28 03 20/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (Dialogue)

Sommaire

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En ce samedi 28 mars 2020, les médias paraissant à Kinshasa continuent à donner des nouvelles de la pandémie du covid19, axées plus particulièrement aujourd’hui sur les mesures gouvernementales qui visent à y faire face. Dans le Haut-Katanga, on reparle de Gédéon, ce qui prouve que, quand on condamne à mort, il faut aussi tuer, même si le condamné change de tee-shirt !

Avis

Kinshasa – Liste des hôpitaux de référence pour des malades confirmés du covid19

Sur les 24 communes que compte la ville province de Kinshasa, 6 hôpitaux seulement sont retenus pour accueillir les malades confirmés du coronavirus.

Le chef de la riposte contre le coronavirus en RDC, le docteur Jean Jacques Muyembe a rendu public une liste des hôpitaux des références devant accueillir des malades confirmés dans la ville province de Kinshasa.

Ce schéma de répartition des hôpitaux tient compte de la proximité des communes aux établissements de santé retenus dans la riposte contre cette pandémie qui fait des milliers de morts de part le monde entier.

Sur les 24 communes que compte la ville province de Kinshasa, 6 hôpitaux seulement sont retenus. Il s’agit de :

Les cliniques universitaires pour recevoir tous les malades venant des communes ci après : Mont Ngafula, Lemba, Makala, Ngaba, Kisenso, Selembao.

La Clinique Ngaliema et le Centre Vijana pour les patients de la commune de la Gombe, Lingwala, Barumbu, Kinshasa, Kitambo et Ngaliema.

L’hôpital Saint Joseph va recevoir les malades en provenance de la commune de Kalamu, Limete, Kasavubu, Bandalungwa, Ngiri ngiri, Matete, et Bumbu.

L’hôpital de l’Amitié Sino Congolaise va accueillir les malades qui proviendront de la commune de Masina, Kimbanseke et Ndjili.

L’hôpital général de référence de Kinkole va recevoir les malades qui viendront de la commune de la Nsele et Maluku.

Covid 19

Top Congo nous donne le « score » actuel de l’épidémie « 6 morts, 58 cas confirmés de Covid 19 en RDC »

« Avec 4 cas confirmés de COVID-19 supplémentaires à Kinshasa ce vendredi, dont 1 cas local, 2 cas importés et 1 cas à déterminer (importé ou local), le nombre total de cas confirmés par l’OMS est passé de 54 à 58.

Le nombre de morts a aussi augmenté.

6 personnes en sont mortes en RDC, avec le décès de « Jacques Ilunga . Chargé de Mission du Chef de l’État, suite à une courte maladie liée au Coronavirus », annonce Abraham Lwakabwanga, le directeur de la presse présidentielle.

2500 morts par jour, 31 contaminés par seconde.

597,458 personnes sont touchées par le Coronavirus dans le monde.

Le monde enregistre, en moins de 6 mois, 27,370 morts de cette pandémie qui tué sur tous les continents,

Sa marche funèbre a aussi commencé en Afrique avec 30 morts en Égypte, 26 morts en Algérie, 9 morts au Burkina-Faso, pays d’Afrique subsaharienne le plus touché, devant la RDC 6 morts et 58 cas déclarés.

Il y a 4 jours (24 mars), il n’y avait que 18.608 morts, soit environ 2500 morts par jours.

Sur la même période, Toutes les secondes, le coronavirus a infecté 31 personnes dans le monde.

133,373 personnes ont été guéries du coronavirus ».

Mediacongo.net annonce « Covid-19 : La fourniture d’eau et d’électricité sera gratuite pendant deux mois (Gouvernement) »

« Durant deux mois, la fourniture d’eau et d’électricité sera gratuite pour les ménages, les hôpitaux et les petites et moyennes entreprises (PME) frappées par les mesures prises pour lutter contre le covid-19.

La décision a été annoncée ce vendredi 27 mars au cours d’une réunion présidée par le Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba.

Le gouvernement a fait savoir vouloir ainsi alléger les charges des ménages pendant cette période difficile de crise.

A cette gratuité de la fourniture en eau et électricité, l’exécutif central a levé d’autres mesures pour aider les ménages à faire face à cette crise sanitaire, entre autres :

L’exonération pour une durée de six mois de tout impôt, droit, taxe et redevance sur l’importation et la vente des intrans et produits pharmaceutique ainsi que sur les matériels et équipements médicaux ;

L’enlèvement d’urgence des entrants et produits pharmaceutiques actuellement sous douane;

La suspension pour une période de trois mois de l’application des pénalités en cas de retard dans le dédouanement des marchandises et des produits de première nécessité;

La suspension pour une durée de trois mois de paiement de l’impôt sur les revenus locatifs à charge des Entreprises;

Le soutien pour la relance des activités des entreprises au moyen d’un financement du Fonds pour la Promotion Industriel (FPI) à taux zéro;

Et la suspension durant une période de trois mois de certaines missions de contrôle fiscal, parafiscal et économique dans les entreprises.

Pour le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC), qui a pris part à cette réunion, « ces mesures exceptionnelles visent à éviter que le pays entre en récession si la crise sanitaire causée par la pandémie du Covid-19 s’étend jusqu’au mois de juillet 2020. »

Selon les derniers chiffres officiels, la RDC compte 58 cas confirmés au covid-19 dont dont 5 personnes qui sont décédées et 3 autres guéries ».

Prunelle RDC évoque « Un train des mesures spéciales arrêtées par le Gouvernement central pour atténuer les effets négatifs du Covid-19 »

« Le Gouvernement Ilunkamba a rendu public ce 27 mars une série des mesures pour soutenir l’activité économique, relative à l’offre des produits de première nécessité afin d’atténuer les effets néfastes de la pandémie du COVID-19.

La séance de travail amorcée jeudi par le Premier Ministre, Ilunga Ilunkamba, en présence des Ministres sectoriels, du Gouverneur de la Banque Centrale du Congo et des responsables des entreprises publiques, a accouchée ce vendredi d’une poignée des décisions.

L’Exécutif central a levé plusieurs options entre autres, l’exonération pour une durée de six mois de tout impôt, droit, taxe et redevance sur l’importation et la vente des intrants et produits pharmaceutique ainsi que sur les matériels et équipements médicaux, l’enlèvement d’urgence des entrains et produits pharmaceutiques actuellement sous douane, la suspension pour une période de trois mois de l’application des pénalités en cas de retard dans le dédouanement des marchandises et des produits de première nécessité, la suspension pour une durée de trois mois de paiement de l’impôt sur les revenus locatifs à charge des Entreprises, le soutien pour la relance des activités des entreprises au moyen d’un financement du Fonds pour la Promotion Industriel (FPI) à taux zéro, la suspension durant une période de trois mois de certaines missions de contrôle fiscal, parafiscal et économique dans les entreprises.

