Que se passe-t-il à la chancellerie de la RDC au Cameroun ? (CongoForum)

YAOUNDE – Depuis quelques jours, certaines presses numériques, notamment, www.afri-pulse.net ont fait état d’une affaire qui se passe à la représentation diplomatique de la RDC au Cameroun, opposant le chargé d’affaires avec un conseiller d’ambassade en fin de mission depuis quelques mois. Ce dernier refusait de rentrer au pays et serait resté au Cameroun sous prétexte de réclamation de ses redevances salariales de 4 mois.
Des contre-vérités ont été publiées sur cette affaire, prétextant que M. Jonathan Tanga a été enlevé et séquestré dans un lieu tenu secret, sur ordre du chargé d’affaires avec la complicité de la police camerounaise. Ce qui n’est pas conforme à la version officielle des faits. CongoForum revient sur le déroulement des faits depuis Yaoundé.

L’affaire est divulguée sur la toile, suite à une correspondance de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) adressée au Ministre des affaires étrangères de la République Démocratique du Congo. Cette ONG, saisie par le fils de M. Tanga, met en cause dans son courrier, le chargé d’affaires de la chancellerie congolaise au Cameroun, Emile Okoto, et dit qu’il a fait enlever et séquestrer l’ex-conseiller Jonathan Tanga en complicité avec la police camerounaise. Elle demande, par ailleurs, à Madame la Ministre Tumba Nzeza de faire libérer M. Tanga et de d’initier les mesures disciplinaires contre le chargé d’affaires et ses collaborateurs. Ce qui n’est pas conforme à la version de faits, à en croire la version livrée par des sources proches des autorités diplomatiques de la RDC au Cameroun à CongoForum.

En effet, en date du 4 décembre 2019, sur demande de la représentation diplomatique de le RDC au Cameroun, une descente a été effectuée à la résidence de l’ex-conseiller par les éléments du groupement mobile d’intervention (GMI) de la police camerounaise escortés par M. Kakule Musambali Célestin pour récupérer le véhicule et accessoires diplomatiques. « Ils avaient mandat de réquisitionner le véhicule de fonction ainsi que des plaques d’immatriculation diplomatique que détenait encore ce dernier. Arrivés sur les lieux, ils ont été contraints de conduire M. Tanga à la délégation générale à la sûreté nationale (DGSN) car il n’a pas voulu collaborer », renseigne une source fiable. « Face à ce refus de collaborer, la décision a été prise de le garder à vue, étant donné qu’il n’avait pas facilité aux forces de l’ordre de faire leur travail », a ajouté la source.

Quelques jours après, André Tanga, le fils de l’ex-conseiller a été reçu par le chargé d’affaires en vue de tirer la situation au clair devant témoins. Une somme d’argent a été remise à ce dernier pour la ration de son père. « Le fait que le chargé d’affaires ait donné de l’assistance prouve à suffisance qu’il n’avait aucun ressentiment envers M. Jonathan Tanga, comme l’ont prétendu certaines presses. D’ailleurs, nous avons appris que l’ambassade de la RDCongo continue à prendre en charge, grâce aux frais de fonctionnement, son loyer malgré qu’il soit resté volontairement à Yaoundé, bien qu’étant rappelé à Kinshasa. Donc je ne pense pas que c’est une histoire d’animosité », a déclaré un autre compatriote qui a requis de l’anonymat.

Allégations fallacieuses

Une fois la nouvelle répandue, certains compatriotes ont, à travers les réseaux sociaux, fait des publications accusant les autorités diplomatiques d’avoir violé l’immunité diplomatique de M. Tanga parce qu’il a réclamé ses redevances. Et certains webzines ont également fait écho de cette information abondant dans le même sens. « C’est vraiment triste ce que les compatriotes écrivent. Sans recouper l’information, des allégations fallacieuses ont été publiées sur les réseaux sociaux. Sauf si ma mémoire me trahit, les diplomates en mission sont payés par le ministère de tutelle. C’est aberrant que M. Tanga puisse réclamer ses arriérés salariaux auprès du chargé d’affaires. Et il semblerait qu’avant cette étape, ce dernier venait dans la chancellerie en proférant des menaces et propos désobligeants envers le chargé d’affaires. Mais celui-ci n’a aucune fois pensé à appeler les forces de l’ordre. Donc je pense qu’il y a des propos dénués de tout fondement et de vérité dans cette affaire. Il est en garde à vue pour n’avoir pas daigné collaborer avec la police qui venait pour une autre mission. Il a obligé les forces de sécurité à utiliser une autre mesure pour le contrôler ; Et surtout qu’il n’est plus en fonction au Cameroun », confie un congolais vivant au Cameroun qui a requis l’anonymat.

Par ailleurs, un autre compatriote de la diaspora congolaise au Cameroun s’inscrit en faux quant aux affirmations de l’ONG ACAJ selon lesquelles M. Tanga est détenu dans un lieu tenu secret où il ne peut recevoir la visite de membres de sa famille, ni d’avocats. « Il est en garde à vue au GMI. Comment peut-on insinuer qu’il détenu en lieu tenu secret? Nous avons appris que ses proches lui rendent visite », a-t-il déclaré.
La communauté congolaise du Cameroun reste réticente et ne veut pas se prononcer sur cette affaire car elle estime que c’est un problème interne à la chancellerie. Tous émettent voir l’affaire se dénouer dans l’amabilité. Et ont apprécié l’attitude du chargé d’affaires malgré toutes accusations portées contre lui. « Le chargé d’affaires a convoqué une réunion avec certains leaders de la diaspora, notamment certains pasteurs, pour donner la bonne version des faits et tout le monde est reparti satisfait », conclut-il.

« Dura lex, sed lex », dit-on !

© CongoForum – Arnaud Kabeya, 20.12.19

Image – source: Wikipedia

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.