En RDC, l’église catholique peut-elle réconcilier les politiques ? (Deutsche Welle)

KINSHASA / ROME – Les acteurs politiques congolais, toutes obédiences confondues, ont assisté samedi 5 octobre à la création du cardinal Fridolin Ambongo à Rome. En dépit de l’unité de façade affichée, les antagonismes persistent.

La délégation congolaise composée de 200 personnes était conduite par le président Félix Tshisekedi. Plusieurs figures de la vie politique congolaise, dont Martin Fayulu, candidat malheureux à la dernière présidentielle, Jean-Pierre Mbemba, le leader du MLC, étaient présentes à Saint-Pierre de Rome autour du cardinal Fridolin Ambongo, connu pour son engagement en faveur de la démocratie et la justice.

Pour Patrick Nkanga, cadre du PPRD, parti de l’ex-président Joseph Kabila, cette représentativité signifie que les Congolais sont des adversaires et non des ennemis.

Le président Félix Tshisekedi a assisté personnellement à la cérémonie de création du Cardinal Fridolin Ambongo à Rome. « C’est normal d’avoir dans une démocratie une opposition et une majorité, mais c’est qui est important pour le président de la République c’est de travailler pour la population qui l’a élu en fonction du programme qu’il avait présenté lors de la campagne c’est cela l’essentiel » affirme-t-il.

Relations en dents de scie

Depuis l’indépendance de la RDC le 30 juin 1960, le pouvoir et l’église catholique ont toujours entretenu des relations tumultueuses. Mais Lisanga Bonganga leader du groupe de pression congolais TELEMA, proche de la plateforme de l’opposition Lamuka (à laquelle appartient Martin Fayulu) espère que le nouveau cardinal pourra jouer un rôle d’interface en vue d’un rapprochement entre les leaders politiques rivaux.

« Notre cardinal nous lui donnons l’occasion (…) parce que c’est rare de voir les Congolais de gauche et de droite se retrouver ensemble autour d’une personne. Cet homme a une histoire surtout avec le dialogue politique de la CENCO. Il a toujours prôné la vérité. Il y a un problème chez nous, il y a un problème politique », explique Lisanga Bonganga.
Impossible reconciliation

Les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux lors de la cérémonie au Vatican et lors du dîner offert par le cardinal Fridolin Ambongo à ses invités poussent certains analystes à douter d’une possible réconciliation entre le président Tshisekedi et ses adversaires politiques par le biais de l‘église catholique.

« Il faut dire que l’opposition et le pouvoir ont joué au chat et à la souris. Ils se sont plus ou moins évités, du moins les ténors se sont arrangés pour ne pas se rencontrer, voilà ce qui montre qu’il beaucoup de travail à faire pour ramener tous les Congolais à regarder dans la même direction » déplore l’analyste politique Israël Mutala.

Dans une interview accordée samedi à Radio Vatican, le président Félix Tshisekedi a dit qu’il ne se livrera pas au « débauchage » de ses opposants. Il les a appelés à jouer pleinement leur rôle de surveiller le pouvoir.

Consécration

Au cours de cette cérémonie, le pape François a nommé treize nouveaux cardinaux dans la basilique Saint-Pierre de Rome. Dix d’entre eux, âgés de moins de 80 ans sont ainsi devenus électeurs au sein du Sacré Collège lors du prochain conclave.

Parmi les grandes figures de ce consistoire, l’archevêque de Kinshasa, monseigneur Fridolin Ambongo, un religieux capucin de 59 ans. Il est un des artisans de la transition démocratique en République démocratique du Congo (RDC). Sa nomination est perçue par beaucoup comme une récompense des efforts personnels qu’il a consentis, et par-delà, ceux de tout l’épiscopat.

© Deutsche Welle, 08.10.19

Image: le cardinal Fridolin Ambongo et le pape François
Source : Mediacongo

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