17 02 20/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE LUNDI (Dialogue)

Sommaire

Les médias de Kinshasa déplorent, en ce lundi 17 février 2020, l’accident qui a coûté la vie à plusieurs personnes dimanche 16 février. Le reste de l’actualité est dominé, entre autre, par le meeting de l’UDPS à l’occasion de son 38ème anniversaire, sur la commémoration de la « Marche des Chrétiens, l’affaire Jacques Matand ainsi que sur l’interpellation de l’ancien patron de l’ANR Kalev Mutond.

Kinshasa endeuillé par un grave accident de la route

AFP et Radio Okapi annoncent «Kinshasa : un grave accident cause la mort de 15 morts et au moins 40 blessés (bilan provisoire) »

« Plus de dix personnes ont été tuées et 41 blessées par un camion qui percuté d’autres véhicules et fauché des passants à la suite d’un problème de freins, selon un premier bilan de la police.

«Il y a dix morts jusque là et 41 blessés », a déclaré à l’AFP Miguel Bagaya, chef du département de la sécurité publique à Kinshasa suite à un grave accident de circulation routière qui a eu lieu ce dimanche 16 février au niveau du triangle menant vers le campus de l’Université de Kinshasa (Unikin), non loin du Rond-point Ngaba.

Présent sur place, l’officier de police a parlé d’une collision d’« un grand camion contre un taxi-bus », à proximité de passants. Selon les témoignages recueillis, le camion a eu « un problème de freins », a-t-il ajouté.

Le camion-benne a tamponné huit véhicules vers midi, d’après le témoignage d’un habitant, Joseph Enenge, sur la radio onusienne Okapi. « Il y a plus ou moins 30 morts », a estimé le témoin, un étudiant à la faculté des sciences sociales de l’université de Kinshasa (Unikin), voisine des lieux de l’accident.

Ce bilan ne tient pas compte d’autres cas amenés dans d’autres centres de santé

Selon le ministre de la Santé, Dr Eteni Longondo, qui est arrivé aux Cliniques universitaires de Kinshasa (CUK) où sont acheminés certains blessés et les personnes décédées, il y aurait 14 morts ont été déposés à la morgue de la clinique. Il a visité quelques malades, une quarantaine, hospitalités aux CUK.

La clinique Mubila située non loin du lieu de l’accident a enregistré 16 blessés graves et un mort.

Le gouvernement va prendre en charge toutes les victimes de cet accident, a indiqué Dr Eteni Longondo. Il ajoute que les Cliniques universitaires de Kinshasa seront appuyées en médicaments pour mieux prendre en charge les blessés ».

Mediacongo.net signale un «Accident de Mont-Ngafula: 14 morts, 48 blessés, Félix Tshisekedi prend tout en charge »

« Alors que les Congolais commémoraient les 28 ans du massacre des chrétiens, soit le 16 février 1992, qui exigeaient la réouverture de la Conférence nationale souveraine, un grave accident de route s’est produit ce dimanche 16 février 2020. Bilan provisoire, 14 morts, 48 blessés dont trois dans un état désespéré.

Le gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, ainsi que le Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Gilbert Kankonde, se rendus sur place pour constater cette catastrophe qui endeuille, une fois de plus, les Congolais.

« Tous les corps sont pris en charge et conservés à la morgue des Cliniques universitaires de Kinshasa (CHK) », rassure Gentiny Ngobila qui n’exclut pas la possibilité de revoir le bilan à la hausse.  » On essaie de localiser d’autres blessés acheminés dans des centres médicaux les plus proches du lieu de l’accident. Mes Condoléances aux familles éprouvées », poursuit-il.

Entre-temps, selon des sources médicales, les Cliniques Universitaires de Kinshasa ont besoin des donneurs de sang bénévoles.

Plusieurs blessés ont besoin du sang pour survivre, alerte-t-on.

Au lieu de l’accident, Gentiny Ngobila apprend que le conducteur a pris la fuite. « Les services de la Police sont en train de le rechercher. J’espère qu’on va le retrouver », rassure-t-il.

Aussi, « la morgue des Cliniques universitaires n’a pas la capacité de contenir autant de morts. Nous avons fait venir deux ambulances qui embarquent environs 9 corps pour les acheminer vers Mama Yemo ».

En attendant, « la ville a remis une petite enveloppe, mais le Chef de l’Etat a promis de tout prendre en charge », à en croire le Vice-premier ministre de l’Intérieur ».

Le Phare titre « Boucherie humaine au « triangle » de l’UNIKIN »

Jour consacré à Dieu pour les croyants, le dimanche 16 février s’est curieusement transformé en un véritable cauchemar pour les habitants de Kinshasa. Un accident de circulation d’une extrême horreur a brutalement arraché à la vie à 15 Kinois, plongeant par le fait de nombreuses familles dans le deuil, rapporte Le Phare.

Selon les témoins de l’événement, indique ce journal, un camion benne en provenance de Mont-Ngafula sur l’avenue By Pass, accusant probablement une défaillance des freins, a marché littéralement sur plusieurs véhicules petit gabarit (taxis et taxi-bus), moto et piétons dans des obstacles ainsi créés.

Environ 40 corps sans vie et plusieurs blessés ont été dénombrés à l’arrêt Triangle situé entre les communes de Ngaba et Makala, note pour sa part Le Potentiel.

Les victimes (blessés et morts) ont été évacuées vers les Cliniques universitaires de Kinshasa, ajoute ce quotidien.

Alors que les premiers chiffres rapportés par la police indiquaient 11 morts, explique Actualite.cd qui s’appuie sur les sources du ministère de la Santé, 14 corps ont été acheminés à la morgue des Cliniques universitaires.

