Mgr. Ambongo: “Tout ce qui se passe à Beni, est une des stratégies pour matérialiser le plan de balkanisation de la RDC” (CongoForum)

BUTEMBO / BENI – En séjour dans le Grand-Nord de la province du Nord-Kivu, l’Archevêque métropolitain de Kinshasa et Cardinal de l’Eglise catholique du Congo a conféré ce lundi 30 décembre 2019 avec la délégation du caucus des députés de cette partie du pays. La rencontre a eu lieu à l’évêché du diocèse de Butembo-Beni dans l’avant midi. Les questions de la situation sécuritaire de Beni-Lubero ont essentiellement émaillé la discussion entre monseigneur Fridolin Ambongo et les élus de cette zones en proie aux massacres.

« L’inquiétude de la population de Butembo, c’est la même que nous les évêques du Congo nous partageons. Nous avions déjà dénoncé à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays, dans une déclaration sur les risques de la balkanisation de notre pays. Depuis mon arrivée ici j’ai écouté beaucoup, et malheureusement, je dois dire que le risque est reel », a déploré le Cardinal Fridolin Ambongo devant la presse.

A la question de savoir ce que le peuple doit attendre de l’Eglise face à cette menace, l’Archevêque métropolitain de Kinshasa indique que le rôle de l’Eglise est essentiellement prophétique et celui de la sentinelle.

« L’Eglise est là pour sonner l’alarme, réveiller la population qui dort pour dire que le danger de la balkanisation est là. Pas seulement la population, mais ceux qui nous gouvernent, ceux qui sont au pouvoir. On a des fois l’impression que les gens passent leur temps à faire des fêtes, à se quereller autour de futilités à Kinshasa alors que le risque de balkanisation de notre pays est reél. L’Eglise est là pour sonner l’alarme, pour réveiller la population, réveiller la conscience des dirigeants qu’ils regardent ce danger en face et qu’ils prennent toutes les dispositions qu’il faut pour arrêter ce risqué ».

Quelle sera la nature de ce qui sera son engagement pour mobiliser la communauté internationale pour que cessent ces massacres à Beni et dont il a palpé la virulence sur le terrain? Mgr. Ambongo a rappelé que le travail du Cardinal c’est le travail de l’Eglise, il a indiqué qu’on ne peut pas banaliser se qui se passe à l’Est du Pays.

« Je crois que mon travail comme celui de l’Eglise c’est de réveiller la conscience de l’humanité, de la communauté internationale et de nos dirigeants que ce qui se passe à Beni, n’est pas isolé du plan de balkanisation de notre pays. Moi je suis convaincu que ce qui se passe en territoire de Beni a des liens intrinsiques avec ce qui se passe en Ituri, à Rutshuru et à Minembwe au Sud-Kivu, il y a une connexion qui se fait quelque part, et je crains que cette connexion n’aille dans la direction de ce que nous craignons, de ce que nous redoutons, la mise en application du plan de la balkanization ».

A la population, le cardinal Ambongo rappelle qu’elle ne peut compter que sur elle-même avant de compter sur les FARDC, la police, la MONUSCO. « Je crois que le premier garant de l’unité de notre territoire c’est d’abord la population. Cette conscience nationale, que nous sommes des congolais et ce pays Dieu nous l’a donné, ça s’appelle le Congo, et le Congo c’est notre pays. Je crois que si de la part de la population il y cette prise de conscience d’appartenance à une nation qui s’appelle le Congo, l’ennemi pourra essayer tout ce qu’il veut, mais il ne passera pas ».
Après quatre jours de réconfort et de sollicitude avec la population de Butembo-Beni, mgr. Ambongo quitte la région de l’Est ce mardi pour Kinshasa, selon le programme de son agenda.

© CongoForum – Roger Mulyata, 31.12.19

Image: mgr. Fridolin Ambongo
Source: 7sur7.cd

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