Selon le VPM en charge du Budget, le ministère de l’Economie a listé tous les produits de première nécessité ou produits de consommation de masse pour le bien-être de la population. Autres mesures particulières prises, le renforcement par la Direction Générale des douanes et accises d’aide sidonia pour que le dédouanement se fasse le plus rapidement possible, l’orientation vers le Guichet unique de toutes les perceptions douanières connexes qui s’effectuent encore en dehors dudit Guichet, la levée des barrières policières et postes de contrôle à l’intérieur du territoire national sur les voies d’acheminement des produits de première nécessité.

Pour le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo, BCC, ces mesures exceptionnelles visent à éviter que le pays entre en récession si la crise sanitaire causée par la pandémie du Covid-19 s’étend jusqu’au mois de juillet 2020. Pour rappel sous l’initiative du Premier Ministre, Ilunga Ilunkamba, une commission spéciale multisectorielle a été mise en place pour analyser en profondeur ces mesures arrêtées pour soutenir notamment l’offre, la politique budgétaire et stabilité monétaire en RDC ».

Le Potentiel titre « Le Programme de suivi des guéris d’Ebola bascule vers la phase d’expertise »

« Au cours d’un point de presse tenu, vendredi 27 mars 2020 à Goma (Nord-Kivu), le Coordonnateur national du Programme de suivi des Guéris d’Ebola, Richard Kitenge, a annoncé l’appui du Gouvernement congolais à ce Programme de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) de France. Cette expertise permettra à ce programme congolais de mener des études approfondies sur les grandes causes des séquelles qui s’observent chez les personnes guéries d’Ebola mais qui présentent encore d’autres complications après leur sortie du Centre de traitement d’Ebola.

« Dans l’ensemble pour les provinces du Nord-Kivu et Ituri qui ont été touchées par le dernier cas du virus Ebola, nous enregistrons aujourd’hui 1142 cas guéris qui sont des vainqueurs d’Ebola. Ils sont suivis de près habituellement durant une période de 12 mois dans différents centres des traitements répartis dans cinq cliniques basées à Goma, Beni, Butemo, Mangina et Mambassa avec l’appui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) », note Richard Kitenge.

À en croire ce médecin de renom, l’INSERM vient renforcer les analyses sur les maladies post-guérison des vainqueurs d’Ebola qui causent la mort à certains d’entre eux, lorsque le suivi n’est pas efficace.

« Nous avons enregistré 19 cas de décès post-guéris après sortie des Centres de traitement d’Ebola (CTE), dû à certaines complications qui n’ont rien avoir avec Ebola, liées souvent à la maternité, à l’hypertension, au diabète…Sur les 1161 guéris des provinces concernées, nous avons enregistré 19 décès, ce qui nous renvoie à ce chiffre de 1142 personnes guéries qui sont sous suivi aujourd’hui. Avec l’appui de l’INSERM, l’objectif est d’améliorer les conditions médicales de suivi de ces guéris pour éviter des morts post-guérison. Et le travail avec l’INSERM se fait sur une période de 18 mois pour mieux suivre les guéris », a expliqué Richard Kitenge.

Il précise qu’au-delà de l’axe médical sur lequel s’appuie ce Programme de suivi de Guéris d’Ebola en RDC, l’axe psycho-social, l’axe d’évaluation biologique et l’axe de suivi neurologique s’avèrent très utiles pour suivre de près les guéris d’Ebola qui, selon lui, méritent une considération sociale après avoir contracté cette maladie.

Au milieu, le Coordonnateur national du Programme de suivi des guéris d’Ebola, Richard Kitenge, accompagné de deux guéris d’Ebola aux deux extrêmes

Vers la célébration de la fin de l’épidémie

« Depuis le 3 mars 2020, le tout dernier guéri a été déchargé du Centre de traitement d’Ebola, ce qui soutient l’hypothèse que les autorités devraient déclarer officiellement la fin de l’épidémie au pays », soutient le coordonnateur des guéris d’Ebola

Il sied de noter que le Programme de suivi des guéris d’Ebola est présent dans les provinces de l’Equateur, Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu. Richard Kitenge se félicite de l’appui non négligeable de l’Unicef et du Programme alimentaire mondiale (PAM) sur la scolarisation des enfants des victimes d’Ebola et sur l’assistance en denrées alimentaires.

Selon Richard Kitenge, la probabilité pour une personne guérie d’Ebola de contaminer une autre, se situe sur le rapport sexuel. « C’est pourquoi on interdit aux personnes guéries d’Ebola dont les spermes présentent encore des signes suspects de ne pas procéder à la procréation pour éviter de créer des cas de contamination », a-t-il rencheri.

Deux personnes guéries d’Ebola ont accompagné le Coordonnateur Richard Kitenge devant la presse et ont témoigné être des vainqueurs d’Ebola ».

Epidémie et économie

Le Potentiel titre « Kinshasa : Le député P. Muhindo appelle à des mesures socio-économiques pour survivre au confinement »

« Dans un communiqué presse publié, jeudi 26 mars 2020, le député national Paul Muhindo, exhorte le Gouvernement congolais d’associer aux dispositions déjà prises contre la propagation du Coronavirus à Kinshasa, des mesures socio-économiques adéquates pour permettre à la population congolaise de tenir durant toute la période de l’état d’urgence décrété au pays et celle du confinement à Kinshasa.

La durée de confinement total décrété par le gouverneur de Kinshasa, Gentiny Ngobila, s’étend sur une durée de trois semaines, à dater de samedi 28 mars 2020.

« Pendant cette période, la population risque de mourir de faim et de l’asphyxie financière si des mesures nécessaires ne sont pas prises. D’où, notre alerte pour que le Gouvernement revienne à ses fondamentaux comme pourvoyeur du bien-être social de la population », s’est indigné Paul Muhindo.

Selon lui, le Gouvernement devrait subventionner la fourniture en eau et en électricité en vue de permettre à la population d’être desservie gratuitement durant toute cette période de confinement. Paul Muhindo recommande aussi le ravitaillement en vivres, tout en veillant à l’exécution des nouvelles mesures prises par la Banque centrale du Congo qui veut amortir le choc économique et financier suite au Coronavirus.