Les mêmes sources précisent que ce bilan peut encore varier étant donné que d’autres blessés ont été acheminés dans d’autres structures médicales, conclut le site web, parlant d’une quarantaine d’accidentés.

Aussitôt informé, rapporte Forum des As, le gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka, s’est rendu sur place pour s’enquérir de la situation.

A en croire Gentiny Ngobila, les autres cas de blessés graves non encore stabilisés, se trouvent aux soins intensifs des Cliniques universitaires et au bloc opératoire, ajoute le tabloïd.

La morgue des Cliniques universitaires n’ayant pas la capacité de contenir plusieurs morts, deux ambulances ont embarqué environ 9 corps pour les acheminer vers l’ex-hôpital Mama Yemo, indique ce journal.

38 ans de l’UDPS

« Appel à l’arrestation de gros poissons » titre en manchette Le Potentiel consacré au meeting de l’UDPS au stade des Martyrs le dimanche 16 février. « En mobilisant des milliers de combattants pour commémorer le 38ème anniversaire de l’UDPS et, surtout, en leur délivrant un message aux accents particulièrement combattifs et radicaux, le président a.i. de l’UDPS, Marc Kabund a Kabund, a sans coup férir fait l’unanimité », écrit Le Potentiel

L’UDPS, qui a l’ambition de rester au pouvoir aujourd’hui, demain et éternellement, entend conserver par tous les moyens légaux, la moindre parcelle de pouvoir déjà conquise à ce jour. De ce fait, le parti ne laissera à aucun acteur politique l’occasion de gâcher le mandat de Félix Tshisekedi, qui doit rester strictement au service du peuple et non d’une poignée d’individus. Ici allusion est faite à tous les jouisseurs et proches collaborateurs du président de la République. Sur ce chapitre, « l’UDPS exige la démission de toute personne, quels que soient son rang et ses fonctions, citée ou sur qui repose une once de soupçon dans le cadre des travaux de 100 jours du chef de l’Etat ».

Le Potentiel titre encore «Le gardien du temple »

« En mobilisant des milliers de combattants pour commémorer le 38ème anniversaire de l’UDPS et, surtout, en leur délivrant un message aux accents particulièrement combatifs et radicaux, le président a. i. du parti, a sans coup férir fait l’unanimité.

Avec un stade des Martyrs plein à craquer, samedi 15 février 2020, Marc Kabund a Kabund a autant surpris ses adversaires que réarmé ses partisans. Il a qualifié ces derniers de «dignes et exemplaires» pour être demeurés «les véritables gardiens du temple».

Plus qu’un discours-bilan, l’allocution de Kabund est tournée vers l’avenir. Il a rappelé aux combattants que leur parti constitue «une force politique incontournable». Dans un style sibyllin, il a lâché que, face aux flottements de la coalition CACH-FCC, «le combat [de l’UDPS] doit se poursuivre» afin que le président de la République recouvre le plein exercice de ses prérogatives constitutionnelles.

Très intéressant encore, l’appel aux combattants pour «protéger et conserver, par tous les moyens légaux, la moindre parcelle de pouvoir déjà conquise» car, s’est défendu Kabund, «telle est la vocation de tout parti politique».

Il a enchaîné : «Nous sommes les descendants des 13 parlementaires. En tant que fils spirituels, nous avons hérité d’un passé héroïque». Un héritage qui ne va pas sans responsabilité : «Nous avons le devoir d’éduquer, de former et d’informer… Notre devoir, c’est d’instaurer un autre système politique : l’État de droit».

En bon gardien de temple, le président a.i. de l’UPDS invite ses camarades à un sursaut de patriotisme : «Nous devons pleinement jouer notre rôle de sentinelle de la vision du président de la République».

Dans l’ensemble, un discours reçu 100% par tous les combattants, au pays et dans la diaspora ».

La Prospérité titre « 38ème anniversaire d’existence de l’UDPS: Bruno Tshibala prône la démocratie et la lutte contre la démocrature »

« 38ème anniversaire d’existence officielle de cette formation politique. Cela s’est déroulé samedi 15 février dernier, date qui marque la création de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, soit le 15 février 1982.

En marge de cette commémoration, Bruno Tshibala a eu à rappeler l’importance des valeurs de la démocratie au sein de la République et met le cap sur la lutte contre la démocrature, qui n’est rien d’autre qu’une forme de dictature camouflée par un semblant de démocratie. ‘’Car, sans la démocratie, il n’est pas possible de bâtir un Etat de droit’’, a-t-il renchéri en se confiant à la presse.

Presse – militants – et cadres du parti présents ont pu assister, à l’occasion, à une magistrale intervention de Brutshi retraçant le parcours du parti et fixant les perspectives d’avenir. Avant de procéder à la présentation des cadres du parti, dans le cadre de sa restructuration. C’est dans une ambiance festive entre différents membres du parti qu’a pris fin cette rencontre. UDPS, un parti – une histoire – un parcours.

Non à la démocrature

Lorsque la démocratie perd ses élans, l’Etat sombre dans la démocrature. C’est ce qu’a fait comprendre Tshibala en renouvelant l’appel à la lutte démocratique et à la lutte anti-démocrature, s’adressant à l’ensemble de la population congolaise, au travers de la presse présente à la cérémonie des 38 ans de l’Udps. Car, en effet, la démocrature est une sorte de dictature camouflée par un semblant de démocratie.

