean-Claude Kifwa a fourni des armes aux Mai Mai Morgan en Province orientale dont des lance-grenades et des mitrailleuses. Par ailleurs, Jean-Jacques Wondo accuse l’actuel chef d’Etat-major adjoint, le général Gabriel Amisi, alias “Tango Four”,de soutenir des groupes rebelles. Pour le chercheur congolais, la stratégie des officiers supérieurs des FARDC consiste à maintenir un certain niveau de conflictualité leur permetteat de mettre la main sur les primes des soldats qu’ils gèrent ainsi que sur des budgets opérationnels additionnels et de se livrer à du trafic de carburant.

Un autre cas de figure est la capture de matériel par des rebelles comme ce fut le cas, en octobre 2008, lorsque le Congrès national pour la défense du peuple de Laurent Nkunda s’est emparé de tout l’arsenal du camp de Rumangabo au Nord Kivu.

Et puis, il y a les armes qui proviennent des États voisins. Selon James Bevan de l’ONG britannique Conflict Armament Research (CAR), le gouvernement de Khartoum a vendu du matériel aux FARDC mais le M23 en a acquis beaucoup. Outre des munitions russes, des balles pour fusils belges FN ou allemands HK 93, fabriqués par une société d’Athènes, la Pyrkal Greek Powder & Cartridge Company, provenant du Soudan, ont été également retrouvés chez des groupes armés de l’est du pays, selon Amnesty International.

Selon un rapport de l’ONU de 2012, le Rwanda et l’Ouganda ont livré des mitrailleuses 12,7 mm, des munitions pour AK 47, des grenades et des mortiers au M23, tandis que les rebelles du FRPI dans l’Ituri ont obtenu des armes de la part officiers ougandais, en échange d’or. Le “catalogue” des fournitures aux rebelles comprend des fusils d’assault R4 sud-africains qui avaient été livrés aux Forces armes rwandaises, avant le génocide de 1994 ainsi que des pistolets serbes 7.65 mm Zastava Model 70, trouvés en Ituri, transportés auparavant par la société Silverback Cargo, de Belgrade à Kigali. Cette propension à la circulation des armes d’un camp à l’autre, pose la question de la responsabilité des fournitures aux FARDC, indépendamment du fait que ces dernières sont également à l’origine de nombre de violations de droits de l’homme et de trafics.

Le CLC appelle à manifester le 19 octobre contre la corruption

Marie-France Cros – La Libre – le 3 octobre 2019

Conformément à son avertissement, le CLC (Comité laïc de coordination), qui avait organisé en 2017 et 2018 les grandes manifestations pour les élections, appelle les Congolais à participer, le 19 octobre, à une journée de protestation contre la corruption.

Le CLC avait donné aux autorités jusqu’à la fin septembre pour fournir aux Congolais « des garanties fermes » de leur résolution à s’opposer à la corruption. En vain.

Les 15 millions de dollars disparus

« Les signaux attendus concernaient : la suspension, à titre conservatoire, de toutes les personnes impliquées dans le détournement des 15 millions de dollars » disparus des caisses de l’Etat depuis plusieurs mois – un scandale dans lequel est impliqué le directeur de cabinet du chef de l’Etat, son allié politique Vital Kamerhe, qui a tenté de faire cesser l’enquête – « et la démission des soi-disant juges constitutionnels de la République », qui ont cautionné le hold up électoral début 2019.

Or, rien ne s’est passé en ce sens. Au contraire: dans une interview à TV5 Monde, rendue publique le 22 septembre, le président Félix Tshisekedi avait affirmé: « Selon mes informations, il s’agit non pas d’un détournement de fonds, mais d’une affaire de rétro-commissions. Nous sommes certains que ce n’est pas de l’argent volé au Trésor. En réalité, il y a eu de la maladresse. L’inspecteur général des Finances (NDLR: qui a lancé l’enquête) est un peu sorti de sa mission et je l’ai d’ailleurs appelé pour le lui dire, tout en l’assurant de mon soutien face aux menaces inacceptables qu’il a pu recevoir. Avant de lancer son enquête, il aurait dû m’en informer car il est sous ma resposabilité. Il a agi un peu comme un procureur. Mon directeur de cabinet, contre qui je n’ai aucune preuve de méconduite jusque-là, a voulu le lui rappeler. Ce qui a semé cette confusion regrettable ».

« Vous savez, les rétrocommissions d’une affaire », a-t-il aussi indiqué, « bien qu’illégales sous d’autres cieux, est (sic) légale au Congo ».

Marchés de gré à gré illégaux

Par ailleurs, au cours de la première moitié de cette année, des documents de la Présidence avaient « fuité » indiquant que celle-ci avait attribué plusieurs marchés, portant sur des sommes importantes, de gré à gré au lieu de recourir à un appel d’offres comme le veut la loi.

« Pour que le règne de l’impunité ne continue pas d’avoir raison de l’exigence commune au (sic) changement , la croisade contre l’impunité, contre le règne de la corruption, contre l’impuissance de la justice est devenue un réel impératif, écrit le CLC dans un communiqué daté de ce 3 octobre, dénonçant ces « pratiques qui enfoncent de plus en plus notre société sous domination de la loi de la jungle ».

Cette croisade « nous la mènerons jusqu’au bout, sur l’ensemble du territoire national », assure le CLC, qui appelle « tous et chacun » à participer à « la grande journée populaire de protestation », le 19 octobre prochain, en marchant « avec nos bibles, croix et chapelets, symboles de la justice pour tous ».

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 © CongoForum, le samedi 05 octobre 2019

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