L’inopportunité d’appliquer la gratuité de l’enseignement de base en RDC

(Réflexion)

KINSHASA – Depuis l’accession au pouvoir du Président Félix Antoine TSHISEKEDI au mois de janvier 2019, les congolais s’arrangent toujours, chaque fois que l’occasion le leur permet, au pays ou même à l’étranger, de lui chanter « le peuple d’abord ». Une façon pour ce peuple de rappeler à son Président les idéaux du parti « Union pour la Démocratie et le Progrès Social » (UDPS en sigle) qui sont entre autres l’amélioration du social des congolais.

C’est dans cet optique que Monsieur TSHISEKEDI, devenu Président de la République Démocratique du Congo, a cherché à concrétiser l’une de ses promesses de campagne au mois de décembre 2018 de rendre gratuit les enseignements dans les classes de base, comme le stipule la Constitution de la République Démocratique du Congo.

Cette disposition constitutionnelle, qui aurait pu être d’application depuis 2006, ne l’a jamais été privant ainsi des jeunes congolais d’un enseignement gratuit avec une égalité de chances pour tout le monde.

Dans le but de réparer cette injustice qui a beaucoup préjudicié la jeunesse depuis, le Président TSHISEKEDI a, malheureusement, on doit se le dire, fait justice à cette volonté nationale exprimée dans la Constitution.

Dans un sursaut d’orgueil, promesse de campagne oblige, le Président avait pris sa décision alors que beaucoup de préalables n’étaient pas encore remplis entre autres :

  1. La construction de ± 2.000 écoles promises. En 2018 seulement 246 écoles étaient construites.
  2. Les 246 écoles construites l’étaient dans des provinces présidentielles, moins encore, inachevées.
  3. Il aurait fallu procéder à un recensement scientifique des écoles car, beaucoup d’entre elles n’existent que de nom avec beaucoup de fictifs.
  4. La situation pendante des nouvelles unités (N.U) et des non-payés (N.P).
  5. Que faire des provinces où rien n’a été construit ? Elles sont les plus nombreuses, semble-t-il ! Que prévoit le gouvernement alors qu’un village comme Ngwene situé dans la capitale n’a qu’un hangar scolaire construit et équipé par l’UNITE PASTORALE EMMANUEL ? Puisqu’il faut être juste.

Que peut-on retenir de cette gratuité sans préparation aucune?

Elle a occasionné un flux massif des élèves vers les écoles officielles et/ou conventionnées gratuites. Entrainant un débordement de celles-ci qui pour la plupart ne disposent pas d’infrastructures d’accueil viables.

Des syndicats des enseignants qui montent aux créneaux avec des cahiers de charges.

A l’heure qu’il est, les N.U et les N.P sont démotivés parce que se retrouvant sans prime ni salaire.

Par rapport à tout cela, l’objectif réel de la gratuité, a-t-il été atteint ?

Pour ainsi dire, cette situation semble être une utopie.

Les autorités congolaises doivent après plus de 60 ans d’indépendance du pays, arrêter de gérer le pays uniquement dans le seul but de se faire plaisir. « Gouverner, c’’est prévoir », dit-on. Ainsi les programmes gouvernementaux doivent être harmonieusement liés et échelonnés les uns après les autres, constituant un tout systémique, non pour un bonheur éphémère d’une infine minorité, mais de tout un peuple et de toute la nation congolaise.

Epicure Bohi, janvier 2020

Image – source: AfricaNews

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