Cap sur les 40 ans

Il a également peint combien, en 38 ans d’existence, l’UDPS a eu à fortement influencer le cours de la vie du pays. Il en a profité pour réveiller la conscience des militants pour les deux prochaines années, étant donné que dans ce délai, le parti aura totalisé 40 ans. En 4 décennies, il appelle le parti à davantage se démarquer sur la scène politique congolaise et dans le quotidien de la nation.

Chroniques de l’UDPS : Un parti – une famille

D’aucuns de ceux qui étaient présents ont pu assister à un exposé magistral sur l’histoire de l’UDPS présenté par Brutshi. Un véritable parcours avec les circonstances de sa création, les difficultés rencontrées, jusqu’à en arriver au point d’aujourd’hui. Une incroyable matière d’histoire.

Une étape de la rencontre a été consacrée à la présentation du nouveau collège de cadres du parti, dans le cadre de sa restructuration, en vue de le rendre plus dynamique.

C’est dans une ambiance festive que la cérémonie a pris fin entre les différents membres du parti. 38 ans, cela se célèbre ».

Africanews donne de l’événement un compte-rendu tout différent, qui accuse, à, demi-mot, l’UDPS de lancer une « chasse aux sorcières ». Il titre «  Construction des Sauts-de-mouton: Kabund et Kabuya en contradiction avec Felix Tshisekedi ? »

« À l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS-, le chef du parti, Jean-Marc Kabund, et son SG Augustin Kabuya ont une autre appréhension du dossier de construction des sauts-de-mouton à Kinshasa. Ils sont en contradiction avec le constat fait par le Président de la République, issu de l’UDPS, le jeudi 13 février dernier lors de sa visite d’inspection dans différents chantiers. « Le constat général est satisfaisant », a déclaré le Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi lors de la 21ème réunion du Conseil des ministres, tenue le vendredi 14 février 2020 à la Cité de l’Union africaine.

Prenant à contre-pied le Président Fatshi, Jean-Marc Kabund, à la faveur de la célébration du 38ème anniversaire de l’UDPS, a, devant des milliers des combattants présents au Stade des Martyrs, dit: « le constat est d’autant plus amer que la désolation fait froid au dos. En effet, tout porte à croire qu’il s’est réellement passé quelque chose d’anormal. Raison pour laquelle, nous, l’UDPS, souhaitons qu’une mission d’audit soit rapidement diligentée ».

Kabund et Kabuya exigent des démissions

Les propos de Kabund, croit-on, sont de nature à provoquer une situation explosive alors que le Président Félix Tshisekedi, réputé pacifiste, tient à calmer les esprits déjà surchauffés à cause entre autres des embouteillages provoqués par les travaux de construction des sauts-de-mouton.

S’inscrivant dans une posture de résoudre les problèmes plutôt que d’en créer, le Président de la République a instruit le Commissaire général et le Commissaire provincial de la PNC « d’assurer la sécurité des chantiers, la fluidité de la circulation des véhicules, ainsi que l’interdiction de l’installation des marchés pirates autour et près des chantiers ».

Pendant ce temps, Jean-Marc Kabund s’active à chercher les poux dans une tête chauve, croyant dur comme fer que « les 100 jours du Chef de l’Etat font l’objet d’un scandale qui révolte la conscience RD-congolaise ». En plus, le président a.i de l’UDPS a appelé la justice à se saisir de l’affaire de construction des sauts-de-mouton pour établir des responsabilités. « En attendant, l’UDPS exige la démission de toute personne quel que soit son rang… citée ou sur qui repose une hausse soupçon dans le cadre de travaux des 100 jours », a-t-il lancé le samedi 15 février au Stade des Martyrs.

Jean-Marc Kabund et son acolyte Augustin Kabuya en « fauteurs des troubles »

Des déclarations qui sentent une forte odeur d’un parti de l’opposition plutôt que d’un parti présidentiel, sensé proposer des solutions concrètes et pragmatiques dans pareilles situations où le Président se démerde à apporter aux RD-Congolaises et RD-Congolais le soulagement tant désiré. Pire, Kabund se permet délibérément de contredire publiquement le Président Félix qui, la veille de la célébration de l’anniversaire de son parti d’origine, a solennellement fait le constat satisfaisant de l’évolution des travaux, rassurant en plus que ces derniers vont prendre fin d’ici le 30 mai 2020.

Quand le constat satisfaisant du Président Fatshi tranche avec celui amer du staff de l’UDPS, il y a lieu, pour des analystes politiques de s’interroger: « A quoi joue le Président ai de l’UDPS ? ». A les en croire, Jean-Marc Kabund et son acolyte Augustin Kabuya ont agi en « fauteurs des troubles » alors qu’après une année au pouvoir l’UDPS devrait porter tout son intérêt sur les stratégies idoines à développer pour faire de ce quinquennat une totale réussite.

De l’avis de ces analystes, les autorités de l’UDPS devraient prendre conscience que leur parti a déjà franchi le Rubicon de l’Opposition et est maintenant aux affaires. « Maintenant que l’UDPS est au pouvoir, ses responsables n’ont pas besoin d’afficher des postures d’un parti de l’Opposition », ont-t-il conseillé aux président et SG de l’UDPS ».