« Nous recommandons par exemple que l’État Congolais décrète la quasi-gratuité de l’eau en imposant un paiement forfaitaire de 1$ par ménage, pendant la durée du confinement. Pareil pour l’électricité », a suggéré le député Paul Muhindo, précisant que ce paiement devra couvrir la charge du personnel et de la production. Ce qui dégagerait pour chacun de ces deux cas, 2.400.000$, en raison de 12.000.000 d’habitants qui vivent à Kinshasa.

Cet élu de Beni, en province du Nord-Kivu, recommande en outre au Gouvernement congolais de décréter aussi, pendant la même période de confinement, la quasi-gratuité de loyer à 20$ et de racheter toute la production en vivres et les revendre à un prix social ou à un prix de revient, pour lutter contre la flambée des prix sur le marché.

En outre, Paul Muhindo appelle la population au respect strict des mesures sanitaires, en évitant l’automédication et appelle la classe politique congolaise de se réveiller et de Bâtir un État capable, au centre de l’intérêt commun ».

Il y a quelqu’apparence qu’il aît au moins en partie entendu , puisque Prunelle RDC titre « Un train des mesures spéciales arrêtées par le Gouvernement central pour atténuer les effets négatifs du Covid-19 »

« Le Gouvernement Ilunkamba a rendu public ce 27 mars une série des mesures pour soutenir l’activité économique, relative à l’offre des produits de première nécessité afin d’atténuer les effets néfastes de la pandémie du COVID-19.

La séance de travail amorcée jeudi par le Premier Ministre, Ilunga Ilunkamba, en présence des Ministres sectoriels, du Gouverneur de la Banque Centrale du Congo et des responsables des entreprises publiques, a accouchée ce vendredi d’une poignée des décisions.

L’Exécutif central a levé plusieurs options entre autres, l’exonération pour une durée de six mois de tout impôt, droit, taxe et redevance sur l’importation et la vente des intrants et produits pharmaceutique ainsi que sur les matériels et équipements médicaux, l’enlèvement d’urgence des entrains et produits pharmaceutiques actuellement sous douane, la suspension pour une période de trois mois de l’application des pénalités en cas de retard dans le dédouanement des marchandises et des produits de première nécessité, la suspension pour une durée de trois mois de paiement de l’impôt sur les revenus locatifs à charge des Entreprises, le soutien pour la relance des activités des entreprises au moyen d’un financement du Fonds pour la Promotion Industriel (FPI) à taux zéro, la suspension durant une période de trois mois de certaines missions de contrôle fiscal, parafiscal et économique dans les entreprises.

Selon le VPM en charge du Budget, le ministère de l’Economie a listé tous les produits de première nécessité ou produits de consommation de masse pour le bien-être de la population. Autres mesures particulières prises, le renforcement par la Direction Générale des douanes et accises d’aide sidonia pour que le dédouanement se fasse le plus rapidement possible, l’orientation vers le Guichet unique de toutes les perceptions douanières connexes qui s’effectuent encore en dehors dudit Guichet, la levée des barrières policières et postes de contrôle à l’intérieur du territoire national sur les voies d’acheminement des produits de première nécessité.

Pour le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo, BCC, ces mesures exceptionnelles visent à éviter que le pays entre en récession si la crise sanitaire causée par la pandémie du Covid-19 s’étend jusqu’au mois de juillet 2020. Pour rappel sous l’initiative du Premier Ministre, Ilunga Ilunkamba, une commission spéciale multisectorielle a été mise en place pour analyser en profondeur ces mesures arrêtées pour soutenir notamment l’offre, la politique budgétaire et stabilité monétaire en RDC ».

Lubumbashi / Gédéon, le retour

Mediacongo.net titre «Lubumbashi : des coups de feu retentissent dans la ville suite à une attaque des Maï-Maï « Bakata Katanga »

« Tôt ce matin à Lubumbashi, dans la capitale provinciale du Haut-Katanga, plusieurs coups de feu ont retenti du côté de quartier Golf (le quartier huppé de la ville). Selon les premiers renseignements récoltés à ce sujet, il s’agirait d’une tentative de la milice sécessionniste Maï-Maï « Bakata Katanga » de vouloir libérer leur leader, Kyungu Mutanga (alias « Gédéon »), soumis à une résidence surveillée, et semer le trouble dans la capitale cuprifère.

D’après nos sources, les tirs de ce matin (peu après 6 heures) proviendraient des policiers qui essayaient d’effrayer ces Maï-Maï « Bakata Katanga » qui prenaient la direction de la résidence de leur leader, située au plateau Golf Karavia, mais ont dû faire face aux dispositifs de couvre-feu mis en place depuis hier par la mairie de la ville qui aurait eu des renseignements au sujet de cette incursion.

Au moment où nous écrivons, il y aurait encore quelques coups de feu dans un quartier proche de celui du chef Maï-Maï mais, selon les dernières informations qui nous sont parvenues, l’armée serait en train de maîtriser ce groupe de Maï-Maï qui se déplaçaient du côté Golf Kabulameshi et de reprendre contrôle la situation sous contrôle. Ainsi, d’après certains témoins, près du Golf Club de Lubumbashi, il y aurait eu au moins 8 morts du côté de cette milice.

A noter que depuis le 09 mars, Gédéon Kyungu était « confiné » chez lui sous surveillance de l’armée et de la police sur ordre du gouverneur de la province, Jacques Kyabula, pour, justement, « essayer de l’empêcher de mener à bien un projet de nouvelle attaque dans la capitale du cuivre », déclaraient les autorités lushoises il y a de cela 2 semaines.

Gédéon, le déstabilisateur du Katanga

Fin 2016, l’ancien rebelle s’affuble d’un Tshirt à l’effigie de Joseph Kabila, en se déclarant supporter.

Gédéon s’était fait connaître par la terreur qu’il faisait régner, avec ses hommes dans « le triangle de la Mort » à Mitwaba (Nord-Katanga) au début des années 2000. Il s’était tout d’abord rendu aux casques bleus en 2006 et, fut à cette époque livré à la justice congolaise, qui l’avait condamné à mort en 2009 – avant de s’évader en 2011 de la prison de la Kasapa dans des circonstances rocambolesques.

