Nord-Kivu: le gouverneur Carly Nzanzu Kasivita qualifié de tribaliste par certains politiques et analystes de la province (CongoForum)

GOMA – Le gouverneur Carly Nzanzu Kasivita est qualifié de ‘tribaliste’ par certains politiques et analystes de la province du Nord-Kivu, ceci après le remaniement de son cabinet en début de la semaine en cours. Son intervention suscite mal de réactions de la classe politique et de la société civile.

Certains politiques pensent  que, depuis l’arrivée de Carly Nzanzu Kasivita à la tête de la province, le tribalisme est devenu un critère primordial dans le recrutement au sein de certaines institutions. Et pourtant l’élection de Carly comme gouverneur de la province a été applaudie par la majorité des communautés dans le Nord-Kivu car tout le monde voyaient en lui un jeune calme, courageux et déterminé à gouverner autrement. Personne ne connaissait le caractère tribal qui se cachait derrière son calme.

“Son arrivée à la tête de la province avait suscité un espoir pour un développement intégral de la province mais malheureusement, l’arbitraire et l’injustice deviennent ses stratégies pour éliminer les membres issues d’autres communautés”, disent des observateurs et analystes. “Aujourd’hui, l’hôpital général de référence de Goma est devenu une propriété privée du gouverneur dans laquelle il distribue des postes aux membres de sa communauté après avoir renvoyé tout celui qui n’est pas Nande. Nous exigeons que ces victimes du tribalisme soient rétablies dans leurs droits conformément à la décision rendue par la justice”.

Népotisme

Quelques notables, aussi au niveau provincial, disent dénoncer cette façon de diriger du jeune gouverneur de seulement 43 ans. « Nous dénonçons cette manière de gérer car le népotisme est une antivaleur à combattre ! Nous en profitons pour lancer un appel au chef de l’état, au parlement et au gouvernement de réfléchir sur la manière dont cette province doit être gérée  afin qu’une communauté majoritaire  ne s’en empare à jamais sinon, ça risque de créer des frustrations qui vont encourager les conflits interethniques ».

Beaucoup de notables de la province et des députés issus d’autres communautés, à l’occurrence l’honorable Prince Kihangi, député provincial, ont dénoncé ce comportement tribaliste qui anime le gouverneur. En disant qu’ un gouvernorat rotatif – pour que les gouverneurs issues d’autres communautés se retrouvent aussi – serait une solution et un remède au népotisme. Car, l’élection des gouverneurs au Nord-Kivu n’est pas une compétition entre meilleurs mais une compétition entre communautés ethniques. La grande communauté s’en empare après une alliance avec des minorités.

Les guerres à répétition dans le Masisi et dans le Rutshuru ont occasionné la fuite de nombreux membres de la communauté rwandophone en Ouganda, au Rwanda et ailleurs. Pourtant, le gouvernement sait que cette politique de brûler le petit Nord de la province en y créant des centaines des groupes armés sous motif de combattre soit le CNDP ou soit les rwandais a été savamment créée par l’abbé Malu-Malu lors de la conférence Amani de Goma. 

Trop de Nande 

Les notables ont témoigné que le gouverneur a nommé dans son cabinet à 95% les Nande  comme si la province qu’il dirige était habitée uniquement par les Nande. Ils ajoutent que même l’entourage du Gouverneur de province est composé de personnes Nande.

« Nous en profitons aussi en tant que notable et surtout en tant que fils de Goma de porter la voix de ces victimes qui ont perdu leurs emplois à cause de leur appartenance ethnique. Ce qui va dévoiler en plein jour son caractère colliniste, c’est la composition de son cabinet. Tout le monde avait crié au scandale et au népotisme. Tant qu’il n’y aura pas la paix au petit Nord de la province, les populations ( rwandophones, Hunde, Nyanga,…) seront toujours une minorité car des milliers de leurs membres sont confinés dans des camps des réfugiés en Ouganda, au Rwanda, au Kenya et au Burundi ».

© CongoForum – rédaction, 15.01.20

Image: Carly Nzanzu Kasivita

Source: La République

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