(En réalité, en situation de « cohabitation hostile », l’UDPS est dans la majorité présidentielle

mais aussi dans l’Opposition à une majorité parlementaire FCC. Cette situation n’est simple pour personne et doit dérouter passablement les militants qui ont l’expérience de 37 ans de résistance obstinée à des régimes forts. Il est probable que Kabund et Kabuya ne voient qu’une chose : puisque le FCC s’est emparé de trop de postes, tout dégommage ouvrirait un place pour un UDPS… NdlR)

Souvenir de la « Marche des Chrétiens »

Le Potentiel titre « Le 16 février 1992: il y a 28 ans que le régime de Mobutu massacrait des chrétiens lors d’une marche pacifique à Kinshasa

« 16 février 1992 – 16 février 2020, il y a exactement 28 ans que le régime Mobutu massacrait des milliers de chrétiens lors d’une marche, pourtant pacifique, organisée à Kinshasa. Des fidèles de différentes confessions religieuses réclamaient ainsi la réouverture des travaux de la conférence nationale souveraine (CNS), une organisation qui avait réuni plus de 2800 personnes qui sont venues représenter tous les horizons du pays.

Le rassemblement pour la marche avait eu lieu à la Paroisse catholique Saint Joseph à Matonge, dans la commune de Kalamu, à un jeu de pierre du célèbre rond point Victoire. Ces chrétiens, pour la plupart des catholiques, n’avaient rien d’autres que leurs deux bras chacun, des chapelets, bibles et rameaux exécutant des chants religieux. Des prêtres et pasteurs en soutanes étaient au devant de la scène.

Mais c’était sans compter avec la brutalité des soldats du feu Mobutu, Président de la République à l’époque. Des chars de combat et autres armes de toute sorte encerclaient le quartier Matonge. Les paisibles citoyens furent tués comme des mouches. Ce jour-là, c’était le sauve-qui-peut, l’oncle ne songe plus à son neveu, malgré qu’ils blaguaient ensemble.

Les travaux de la conférence nationale souveraine étaient suspendus et les portes du Palais du peuple hermétiquement fermées. Le Maréchal du Zaïre avait décidé d’en finir avec la CNS, pourtant l’unique chance aux Zaïrois de recoller les morceaux de leur existence brisée, en avait marre. Étant donné que les décisions et résolutions étaient opposables à tous.

Le Maréchal n’avait pas apprécié l’allure que prenait la CNS, censée résoudre la sempiternelle crise qui secouait le pays depuis le chant du coq.

28 ans après, aucune enquête n’a été faite pour rétablir les responsabilités. Certains des tueurs sont encore en vie et circulent librement ».

Affaire Jacques Matand

Le Potentiel titre « Éviction d’un journaliste congolais à la BBC : le silence troublant de Kinshasa »

« Le journaliste congolais Jacques Matand, victime d’un licenciement abusif de la chaîne britannique BBC à Dakar, depuis le 10 février dernier où il était en poste, n’a encore bénéficié d’aucun grand soutien à Kinshasa. Seul le ministre des droits humains, André Lite Asebea s’est exprimé sur ce sujet jugeant cette affaire regrettable.

Jacques Matand a été évincé de son poste à la BBC pour avoir réalisé une interview avec le politologue et écrivain, Charles Onana, auteur de plusieurs livres sur la guerre qui sévit en République Démocratique du Congo (RDC) et sur le rôle des troupes rwandaises dans la déstabilisation et le pillage des ressources naturelles en RDC.

Son dernier livre : « Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise » publié à Paris aux éditions l’Artilleur est la cause du licenciement de Jacques Matand suite aux fortes pressions du gouvernement rwandais sur la chaîne britannique.

Dans la lettre adressée à Jacques Matand pour lui signifier son licenciement, Anne Look, la rédactrice en chef de la BBC-Afrique dit explicitement que « le gouvernement rwandais a accusé la BBC d’avoir été injuste, biaisée et inexacte et a indiqué qu’il se réservait le droit de prendre des sanctions contre la BBC ».

Toutefois, l’interview réalisée par Jacques Matand est non seulement conforme aux règles de déontologie professionnelles mais elle respecte tous les standards habituels du journalisme de radiodiffusion. C’est d’ailleurs pour cela que la BBC a diffusé cette interview le 20 novembre 2019 dans ses grandes éditions du journal parlé avant de la rediffuser en version longue dans la rubrique invité de la semaine les 23 et 24 novembre. Elle sera en outre définitivement mise en ligne par la BBC elle-même.

Dans la lettre de la rédactrice en chef à Jacques Matand, Anne Look demande « les preuves » détenues par Charles Onana pour corroborer les accusations qu’il a faites pendant l’interview.

Ce serait donc, d’après elle, les pressions du gouvernement du Rwanda qui ont poussé la BBC à limoger le journaliste congolais. Le livre de Charles Onana est un ouvrage scientifique fondé sur une analyse rigoureuse des faits et puisant dans les archives de la présidence de la république française, celles de la Maison Blanche et du Conseil de sécurité de l’ONU. Au passage, le gouvernement rwandais n’a pas osé jusqu’ici attaquer l’ouvrage incriminé.

Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS) a dénoncé le licenciement de Jacques Matand, considérant qu’il ne respectait ni la liberté de la presse ni la législation du Sénégal. La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a jugé « inacceptable pour tout organe de presse de licencier un journaliste sous prétexte qu’un gouvernement aurait exercé des pressions sur leur émission ».

Quant à Reporters Sans Frontières (RSF), le licenciement de Jacques Matand est une « sanction disproportionnée » qui contribue à « terroriser les journalistes qui travaillent sur ce sujet sensible » qu’est la tragédie du Rwanda. RSF ajoute qu’elle « traduit aussi une dangereuse exportation de la politique de répression et d’intimidation contre le journalisme indépendant menée par les autorités rwandaises ».

Devant ce tollé général de Dakar en Europe, la classe politique congolaise reste étrangement silencieuse. C’est pourtant un fils du Congo, professionnel respecté, qui a fait un travail digne et honorable en interrogeant Charles Onana, un spécialiste, lui aussi respecté, de la tragédie que vit la République Démocratique du Congo depuis deux décennies.