Après de nouveaux ravages dans le Nord-Katanga ce chef de la milice « Bakata Katanga » se rend en 2016 à la Monusco et decide de « déposer les armes ». Le régime de Kabila lui offre une amnistie « au nom de la paix » lors d’une cérémonie festive où il arborera même un t-shirt à l’effigie de Joseph Kabila pour « manifester son adhésion au PPRD », alors que l’individu méritait un face-à-face avec la CPI, à La Haye. Depuis cette reddition, il vit à Lubumbashi avec, en prime, une belle résidence et une ration pour lui et ses hommes aux frais de l’Etat.

En raison des accusations de crime de guerre et crime contre l’humanité qui pèsent contre lui (notamment des actes de cannibalisme, visant à terroriser les villageois), il fait l’objet de sanctions de l’Union européenne depuis mai 2017 et de l’Onu depuis février 2018 ».

La même source ajoute, dans un autre article « Lubumbashi: Gédéon Kyungu, le chef des « Bakata Katanga », profite des troubles causés par sa milice pour s’évaporer dans la nature ! »

« Gédéon Kyungu, le chef de la milice Bakata Katanga qui était en résidence surveillée à Lubumbashi, a profité des troubles créés par sa milice pour prendre la fuite dans des circonstances non encore élucidées.

Les affrontements de ce matin entre les miliciens « Bakata Katanga » de Gédéon Kyungu et des éléments des FARDC et de la police dans certaines villes de la province du Haut-Katanga auront permis au chef de cette milice qui était en résidence surveillée de prendre la fuite dans des circonstances non encore élucidées.

Suivant les dernières informations portées à notre connaissance, celui-ci aurait profité des troubles causés par ses miliciens dans le quartier du Golf à Lubumbashi (la capitale provinciale du Haut-Katanga) pour prendre la fuite avec quelques partisans sécessionnistes qui auraient infiltré les militaires commis à la surveillance de sa résidence et qui seraient parvenus à désarmer les gardes après quelques échanges de feu.

La résidence surveillée de Gédéon Kyungu, au quartrier Golf à Lubumbashi, s’est vidée de ses occupants.

Pour rappel, c’est tôt ce matin vers 6 h qu’un groupe de miliciens « Bakata Katanga » a fait des incursions dans plusieurs villes de la province du Haut-Katanga, et notamment à Likasi, Kasumbalesa et Lubumbashi causant des troubles et une situation d’insécurité qui a permis la fuite de leur chef mis en résidence surveillée depuis 2 semaines par crainte, justement, d’une attaque de sa milice contre Lubumbashi.

Pour l’instant le bilan de ces affrontements entre ces miliciens et les éléments des forces de sécurités n’est pas encore connu. Et, bien que les autorités fassent état de 7 morts, toutefois, d’après certains témoins et de sources concordantes, il y aurait plus 10 miliciens tués et plusieurs arrestations.

Entre-temps, un bouclage a été organisé particulièrement dans le quartier Golf et en périphérie de la ville pour dénicher les derniers membres de cette milice encore présente dans la ville. Néanmoins, la capitale cuprifère est calme même si les activités sont au ralenti.

Quant à Gédeon Kyungu, il demeure jusque-là introuvable bien que certaines informations renseignent qu’il aurait pris la direction de Kinsevere, en périphérie de la ville de Lubumbashi, où des tirs se faisaient encore entendre ».

Presse et documents étrangers

Qui vole l’argent des FARDC ?

KST – 13 mars 2020

En cet après-midi du 20 février, la jeep verte de l’armée congolaise fonce sur la RN2, entre Goma et Rutshuru-Centre. A son bord, sept soldats des FARDC et un précieux chargement : les soldes du 3416e régiment. Plus de 100 000 dollars, cash.

Mais à l’approche du village de Rwaza, le convoi est stoppé net. « Des assaillants avaient mis en place un bouchon sur la route et s’étaient positionnés pour bloquer l’arrivée des renforts, détaille un officier des FARDC, dans son bureau du siège de la 34e région militaire, à Goma. Quand la jeep est arrivée ils ont mis en place une contre-retraite pour empêcher la fuite. Aucun passager n’a survécu. C’était du travail de professionnel ».

Peut-on imaginer que pareille embuscade se soit produite sans complicités au sein de l’armée ? Une enquête a, depuis, été confiée à l’auditorat militaire. Mais déjà, le porte-parole du secteur opérationnel Sukola 2, le major Guillaume Ndjike, accuse les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR-Foca). Elles seraient, selon lui, les principales forces ennemies à opérer dans la zone.

Pourtant, l’analyse des données du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST) suggère que Rwaza ne fait pas partie de la zone d’opération de ce groupe depuis au moins six mois. Les environs du village ont en revanche été touchés à plusieurs reprises par des incidents impliquant notamment les FARDC et la milice Nyatura FDP (Forces de défense du peuple), alliée aux FDLR.

L’étoile rouge représente le lieu de l’embuscade du 20 février et les points de couleur les incidents enregistrés par le KST au cours des six mois précédents.

Quels qu’ils soient, les assaillants se sont volatilisés dans le parc des Virunga avec le magot. Ne restait que la rancœur des soldats, privés de leur maigre salaire. Elle s’est violemment exprimée dans les heures et les jours qui ont suivi : des FARDC ont mené des représailles indiscriminées tuant quatre civils – tous issus de la communauté hutu – entre le 20 et le 23 février selon les données recueillies par le KST.

A la 34e région militaire, on ne nie pas que des civils aient pu être tués en marge de l’embuscade. Mais, selon notre officier il s’agit exclusivement de victimes collatérales des échanges de tirs.

Reste que l’affaire embarrasse. D’autant que c’est la deuxième fois en moins d’un mois, sur le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu), que des militaires se soulèvent pour réclamer leur dû. La fois précédente, c’était à Nyanzale, le 27 janvier, après que des soldats du 3407e régiment aient accusé leur commandant d’avoir détourné une partie de leurs rations alimentaires. Les militaires avaient fait « grève », tirant en l’air et refusant d’intervenir lors d’un kidnapping. Cette attitude a tant énervé les habitants qu’une journée « ville morte » a été déclarée dans cette localité le 28 janvier. Quatre personnes, soupçonnées d’être les ravisseurs, ont même été lynchées par une foule. Mais l’institution militaire nie, là aussi, tout problème. « Le commandant n’a rien détourné, explique le major Ndjike. Il a seulement pris une mesure pragmatique et bienvenue : les poissons congelés destinés aux soldats allaient pourrir avant de pouvoir être acheminés dans cette zone reculée. Il a donc décidé de les vendre pour acheter de la viande à la place. Un seul soldat s’est plaint a tiré sur un de ses amis. Il a été arrêté ».

