Hamuli Kibambazi : « Depuis 30 ans je transporte des sacs de braises, je vis grâce à ce travail » (CongoForum)

GOMA – Hamuli Kibambazi est très connu dans la ville de Goma à l’est du Congo. On l’admire pour son travail et sa bravoure. Depuis 30 ans il est transporteur de sacs de braises. Hamuli, qui a 60 ans, est le père de 4 enfants. Il raconte son histoire à CongoForum.

Malgré son âge Hamuli se montre encore fort et dynamique dans son travail. En dépit de tout il a le sourire : ce modeste travail le rend un peu autonome. Depuis longtemps il arrive à prendre sa famille en charge sans aucune assistance des autres. Avant de devenir transporteur il était domestique chez un homme riche dans la ville de Goma. Ce patron le traitait mal, raison pour laquelle il a abandonné ce job pour créer sa propre petite activité.

« Exercer mon travail est un réel plaisir parce que je ne dois pas quémander pour trouver à manger ou pour m’habiller. Avant j’étais maltraité par mon patron. Avec ma propre activité je ne me plains pas trop, moi et ma famille nous vivons grâce à mon sueur. »

Au village

Hamuli vit loin de la ville de Goma, dans le village de Mudja, en territoire de Nyiragongo. Vers 5 heures du matin il arrive au marché à Goma Alanine pour attendre les gens qui viendront acheter les braises dans les depots. Il est toujours présent pour transporter ces braises aux domiciles des clients, du matin au soir. Vers 19h00 il rentre chez lui pour apporter à manger à sa famille.

« Le village est assez loin. Chaque jour je quitte très tôt le matin pour aller à pied. Le soir je retrouve ma femme et mes enfants. Ce n’est pas toujours facile mais je n’ai pas de choix, c’est mon métier de tous les jours. Si je ne pars pas en ville, mes enfants n’iront pas à l’école et n’auront pas à manger ».

Hamuli est le seul homme dans les dépôts de braises, ses collègues sont des femmes. Mais il n’a pas honte de bien faire son travail. « Souvent les femmes me disent que ce travail de transporter au dos n’est pas pour moi mais plutôt pour elles-mêmes. Parfois je me décourage. Mais j’ai réussi à me faire accepter par ces femmes qui vivent aussi grâce à ce travail ».

Besoin d’une brouette

Le transporteur ne manque pas d’humour. Parfois son dos pose problème. Dans ce cas il emprunte une brouette chez ses amis, et il leur paye quelque chose le soir. « Si j’arrive à trouver ma propre brouette, ce sera un grand pas en avant pour ma santé. Cela me permettra de continuer à exercer mon métier ».

Hamuli Kibambazi encourage tous les jeunes congolais à aimer le travail. « Pas tout le monde est né pour travailler dans un bureau », dit-il. « Si tout le monde a le courage de travailler, la RDC sera un paradis sur terre ».

© CongoForum – Paulin Munyagala, 14.01.20

Images – source: CongoForum