De quoi les dirigeants congolais, les élus et autres militants politiques ont-ils peur ? Craignent-ils la BBC ? le Rwanda ? Ou les deux ? Trouvent-ils logique qu’un compatriote qui fait honneur à la nation soit victime d’une injustice dénoncée par toutes les organisations prestigieuses pendant que les représentants de de la RDC et autres militants politiques détournent le regard ? Quelle image et quel message la classe politique congolaise envoie-t-elle au monde dans cette affaire ? Jacques Matand sera défendu par la société civile congolaise, par des Africains, des Occidentaux et tous ceux qui sont favorables à la liberté de la presse, au droit du public à l’information et par tous ceux qui n’ont ni peur du Rwanda ni peur de la BBC ».

Divers

A propos des travaux de 100 jours du chef de l’Etat, le Bulletin de l’ACP rapporte que les entreprises prestataires se sont engagées à terminer les travaux des sauts-de-mouton avant le 30 mai 2020. C’est engagement survient après la visite d’inspection que le Président Félix Tshisekedi a effectué sur les chantiers à Kinshasa. Cet engagement est consécutif au plan de décaissement qui avait été arrêté à l’issue de la rencontre entre le Premier ministre, ministres du Budget et des ITPR, des Finances, le gouverneur de la Banque centrale, les patrons des entreprises prestataires ainsi que l’OVD et l’Office des routes.

Dans un article intitulé : « Affaire Kalev : le mystère persiste ! », La Prospérité rapporte que sur base d’un ordre de mission attribué au Directeur de cabinet du Premier ministre, M. Kalev Mutond s’est rendu en Ouganda pour une mission non autrement qualifiée.

Ce week-end, selon ce qui a été donné d’être glané, l’audition des autorités impliquées dans cette affaire s’est poursuivie alors que pendant ce temps, quelques indiscrétions laissent planer des soupçons d’une vaste conspiration de complicité avec les éléments du M23 ainsi que des groupes armés.

Sous le titre « Sylvestre Ilunga, un danger pour Fatshi ? », Congo Nouveau rapporte qu’après s’être rendu en Ouganda, Kalev Mutond a fait escale à Addis-Abeba où venait de séjourner le chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi dans le cadre du Sommet de l’UA. Il y a quelques semaines, rappelle-t-on, l’UDPS accusait Kalev Mutond d’espionner le président de la République partout où il allait.

Congo Nouveau voudrait savoir étant donné que le Premier ministre n’a pas encore officiellement nommé les membres de son cabinet, qui a délivré un passeport diplomatique à Kalev Mutond en qualité de Conseiller politique du Premier ministre.

Melis Boasi, Correspondant à Goma du Potentiel, écrit « Jeannine Mabunda à Goma pour S’enquérir de la situation sécuritaire dans le Grand Nord du Nord-Kivu » 

« Arrivée à Goma, ce dimanche 16 février 2020, la Présidente de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC), Jeannine Mabunda dit être venue à Goma, avant de se rendre à Beni, pour palper du doigt la réalité du terrain liée aux massacres de la population dans cette région, par les rebelles ougandais ADF.

« Je viens compatir avec la population de Beni et recueillir des éléments nécessaires sur terrain afin d’en faire des recommandations utiles auprès de l’Exécutif pour que la situation s’améliore« , a précisé la présidente de la Chambre basse du Parlement de la Congolais.

Notons que c’est pour la première fois que Jeannine Mabunda arrive dans la province du Nord-Kivu, après son élection comme Présidente de l’Assemblée nationale.

Dans son agenda, il est également prévu un déplacement jusqu’à Bunia, en province d’Ituri qui fait également face à l’insécurité causée par des groupes armés ».

Forum des As publie une interview, par Kléber Kungu, de Bahati Lukwebo :  » L’AFDC a connu une ascension fulgurante qui lui a attiré beaucoup d’ennuis et de jalousie… »

« De passage à Bruxelles, en Belgique, le sénateur Modeste Bahati Lukwebo, a accordé une interview sur FrancisTV et Medias Plus TV. Au cours de cet entretien, le sénateur Bahati Lukwebo est revenu essentiellement sur la santé politique actuelle de l’AFDC (Alliance des forces démocratiques du Congo), son parti politique, sur son long et élogieux parcours politique, ainsi que sur, dit-il, les injustices que le FCC fait subir à son regroupement politique ADFC-A pour avoir osé porter sa candidature au poste de président du sénat.

S’il faut vous présenter, comment vous allez vous présenter, vous qui n’êtes plus à présenter ?

Je m’appelle Modeste Bahati Lukwebo. Je suis professeur d’université. Je suis titulaire des cours de comptabilité des entreprises à succursales multiples, des assurances.

Je suis sur la scène politique depuis plusieurs années. Notre apprentissage a commencé à la Conférence nationale souveraine (CNS) où j’étais 1er vice-président à la Commission finances, banque, monnaie et crédit. J’étais l’adjoint d’Albert Ndele qui fut le premier gouverneur de la Banque centrale du Congo.

Après le passage remarquable à la CNS où la Société civile a joué un grand rôle, nous avons participé aux différents parlements de transition, le HCR, où j’étais président de la Commission économique et financière, qu’on appelle la Grande commission.. Après, c’était le HCR-PT (Haut conseil de la République -Parlement de transition, NDLR), qui était la fusion du parlement issu de la CNS et de l’ancien Conseil législatif. Cela, après le passage de M. Lakdar Brahimi, venu reconcilier la classe politique. Ensuite, on a mis sur pied un gouvernement d’union nationale dans lequel la Société civile avait 3 postes. J’avais occupé le poste de ministre du Budget sous la direction du Premier ministre Léon Kengo wa Dondo. Après le Budget, j’ai été ministre de la Fonction publique. Mais avant cela, j’avais exercé les fonctions d’Administrateur directeur commercial de la Banque de crédit agricole.