Ces événements, spectaculaires, ne sont en réalité que la partie visible d’un phénomène bien plus vaste : l’incapacité chronique des FARDC à assurer une paie décente et régulière aux soldats. En cause, souvent, des détournements mis en œuvre selon plusieurs procédés, comme le prélèvement d’une partie de l’argent liquide destiné aux troupes par la hiérarchie, ou la déclaration par celle-ci d’effectifs bien supérieurs à la réalité, ce qui permet la captation de soldes destinés à des soldats fictifs.

Ces procédés – et notamment le gonflement des effectifs – ont été employés massivement dès la création des FARDC en 2003. A la fin de la deuxième guerre du Congo, cette armée a en effet été fondée par l’amalgame de troupes de plusieurs belligérants après la signature de l’accord de paix de Sun City : les Forces armées congolaises (FAC), le Rassemblement congolais pour la démocratie/mouvement de libération (RCD/ML) et national (RCD/N), le Mouvement pour la libération du Congo (MLC) et des groupes mai-mai. Chaque partie avait intérêt à augmenter artificiellement le nombre de ses combattants, pour exagérer ses forces – et ses capacités de détournement. Une évaluation, menée par l’Afrique du Sud, en 2004, avait ainsi estimé qu’entre 30 et 55% des membres des nouvelles FARDC étaient fictifs.

Malgré les efforts d’amélioration du système, avec notamment la mise en place d’un recensement biométrique et la séparation de la chaîne de paiement d’avec la chaîne de commandement avec le soutien d’une mission de l’Union européenne (EUSEC) à partir de 2005, les problèmes ont perduré. Les vagues successives d’intégration de rebelles, parfois précipitées, comme celle du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) en 2009, ont contribué à maintenir confusion et inflation des effectifs. En 2011, le processus de « régimentation » (le passage d’une organisation de l’armée en “brigades” à une organisation en “régiments”), qui devait à son tour permettre d’éliminer les soldats fictifs, a de nouveau révélé l’ampleur du problème. Dans la province du Sud-Kivu par exemple, les 35 000 soldats officiellement enregistrés ont été réévalués à moins de 16 000.

En 2012, le gouvernement du Premier ministre Matata Ponyo tenta à son tour de mettre fin aux détournements des soldes avec la mise en place de la « bancarisation ». Désormais, les soldats seraient payés directement sur un compte en banque plutôt que par leur hiérarchie.

Si ce système, toujours en vigueur, a permis d’éviter certaines malversations et d’améliorer la ponctualité des paiements, il n’a pas réglé tous les problèmes. D’abord, tous les régiments n’en bénéficient pas. Ceux qui ont été récemment créés, ou ceux dont les positions sont éloignées de toute agence bancaire, peuvent continuer d’être payés en liquide. C’est notamment le cas du 3416e régiment, ce qui explique que leurs soldes, transportées physiquement, aient pu être dérobées lors d’une embuscade.

Ensuite, les commandants peuvent être tentés de cacher leurs pertes afin de conserver le contrôle des soldes des militaires décédés ou déserteurs. « La bancarisation, qui devrait théoriquement empêcher cette pratique, est parfois contournée car les commandants peuvent fabriquer des procurations pour retirer l’argent, explique une source qui a longtemps travaillé pour une des banques prisées par les FARDC. Nous avions fréquemment des cas de veuves qui se plaignaient que les soldes de leur mari décédés étaient retirés sans qu’elles ne sachent par qui ».

Enfin, seules les soldes sont à ce jour bancarisées. Les diverses primes restent versées en liquide. Et elles sont importantes : fonds opérationnels, fonds de ménage opérationnels, primes de commandement, fonds spéciaux de renseignement, fonds de conduite des opérations, fonds de soins et funérailles, fonds de ménage ordinaire… Dans sa thèse, publiée en 2015, la chercheuse Judith Verweijen en avait dénombré sept types différents, offrant autant d’opportunités de détournement. Au total, ces fonds représenteraient un volume plus importants que les soldes des militaires elles-mêmes.

Ce sujet est donc central pour Félix Tshisekedi qui mise sur amélioration des conditions de vie des soldats pour accroître sa popularité au sein de l’armée, avec laquelle il avait très peu de relations avant de devenir président.

Par ailleurs, l’ancien chef des renseignements militaires, Delphin Kahimbi, avait alerté, le 9 janvier, en pleine opération contre les Forces démocratiques alliées (ADF), qu’un « certain mécontentement » se faisait « sentir sournoisement » dans les rangs des FARDC, « dû au non-paiement des différentes primes et autres fonds (FM, FSR, etc) depuis près de trois mois, accentuant en quelques sortes la précarité de leurs conditions de vie » dans une lettre qui avait fuité.

Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Une augmentation de dix dollars mensuels est entrée en vigueur en janvier 2020. Selon une source au ministère des Finances du Nord-Kivu, les soldats les plus modestes perçoivent désormais 156 000 francs congolais par mois, soit 92 dollars.

Mais pour que ces mesures aient un impact – et donnent à Félix Tshisekedi un avantage, dans la lutte d’influence qu’il livre à Joseph Kabila – encore faut-il que cet argent parvienne aux destinataires.

De ce point de vue des efforts semblent avoir été fait depuis la dernière présidentielle. La loi de finance 2020 recense en effet environ 205 000 “traitements de base du personnel permanent” pour les “militaires, policiers, sécurité”, contre 221 000 l’année précédente, ce qui suppose qu’un certain nettoyage dans les listes des effectifs.

Par ailleurs, des auditions de militaires ont été menées ces derniers sur la question des détournements de fonds. Ce fut le cas du général Fall Sikabwe, commandant de la 3e zone de défense, convoqué à Kinshasa, pour être interrogé sur des soupçons de détournements de fonds – fait relativement rare à ce niveau de hiérarchie.

Le président Tshisekedi semble être par ailleurs incités à agir en ce sens par les Etats-Unis, “partenaire stratégique pour la paix et la prospérité” de la RD Congo. Le 27 février, l’ambassadeur de Washington à Kinshasa, Mike Hammer, a ainsi twitté : “comme nous l’avons déclaré constamment, ceux qui sont corrompus, commettent des violations des droits de l’homme ou qui perturbent le processus démocratique doivent être tenus pour responsables”, lors de l’annonce de la suspension du chef du renseignement militaire des FARDC, le général Delphin Kahimbi.

