Formations à l’est de la RDC: le système des ‘per diems’ mène à des dérives (CongoForum)

GOMA – Le système des ‘per diems’ semble devenir monnaie courante pour les participants à différentes formations à l’est du Congo, aussi bien les villes qu’ailleurs dans les provinces concernées.

Chaque fois quand des organisations internationales organisent des formations sur différents thèmes, les participants s’attendent aux ‘per diems’ – par exemple pour le transport – au lieu
de mettre les connaissances à la première place. Certains participants aux formations expliquent cette évolution par la misère qu’ils traversent.

“La pratique crée une certaine confusion”, pense un jeune de la province du Sud-Kivu. A Kabare par exemple les gens trouvent tout à fait normal qu’une formation, organisée par des ONG internationales, est accompagnée de per diems. Ces sommes sont vues comme ‘un droit’. “Les jeunes se précipitent pour encaisser d’abord les per diems et puis suivre la formation”.

« Les per diems poussent aujourd’hui la jeunesse à un certain niveau de ne pas avoir le temps de bien réfléchir sur leur avenir. Mais si les jeunes participants dans les formations arrivaient à considérer d’abord les connaissances, ils ne devraient pas penser seulement à ces per diems pendant la formation. Cette situation fait que notre territoire n’avance pas comme dans d’autres pays du monde car l’argent vient toujours après et cela n’aide pas pour un développement durable », pense Lucien, un jeune artiste de Kabare au Sud-Kivu.

« Clairement trop de gens tiennent surtout aux per diems et perdent de vue l’essentiel, le contenu des formations », pense un autre jeune, Arsène. « Mais certains mettent cette formation à la première place car ils se rendent compte que ça peut les aider un jour dans l’avenir ».

L’étudiant Arsène : « Souvent les participants à des séances de formation dans notre fief ignorent que l’argent que les organisations donnent en terme de per diems affaiblit directement leurs connaissances. Et cela a un impact négatif sur le développement du pays. La misère traversée par beaucoup de congolais fait qu’ils pensent seulement à ce per diem au lieu d’utiliser les connaissances acquises pour concrétiser un jour leurs rêves comme les autres ».

La popularité des per diems fait que certaines organisations locales ne savent plus bien fonctionner sur le terrain. Ces organisations ont des moyens modestes et ne sont pas en mesure de payer des per diems aux participants. Certains pensent que les ONG internationales feraient mieux de ne plus payer des per diems afin de focaliser sur les formations.

© CongoForum – Paulin Munyagala, 13.02.20

Image – source : Radio Okapi / John Bompengo

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