Il y a eu la guerre en 1996 qui a entraîné le changement de régime. La Société civile a organisé un colloque au Centre Nganda sous la démocratie et la paix. Cela a été mal compris par le nouveau régime qui nous a jetés en prison pendant 8 mois.

A la sortie, j’ai été appelé par Mzee Kabila pour travailler avec M. Mwenze Kongolo à la Commission des réformes institutionnelles près la Présidence de la République. On est passé au Débat national avec feu Yerodia Ndomabasi, d’heureuse mémoire où j’étais Trésorier général. Mais puisque certaines personnes ne voulaient pas de ce Débat, on est allé au Dialogue intercongolais où nous avons joué le rôle de porte-parole adjoint de la Société civile.

J’ai été désigné PDG de la Sonas avant de démissionner pour aller me présenter comme candidat aux élections au Sud-Kivu, à Kalehe, dans mon territoire d’origine. J’ai été élu comme député national, avant d’être élu par les pairs comme questeur de l’Assemblée nationale avec comme président de l’Assemblée nationale, l’honorable Vital Kamerhe, aujourd’hui directeur de cabinet du Président de la République Félix Tshisekedi.

Quelle est la santé de l’AFDC, 10 ans après ?

Dix ans après, l’AFDC a connu une ascension fulgurante, à telle enseigne que cette ascension lui a attiré beaucoup d’ennuis, de jalousie, de règlements de compte. Comme vous le constatez, l’AFDC et Alliés est la 2ème force politique et aujourd’hui elle a 145 élus tant provinciaux que nationaux : 41 députés nationaux, 70 députés provinciaux, 13 sénateurs, deux gouverneurs de province (Sud-Kivu et Kasai Central), 7 vice-gouverneurs (Maniema, Tshuapa, Equateur, Tanganyika, Kasai, Kasai Central), une femme questeur de l’Assemblée nationale, 6 présidents et vice-présidents des assemblées provinciales.

Donc, nous sommes une grande force politique. Malheureusement, nous avons connu des ennuis tout simplement pour avoir présenté notre candidature au poste de président du Sénat ; un poste qui était ouvert à toutes les forces politiques. Nous à l’AFDC-A, nous nous sommes référés à la charte du FCC qui dispose qu’on doit tenir compte du poids politique, bien sûr, il y a un critère correctionnel de solidarité, mais d’abord c’est le poids politique qui compte et qui fait qu’on peut aspirer à tel ou tel poste.

Malheureusement, le regroupement AFDC-A a constaté que ce principe a été violé, et elle a été donc victime d’une injustice. Sur les 3 institutions qui revenaient à notre famille politique FCC, logiquement, une des institutions devait être dirigée par la 2ème force politique. Mais ça n’a pas été le cas. Lorsque le problème a été posé à notre regroupement, tous les 31 chefs des partis politiques, tous les députés nationaux, les sénateurs, tous à l’unanimité, avions estimé que nous ne pouvions pas accepter cette injustice. Et ils ont donc confirmé ma candidature au poste de président du Sénat.

Cela n’a pas été du goût de notre chef de la famille politique et des autres membres du FCC. Finalement, ils ont pris des mesures de représailles en commençant par dédoubler le regroupement politique AFDC, en usant de tous les moyens : la corruption d’abord, les menaces, les promesses de postes. Finalement, le jour des élections, nous qui avions 13 sénateurs, nous nous sommes retrouvés, au bureau du sénat, avec 7 postes seulement, les autres ayanty été corrompus, étaient partis.

Personne ne nous donnait la chance de pouvoir réaliser le score que j’ai réalisé au Sénat. Mais grâce à notre discours et aussi à la maturité des sénateurs qui ont compris que nous étions victimes d’une injustice et que nous méritions ceci pour la paix et la stabilité du FCC, que nous ayons un poste de responsabilité à la tête d’une institution. Ils ont compris que, malgré tout ce qui s’est fait, malgré toutes les pressions, malgré toutes les menaces, nous avons pu partir 17 sénateurs sur 43 qui ont pu voter pour nous. Donc, il nous manquait juste 12 voix pour être élu à la tête du Sénat.

« Nous sommes le seul à avoir été enregistrés au ministère de l’Intérieur »

Mais cela ne s’est pas arrêté là. Les représailles ont continué de manière inexpliquée. Notre quota au gouvernement a été seulement détourné et attribué, une partie aux dissidents créés par le PPRD et le FCC – ce n’est pas un secret – et deux autres postes ont été récupérés par le PPRD. Donc, les 5 postes qui nous revenaient, 3 sont allés aux dissidents, 2 au PPRD. Nous nous attendions que le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo ne puisse cautionner ou donner libre accès aux dissidents, d’autant plus que tout le monde sait que le regroupement politique AFDC & Alliés, c’est notre création.

Nous sommes le seul à avoir été enregistrés au ministère de l’Intérieur, le seul ministère qui soit compétent pour reconnaître l’existence des partis et regroupements politiques. Ce ministère a dit qu’il est clairement interdit par la loi à un parti politique de dédoubler les formations politiques.