Mais ces auditions et mises en garde suffiront-elles à assainir la gestion de l’argent des FARDC ? Judith Verweijen en doute. « La question du détournement des soldes n’est qu’une petite partie d’un vaste système de génération des recettes au sein de l’armée, explique-t-elle. Les commandants génèrent bien plus de revenus au moyen de trafics ou encore de taxations illégales, aux barrages routiers ou encore sur les sites miniers. Et ils doivent rétrocéder une partie de ces revenus à la haute hiérarchie qui les a nommés à ces postes. Ce système est donc profondément enraciné à tous les niveaux et je ne suis pas sûre qu’une amélioration de la paie des soldats puisse suffire à y mettre fin. »

De nombreux Congolais ne respectent pas les consignes de sécurité-coronavirus

Marie-France Cros – La Libre – le 20 mars 2020

De nombreux habitants de Kinshasa ne respectaient pas, jeudi, les consignes de sécurité contre la propagation du coronavirus, rendues publiques mercredi soir par le président Félix Tshisekedi.

Des reportages de nos confrères de Kinshasa et des échos qui nous sont parvenus de Kinshasa indiquent que les Kinois sont très nombreux à faire fi des consignes de sécurité contre la propagation du coronavirus.

Par indiscipline comme le montre la fréquentation jeudi de bars, dont la fermeture a pourtant été décrétée. Ou encore, bien que les cultes aient été interdits pour quatre semaines, des célébrations religieuses réunissant plus que le maximum de 20 personnes autorisé.

Incapacité d’agir autrement

Mais ce non-respect des consignes est aussi lié à une incapacité d’agir autrement. Ainsi, comment se passer de transport dans une ville qui s’étend sur plus de 40 km ? Les Kinois sont donc nombreux à se presser aux arrêts et dans les bus et taxis collectifs, sans respect de la distance sanitaire d’un à deux mètres entre personnes. Trop pauvre pour faire des réserves, ils sont des milliers à devoir se rendre chaque jour au marché pour se ravitailler.

Et si beaucoup ont célébré la résilience des Congolais, dont plus de 85% vivent de l’économie informelle, force est de constater, aujourd’hui, qu’ils ne peuvent arrêter le travail pour respecter le confinement sanitaire alors qu’ils sont des millions à vivre au jour le jour, privés d’eau et de nourriture s’ils ne sortent pas de chez eux.

Le Congo comptait jeudi 14 cas, dont 10 « importés » et 4 avec contact local avec les précédents.

Covid-19 : combien y a-t-il de cas en Afrique ?

Libération (F) Service Checknews – le 21 mars 2020

L’OMS, qui comptait samedi 1016 cas diagnostiqués en Afrique, ne cache pas son inquiétude sur ce qui pourrait devenir un défi majeur pour des pays ayant pour certains des systèmes de santé précaires.

Question posée par Bernard le 18/03/2020

A ce jour, sur près de 300 000 cas de Covid-19 diagnostiqués dans le monde, l’Afrique n’en compte qu’un millier, selon l’OMS, qui prend toutefois le problème très au sérieux, et a multiplié les mises en garde ces derniers jours.

Dans un communiqué publié jeudi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) écrit : «Plus de 600 cas de Covid-19 ont été confirmés dans 34 pays d’Afrique au 19 mars, contre 147 cas il y a une semaine.» Un total qui est passé à 1016 samedi. Si le chiffre est encore faible en valeur absolue, sa dynamique inquiète, et l’OMS insiste sur la nécessité que «les gouvernements empêchent la transmission locale d’évoluer vers le pire des scénarios de transmission communautaire durable et généralisée». Un scénario qui serait «un défi majeur pour les pays dont les systèmes de santé sont faibles». Un message d’alerte également scandé par le directeur général de l’organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus, originaire d’Ethiopie : «L’Afrique doit se réveiller, mon continent doit se réveiller.»

Messages radio et spots télévisés

A ce jour, les trois pays les plus touchés sont l’Egypte, l’Afrique du Sud, et l’Algérie, les trois pays qu’une étude du Lancet publiée le 19 février avait identifiés comme les plus susceptibles d’importer le virus sur leur territoire (mais aussi les plus outillés pour y faire face). Mais des foyers de contagion se développent actuellement dans plusieurs pays. «Douze pays de la région africaine connaissent actuellement une transmission locale», note l’OMS.

L’ensemble des pays de la région ont été encouragés par l’OMS a intensifier les tests, isoler les cas détectés et suivre méticuleusement les cas contacts. Des kits de test Covid-19 ont été fournis, et des techniciens de laboratoire ont été formés. Selon l’OMS, «45 pays africains peuvent désormais tester le Covid-19». «Des équipements de protection individuelle ont également été expédiés dans 24 pays et une deuxième expédition est en cours de préparation pour les pays dont les cas sont confirmés.»

Afin d’informer les populations des gestes préventifs, l’OMS entend aussi aider les autorités locales à créer des messages radio et des spots télévisés pour informer le public des risques de Covid-19 et des mesures à prendre. Tout en essayant de lutter contre la propagation de rumeurs, qui peuvent compliquer la lutte contre l’épidémie.

La propagation de l’épidémie en Afrique, encore limitée pour l’heure, demeure une inconnue. Dans une précédente réponse sur CheckNews, Pierre-Marie Girard, directeur international des instituts Pasteur dans le monde le climat invoquait comme possible raison à la faible propagation du virus sur le continent un facteur climatique et saisonnier. «Il est un encore un peu tôt pour être affirmatif, mais on ne constate pas, pour l’instant, d’explosion épidémique du virus dans les pays où c’est actuellement l’été. Et notamment dans les pays chauds, comme l’Asie du Sud-Est ou l’Afrique subsaharienne.» Mais s’il existe, ce facteur climatique pourrait alors jouer dans l’autre sens. L’hiver africain, attendu dans quelques mois, pourrait favoriser une hausse des contaminations.

Fermetures d’écoles et confinement

L’OMS pointe aussi, parmi les facteurs d’incertitude, la question du lien entre l’âge et le virus, et la démographie du continent africain, très différente de la Chine, de l’Europe et des Etats-Unis. «L’Afrique a la population la plus jeune du monde et il semble que les personnes âgées soient plus vulnérables au Covid-19.» A l’inverse, l’Organisation mondiale de la santé note que des premières études suggèrent que les personnes atteintes d’affections sous-jacentes sont plus à risque face au Covid-19. «Or l’Afrique compte près de 26 millions de personnes vivant avec le VIH, alors que près de 60 millions d’enfants ont ralenti leur croissance en raison de la malnutrition. Il est donc possible que les jeunes soient plus à risque en Afrique que dans d’autres parties du monde.» Le sous-équipement médical de la grande majorité des pays est un autre motif d’inquiétudes, dans l’hypothèse d’une hausse du nombre de cas, notamment concernant les respirateurs artificiels.

