Les violences faites aux filles et aux femmes ne sont pas rares en RDC (CongoForum)

GOMA – Les violences faites aux filles et aux femmes ne sont pas rares en RDC. C’est confirmé par pas mal de filles et femmes dans la ville de Goma, qui ont participé le lundi 25 novembre 2019 à une activité autour de la Journée internationale de lutte contre la violence faite à la femme. Cette activité était organisée par l’association gomatricienne Jiwe Langu.

Des filles et des femmes de Goma ont témoigné des violences et des abus commis contre elles. Le phénomène ne se manifeste pas seulement à Goma mais partout en RDC. Les femmes ne se découragent pas, elles essayent de défendre leurs droits comme citoyennes.

Lors de l’activité il y a avait plusieurs témoignages sur les violences subies, parfois dans les foyers quand les maris sont les auteurs. Trop de femmes ont peur de dénoncer les violences. Elles craignent de perdre leur foyer et de ne plus avoir où aller pour mener leur existence.

Peur de dénoncer les faits

Madame Furaha Agisha.

« Moi je suis souvent victime de la violence, dans mon propre foyer », raconte madame Furaha Agisha, une femme de 32 ans qui est mère de six enfants. « Mon mari m’impose de faire beaucoup de choses sans mon consentement. La situation de violence me fait peur. J’ai de dénoncer les faits ou d’informer les agents de santé ou ma famille, car je ne veux pas perdre mon foyer ».

« A mon âge je ne peux plus me permettre de vivre chez mes parents », continue cette dame. « Si je pars chez mes parents, je ne saurai pas garder mes enfants à la maison. Voilà pourquoi je ne dénonce pas les faits officiellement. J’aimerais que les ONG viennent apprendre à nos maris et à nos jeunes garçons comment ils peuvent traiter les filles et les femmes comme des êtres humains au lieu de nous traiter comme des animaux ».

Des bandits à Kitshanga

Les violences faites aux femmes deviennent monnaie courante dans plusieurs coins de la province du Nord-Kivu. Un cas récent : à Kitshanga, dans le territoire de Masisi, les femmes ne peuvent plus vaquer à leurs activités champêtres suite aux intimidations de bandits qui sèment la terreur dans la zone.

Tatiana Francine Mukanirwa.

Tatiana Francine Mukanirwa est une étudiante à la faculté de droit à Goma. En même temps elle est coordinatrice d’une association qui se penche sur les violations faites aux femmes. « Trop c’est trop », dit Francine. « Les filles et les femmes doivent se prendre en charge. Elles doivent dire non aux différentes formes de violence, subies souvent depuis plusieurs années ; c’est traumatisant pour le reste de la vie ».

Des viols à Bugamba

Tatiana a vu des femmes qui avaient été violées dans le territoire de Nyarigongo, plus précisément au village de Bugamba. Dans cette localité cinq femmes avait été violées sans aucune intervention des autorités.

« J’avais suivi avec attention le dossier de ces cinq femmes, qui avaient été enlevées et violées par des inconnus », explique l’étudiante. « Après quatre jours de détention ces femmes ont été ramenées. Notre association s’est occupée de ce dossier mais cela n’a pas été facile. Malheureusement trop d’associations disent intervenir pour aider les femmes mais en pratique elles ne font rien pour aider les femmes à oublier ce qui leur est arrivé. Cette situation à Bugamba nous a vraiment bouleversé ».

Selon Tatiana il faut vraiment considérer les victimes des violences au Nord-Kivu. « Il ne faut pas les abandonner à leur triste sort mais leur donner l’espoir à une vie meilleure. On ne peut pas traiter les femmes comme des domestiques. Quand une fille est violée, elle doit dénoncer cela. Ce n’est pas un tabou parce que la santé n’a pas de pièces de rechange. Il faut trouver plus d’assistance pour les victimes ; il faut que le gouvernement congolais fasse beaucoup de plaidoyers au niveau international et que les autorités assument leurs responsabilités. Faisons tout pour protéger les femmes et pour les éduquer car éduquer une femme c’est éduquer toute une nation. A la communauté internationale nous demandons de considérer plus les violences faites aux femmes congolaises ».

Plusieurs gomatriciennes constatent que les femmes sont souvent victimes de violences dans les heures vespérales. Cela les inspiré à éviter des activités dans les heures vespérales pour minimiser les risques.

Leadership féminin

Benithe Kabeza.

Benithe Kabeza est une jeune fille vivant à Goma. Elle se demande si certaines violences ne sont pas liées à la peur du leadership féminin. « Beaucoup d’hommes ne veulent pas que leurs femmes travaillent. Ils ont peur que ça va carrément changer l’attitude des femmes, mais je ne suis pas d’accord avec cette idée ».

Selon Benithe les femmes doivent vivre leur leadership et briser la peur. Quand les femmes vivent des difficultés, elles doivent s’adresser aux associations, dit cette jeune gomatricienne. « Les associations vont leur apprendre comment jouir de leurs droits comme toute autre personne. Il faut arrêter à marginaliser les femmes. Certaines femmes sont capables de faire mieux que certains hommes dans la société. Que les filles et les femmes se mettent à tables avec nos frères pour les faire comprendre que la femme contribue, elle aussi, à l’émergence du pays ».

Claude Faida Simwerayi est membre d’une association à Goma. Pour lui les hommes doivent chaque fois appuyer les femmes à dénoncer des violences subies, car l’humanité compte beaucoup sur elles. « Nous sommes en train de montrer à la nation que la femme c’est une force. Elle parviendra à bien assumer sa tâche partout dans le monde ».

Monsieur Simwerayi croit à la capacité des femmes de bien défendre leurs droits. « Nous allons faire tout pour continuer à sensibiliser les filles et les mamans. Il faut les rendres plus solides quelques soient les difficultés qu’elles traversent ».

A noter est que les femmes congolaises sont souvent bloquées dans des structures sanitaires quand elles doivent accoucher. La raison : le manque de moyens pour payer la facture ! C’est courant que des femmes sont retenues par les responsables des zones de santé ; en ne pas sachant payer la facture elles doivent passer la nuit à la belle étoile sans aucune assistance ; une situation qui joue sur la psychologie de la maman et de son enfant.

Prenons le cas d’une structure de santé publique à Goma. Là-bas une dizaines de femmes sont gardées comme des prisonnières. Quand il pleut abondamment ces femmes passent des moments cauchemardesques. Les autorités ne font rien dans cette situation. Et les organisations humanitaires se taisent elles aussi.

© CongoForum – Paulin Munyagala, 26.11.19

Images – source : CongoForum

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