Même à la réponse d’une réquisition du parquet général près la Cour de cassation, le ministère de l’Intérieur a encore réaffirmé qu’il n’ ya que nous Bahati Lukwebo et, en cas d’absence, Madame Rumbu Kazang qui est la vice-présidente, qui pouvons engager l’AFDC-A et que, de toutes les façons, c’est nous qui détenons la légitimité et la légalité. Mais malheureusement, nous avons constaté qu’au niveau du FCC, on est passé outre ces considérations légales pour continuer à entretenir la dissidence.

Tout le monde connaît la vérité, même les petits enfants la connaissent. Le regroupement politique a quand même un texte qui le régit et qui stipule clairement à l’article 7, paragraphe 4 que, pour être président du regroupement AFDC & Alliés, il faut d’abord être statutairement président de l’AFDC. Et cela se fait partout. Pour être président de l’UDPS & Alliés, il faut d’abord être président de l’UDPS, pour être président du Palu & Alliés, il faut d’abord être président du Palu.

Et tout cela se fait au su et au vu de tout le monde. Toutes les institutions observent. Moi, j’ai gardé le silence, j’ai laissé les camarades pouvoir défendre notre cause. C’est la toute première interview que j’accorde depuis ma candidature à la présidence du sénat.

Je pense donc qu’il fallait briser le silence en disant la vérité et en rappelant à la classe politique sa responsabilité, celle de servir le peuple, d’éviter de s’appuyer sur le mensonge, d’éviter des contrevérités qui ne nous mèneront nulle part. Car ce sont toutes ces tares qui font que le pays n’avance pas.

On doit, une fois pour toutes, bannir les contrevérités, les tricheries, les jalousies, les haines, les règlements de comptes, surtout cette tricherie au grand jour : la corruption. On se sert de l’argent pour affaiblir les gens qui travaillent.

Vous pesez beaucoup dans l’Est du pays. Vous êtes dans l’actualité depuis plus de trente ans. Vous avez connu tous les présidents : Mobutu, Kabila père, Kabila et Félix Tshisekedi. La perception qu’a le peuple vis-à-vis des politiciens, En Europe, aux Etats-Unis, on sait qu’il yen de gauche, de droite. Certains suivent le courant politique, les socio-démocrates, les libéraux. Au Congo, on ne sait pas de quel côté sont les politiciens. On se demande si les gens suivent une opinion politique ou une pensée philosophique. Est-ce que ces politiciens pensent réellement au peuple ? Quel est votre avis sur la perception qu’a la population sur les politiciens.

Nous AFDC-A, nous sommes des socio-démocrates. Nous sommes un parti de gauche, un parti socialiste, un parti qui prône l’économie sociale du marché. C’est vrai que dans nos pays, ce n’est pas seulement en République démocratique du Congo, les gens n’ont pas vraiment une idéologie politique, une ligne politique ; il n’y a pas de démarcation. Nous avons l’impression que le peuple suit les leaders politiques, mais non la pensée politique. Je pense que ce qui explique cela, c’est l’histoire de notre civilisation. On est parti d’abord des communautés, des tribus, des clans et finalement des régions. Nous essayons d’améliorer petit à petit.

Quand vous regardez l’AFDC d’aujourd’hui, rien que la composition de nos élus, ils viennent de toutes les provinces, presque de toutes les tribus du pays. Je crois que c’est un effort très remarquable. Parce que, par rapport aux partis ou regroupements politiques, vous verrez qu’il y a un fort dosage des gens de tel ou tel autre coin.

C’est vrai que nous aussi avons une origine au Sud-Kivu, quand on fait les statistiques, on trouve qu’on a une dose dominante, mais de manière générale, nous sommes dispersés sur l’ensemble du territoire national. L’avantage que nous avons, c’est que, quand on a travaillé dans la société civile, on était aux côtés de la population et les gens n’ont pas oublié ce qu’on a fait. Chez nous, les gens oublient très vite que c’est pendant les moments difficiles que la société civile était aux côtés de la population.

Ne trouvez-vous pas que c’est de votre faute si les gens oublient par manque de communication. Quand vous étiez dans la société civile, vous n’expliquiez pas au peuple les réalités du pouvoir, les difficultés qu’il y a par rapport au pouvoir. Quand les gens sont à l’extérieur du pouvoir, ils pensent que c’est facile de gérer, vous promettez que vous ferez ceci, vous ferez cela. Les gens généralisent tous les politiciens en les accusant d’être des assoiffés d’argent. Que pensez-vous de cette perception du peuple envers les politiciens ?

Le peuple a raison. Comme les gens disent que la politique, c’est mentir, moi aussi je pense ainsi, car il y en a qu’on remarque qui mentent, mais le moment venu, qui renient leurs paroles. Vous verrez un autre se mettre aujourd’hui à injurier le Président de la République, mais une fois rappelé aux affaires, il devient un grand défenseur du chef de l’Etat, plus que nous qui sommes stables.

D’une manière générale, la population a raison. Ils sont peu nombreux ceux qui ont le sens de la dignité. Tout cela est dû à l’impunité. Car si nous nous mettons à combattre le mensonge, la corruption, se servir, tout cela va disparaître. Rappelez-vous Mzee Kabila, alors qu’il était encore à Kisangani, on disait de lui à Kinshasa que s’il t’attrapait en flagrant délit de détournement des deniers publics, il te couperait la main. Tout le monde à Kinshasa avait peur. Vous avez remarqué que l’ordre et la discipline étaient rétablis ; même dans le secteur des transports en commun, ceux qui s’entêtaient recevaient 12 coups de fouet au ventre, les recettes à la DGI, DGRAD, DGDA avaient augmenté.