L’expérience de l’épidémie d’Ebola entre 2013 et 2016 pourrait en revanche aider à la mobilisation contre le virus dans certains pays, comme l’expliquait la correspondante de Libération au Sénégal, pays d’Afrique de l’Ouest le plus touché par l’épidémie du Covid-19 (38 cas au 20 mars). «L’Afrique de l’Ouest a appris durement l’importance de la réponse pour arrêter la chaîne de transmission d’un virus.» Le Sénégal a fermé ses écoles, son espace aérien, et annulé des festivités religieuses. La Mauritanie ou la Gambie ont aussi appliqué des règles très strictes (fermeture des écoles et des frontières) dès l’apparition des tout premiers cas. Des strictes mesures de confinement ont été prises en Tunisie, ou au Maroc, qui a décrété l’état d’urgence sanitaire.

Le Congo s’inquiète, le Rwanda mobilise, le Burundi s’en remet à Dieu

Colette Braeckman – Le Soir – le 23 mars 2020

Intensément connectées à l’Europe, toutes les villes du Congo sont sur le qui vive, suivant d’heure en heure les bilans qui s’alourdissent sur le Vieux Continent. Nombreux sont les Africains qui prennent des nouvelles de leurs amis européens, leur conseillent la prudence et réaffirment leur solidarité. Cependant, en RDC, le ministre de la santé, le Docteur Éteni Longondo a déclaré que sept personnes avaient déjà trouvé la mort, dont trois avaient contracté le virus lors d’un séjour en Europe tandis que le nombre de personnes était passé de 23 à 30. Un chiffre modeste par rapport à la population du pays, mais chacun sait combien la progression peut être vertigineuse et cela alors que les respirateurs et autres moyens de traitement manquent cruellement. Les gouverneurs de province relayant l’appel lancé jeudi soir par le président Felix Tshisekedi ont multiplié les mesures de prévention. Ainsi, à Kolwezi, dans la province du Lualaba, 70 % des agents de l’Etat sont en arrêt forcé, avec interdiction de se rendre sur leurs lieux de travail, des pancartes apposées dans les magasins invitent les populations à l’hygiène et le confinement est imminent. A toutes les frontières du pays et dans les grandes villes, des distributeurs d’eau et de savon sont en place, les contrôle de température sont obligatoires aux frontières et, suivant les instructions du président, tous les vols venant de pays à risques, dont la France et la Belgique sont suspendus jusqu’à nouvel ordre. Les voyageurs quittant la capitale sont soumis à des contrôles stricts afin de ne pas disséminer le fléau en province. Ce week end, la décision de suspendre les cultes a été bien suivie dans l’ensemble du pays même si quelques pasteurs ont du être ramenés à la raison par la police. Les activités sportives ont été également interdites, de même que les cérémonies de deuil, souvent synonymes de grands rassemblements sociaux.

La direction de la task force consacrée à l’épidémie a été confiée à une personnalité bien connue, le Docteur Jean-Jacques Muyembe, celui là même qui, après avoir découvert le virus Ebola dans les années 70, avait été chargé de le juguler dans l’Est du pays. A peine les équipes de la riposte contre Ebola avaient elles crié victoire qu’une nouvelle mobilisation contre le coronavirus s’est imposée. Si ces mesures se veulent rassurantes, l’inquiétude persiste et la presse craint une « hécatombe ». Pour plusieurs raisons : à cause de la difficulté d’un éventuel confinement dans les quartiers surpeuplés de villes comme Kinshasa ou Bukavu, du manque d’eau potable, et surtout de l’impérieuse nécessité, pour la plupart des Congolais, de travailler au jour le jour. Malgré les mises en garde, des bus bondés continuent à gagner le centre de Kinshasa avec des passagers obligés de chercher de quoi nourrir leur famille. A cela s’ajoutent des difficultés d’approvisionnement : le Rwanda ayant adopté des mesures drastiques, le lait et les légumes manquent déjà à Goma.

Au Rwanda en effet, 17 cas ont déjà été confirmés et le confinement de la population a été décidé pour une durée initiale de deux semaines. Le président Kagame ainsi que Mme Mushikiwabo, secrétaire générale de la francophonie, ont multiplié les interventions sur les réseaux sociaux.

Alors que la RDC et le Rwanda se mobilisent, le Burundi demeure étrangement silencieux. Seules des mesures préventives ont été prises mais aucun cas n’a encore été officiellement déclaré. Tout au plus les autorités ont-elles invité la population à garder les distances dans les manifestations sociales ou religieuses, à multiplier le lavage des mains. Le porte parole de la présidence, M. Jean-Claude Karerwa Ndenzako a confirmé que les élections prévues pour mai prochain auraient bien lieu et qu’elles seraient précédées du 27 avril au 20 mai, d’une campagne électorale normale. Il a conclu, de manière surprenante : « la situation est au beau fixe. Le Burundi est une exception parmi d’autres nations, car c’est un pays qui a donné à Dieu la première place, un Dieu qui le garde et le protège de tout malheur(…)Que vous le croyiez ou non, le Burundi est un pays qui a signé un pacte spécial avec Dieu. »

Nord-Kivu: le confinement du Rwanda entrave les échanges commerciaux des petits vendeurs

Marie-France Cros – La Libre Afrique – le 25.03.2020,

Alors que 17 cas confirmés de coronavirus avaient été répertoriés au Rwanda, le week-end dernierr, les autorités de Kigali avaient décrété samedi le confinement généralisé et la fermeture des frontières, sauf pour les biens et pour les Rwandais rentrant au pays.

Des Kivutiens craignent que cela affecte le micro-commerce important entre le Rwanda et la RD Congo. Il s’agit d’échanges commerciaux réalisés par de petits vendeurs, qui n’ont pas les moyens d’envoyer leur marchandise par véhicule et s’en chargent habituellement en personne.