Mais avec la guerre, la préoccupation de Kabila étant à la guerre, tout était relâché. Par contre, si on avait continué avec cette discipline, on serait arrivé loin. Il y a trop d’impunité au pays. Remarquez ce qui se passe au pays : devant tout le monde, personne ne punit. Si la rigueur, la discipline sont appliquées, les choses vont changer. Pour se redresser, l’homme politique doit sentir la présence de l’épée de Damoclès suspendue sur sa tête. Il faut qu’il y ait un peu de coercition pour que les gens changent.. Il y a trop de mensonges.

A vous entendre parler, les gens diront que lui était à l’intérieur pendant plus longtemps. Pourquoi il n’a pas agi dans ce sens pour que la discipline revienne ?

Toutes les personnes qui suivent l’actualité politique du pays et toutes celles qui ont travaillé avec moi peuvent témoigner. Moi, je n’étais pas président de la République, mais là où j’ai travaillé, j’essayais d’améliorer. A mon entrée comme mandataire à la Sonas, j’ai fait trembler les agents de la Monusco [alors Monuc, NDLR], où trônait le tout puissant Swing, d’origine américaine

[alors Envoyé spécial du Secrétaire général de l’Onu en RDC,
NDLR]

. Ils ne voulaient pas payer l’assurance au pays.

J’ai pris l’avion pour rencontrer le Secrétaire général de l’ONU en vue de l’informer du refus des agents de la Monusco de payer l’assurance dans notre pays où le risque est vécu et où ils sont installés, préférant plutôt la payer dans des pays voisins. A mon retour, ils avaient commencé à payer l’assurance.

Prenons le dossier des sous-gestionnaires des crédits quand j’étais ministre du Budget. Pour qu’un gestionnaire de crédit arrive à bien gérer les procédures des crédits, je suis arrivé à créer le corps appelé sous-gestionnaire et contrôleurs de crédits. Leur rôle est d’assister les décideurs pour les aider à bien interpréter le budget, comment remplir les bons d’engagement, les factures.

Alors ministre de la Fonction publique, j’étais le premier à instaurer le contrôle physique de la paie des militaires à la garnison de Kinshasa. J’ai été même menacé dans mon bureau par celui qu’on appelait DBF au ministère de la Défense. Je lui avais dit de me tuer, mais je devais faire mon travail. Cela nous a permis de récupérer plusieurs milliards de zaïres que nous avions versés à la banque et les bordereaux existent dans les archives de la Fonction publique.

Nous n’avons pas besoin de faire la publicité de ce que nous avions réalisé car nous nous sommes dit que nous devons améliorer là où nous travaillons.

Comme ministre du Travail, j’ai trouvé l’INSS [aujourd’hui CNSS, NDLR], l’INPP et l’ONEM par terre. J’ai rencontré l’INSS en train de requérir ses dettes à la banque pour pouvoir payer les prestations sociales. Après avoir examiné tous les états financiers et en tant que docteur en économie, nous avons commencé à redresser petit à petit la situation. Par exemple, nous avons pris la décision d’annuler une mission des agents devant se rendre à Idiofa pour payer des prestations sociales de 2 millions de FC, alors que les frais de mission des agents s’élevaient à un million de FC. Nous avons préféré plutôt y envoyer ce montant à l’agence sur place.

J’ai fait le rapprochement, comprenant que les opérateurs économiques n’aiment pas déclarer véritablement le nombre d’agents. J’ai dit qu’il fallait les attraper du côté des impôts. En comparant les statistiques, nous avons découvert que beaucoup d’employeurs fraudaient avec les déclarations.

Nous avons fait des redressements au point où l’INSS a commencé à réaliser beaucoup d’entrées financières, si bien qu’on a créé beaucoup d’agences et revu à la hausse les salaires des agents. On a doublé voire triplé les pensions des retraités, mais il y avait toujours de l’argent en réserve. Si bien que nous avons commencé à déposer de l’argent dans des banques. Nous avons inversé la tendance : au lieu d’emprunter de l’argent aux banques, c’est plutôt les banques qui avaient commencé à venir prendre l’épargne de nos membres. Cet argent a généré des millions des dollars qui ont permis à l’INSS à devenir l’un des meilleurs actionnaires de Congo Airways.

Nous avons réalisé tout cela en deux ans seulement. C’est pour dire que si la volonté y est, les choses peuvent marcher en peu de temps.

Quant à l’INPP, vous en connaissez la situation. A mon arrivée au ministère du Travail, j’ai effectué un voyage au Japon avec le DG Maurice Tshikuya pour plaider la concrétisation des dossiers qui étaient en cours. Conséquence, beaucoup de financements avaient été débloqués pour construire entre autres les nouveaux bâtiments de l’INPP sur la 11ème rue [à Limete, NDLR]. On a construit à Lubumbashi, à Mbuji-Mayi et dans bien d’autres milieux grâce à tous ces financements. Donc, nous avons réalisé bien des choses.

A l’Economie, les gens oublient vite. Remarquez comment les gens souffraient pour voyager par avion à l’intérieur du pays. Les prix du billet d’avion coûtaient très cher. Alors, j’avais réuni tous les transporteurs aériens. Après avoir examiné toutes les structures des prix, j’ai compris qu’ils exagéraient les prix des billets pour se taper beaucoup de bénéfices.. Et finalement, nous avons réduit les prix de ces billets de 800 dollars à 220 dollars américains. Nous avons réalisé tout cela, les gens ont peut-être oublié. Nous, nous ne parlons pas, mais nous réalisons beaucoup de choses.

Pour le problème de Lufu. Nous avons pris des mesures pour empêcher des importations frauduleuses ».

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© Dialogue, le lundi 17 février 2020

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