Plantes, légumes, minerais

Beaucoup de Rwandais des environs de Gisenyi (renommée Rubavu par l’administration rwandaise) vendent ainsi leurs produits agricoles à Goma (Nord-Kivu) ; ceux de Cyangugu (province rwandaise de l’Ouest) à Bukavu (Sud-Kivu) : des légumes, des fruits, des fleurs, des plantes…

Les Congolais traversent la frontière avec du sucre, de l’huile et des petits produits manufacturé, voire du café ou des minerais, moins grevés de taxes à l’exportation au Rwanda qu’au Congo. Quelque 30.000 Rwandais et autant de Congolais traverseraient chaque jour, selon une source de La Libre Belgique à Goma.

Bientôt des permis

Selon l’ambassade du Rwanda à Kinshasa, « pour le commerce des produits essentiels et vivres, un nombre limité de permis est en phase de finalisation conjoinement » entre les administrations des deux pays. « Dès demain » soit mercredi, « les échanges de produits » (auront) lieu ».

On s’attend cependant à des difficultés pour les nombreux Congolais de la classe moyenne de Goma qui, ces dernières années, se sont installés à Gisenyi, juste de l’autre côté de la frontière, parce que la sécurité est plus grande au Rwanda, les villas moins chères, l’eau potable et l’électricité moins chères et leur fourniture plus régulière qu’au Congo. Sans compter les « mamans » de Goma qui vont acheter de l’eau potable à Gisenyi, chaque jour, pour la ramener au Congo et la vendre à ceux qui n’y ont pas accès.

Choisir le bon côté

Selon Vincent Karega, ambassadeur du Rwanda à Kinshasa, « les Congolais ou Rwandais travaillant en RDC et vivant au Rwanda ou vice versa sont soumis sans exception aux 14 jours de confinement. Ils avaient été prévenus. Certains sont restés du côté qui leur facilite la tâche ».

Coronavirus : un « paquet financier » va être mobilisé pour l’Afrique (Jean-Yves Le Drian)

AFP – le 25.03.2020,

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a annoncé mardi 24 mars 2020 qu’un « paquet financier » européen allait être mobilisé pour aider les pays les plus vulnérables, notamment en Afrique, à faire face à la pandémie de Covid-19.

« Nous aurons l’occasion de mobiliser un vrai paquet financier, d’assistance pour éviter que l’épidémie ne mute vers des régions ou des sous-continents qui aujourd’hui ne sont pas contaminés mais demain pourraient être un nouveau risque pour nous », a-t-il déclaré à l’Assemblée nationale, en évoquant le prochain Conseil européen des chefs d’Etat de gouvernement jeudi.

Ce paquet relève de la « coopération internationale et du soutien indispendable à apporter aux pays-tiers les plus vulnérables parce qu’ils vont en avoir très vite besoin, je pense en particulier à l’Afrique », a ajouté Jean-Yves Le Drian.

« C’est une question à la fois de solidarité mais c’est aussi une question d’intérêt pour notre sécurité », a-t-il souligné.

L’UE travaille aussi sur le retour des Européens bloqués dans de nombreux pays par la fermeture des frontières, sur des actions communes au niveau sanitaire, notamment des achats groupés de matériels de protection, et sur un plan massif de soutien à l’économie, a-t-il rappelé.

Les professionnels de santé sont alarmistes en Afrique subsaharienne où le coronavirus a été détecté dans une quarantaine de pays et où les infrastructures médicales sont souvent défaillantes.

L’Afrique comptait officiellement lundi soir plus de 1.600 cas et une cinquantaine de décès. Les chiffres restent assez faibles par rapport au bilan mondial de la pandémie mais la progression du virus est rapide, les tests insuffisants et les services de gestion de la crise s’annoncent mal ou pas préparés.​

Il faut craindre au moins 75.000 morts à Kinshasa

Opinion par le Docteur Antoine Samsoni, à Kinshasa – La Libre – le 25 mars 2020

L’évolution de la contamination au covid-19 est préoccupante en RDC. L’INRB (Institut National de Recherche Biomédicale) dirigée par le Prof. Muyembe manque drastiquement de moyens, malgré l’aide financière accordée par la Banque Mondiale. C’est le Prof. Muyembe, qui vient à peine d’éradiquer le virus Ebola en RDC, et qui est de renommée mondiale, qui organise autant qu’il le peut la riposte nationale congolaise au covid-19.

L’INRB estime que parallèlement aux dizaines de cas qui ont déjà été testés positivement, ce sont aujourd’hui plus d’un millier de porteurs du virus qui circulent en permanence à Kinshasa, entassés à 5 dans de minuscules taxis ou à 25 dans des petites camionnettes-taxi pour se rendre à leur travail. Les nombreux marchés locaux sont également bondés, au point qu’on ne peut y circuler sans se bousculer pour y trouver passage. Selon toutes les statistiques officielles publiées dans le monde, ce nombre de porteurs du virus va au minimum doubler environ tous les deux jours, et le professeur Muyembe estime que le taux de mortalité des patients atteints du covid-19 atteindra 10%, soit davantage que le taux de mortalité malheureusement constaté en Italie actuellement.

Le gouvernement congolais a bien recommandé des mesures de confinement, en copié-collé des mesures de confinement sanitaire appliquées en Europe et partout dans le monde. L’épidémie en RDC en général et à Kinshasa en particulier sera fulgurante et meurtrière d’ici quelques semaines. Les experts sur place à Kinshasa s’accordent sur l’hypothèse probante d’un taux de contamination de 5% de la population, avec un taux de mortalité de 10%, ce qui laisse craindre 75.000 décès rien qu’à Kinshasa, avec tous les troubles sociaux et économiques et risques d’émeute et de pillages qui en découleraient.

Les solutions de confinement qui sont actuellement proposées en RDC ne fonctionneront malheureusement pas suffisamment. La majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté et a le réel besoin de circuler dans la ville durant la journée, ne fût-ce que pour rentrer le soir avec les quelques euros qui sont nécessaire pour nourrir sa famille au jour le jour. Aucun confinement ne pourra être appliqué économiquement, car cela reviendrait à condamner la plus grande partie de la population de Kinshasa à rester cloîtrée chez elle et mourir de faim, ce qui entraînerait des troubles que même l’armée congolaise n’arriverait pas à contrôler. Il en serait de même dans les autres villes importantes du Congo.

La coopération belge ENABEL a fait don à l’INRB dimanche dernier de 19.000 masques et 250 combinaisons isolantes. Quelques organisations médicales belges privées sont également sur place pour tenter d’assister autant que possible la riposte au covid-19 en RDC. De son côté, suite à l’annulation progressive et ensuite définitive de tous les vols Brussels Airlines entre Kinshasa et Bruxelles depuis le 16 mars dernier, l’ambassade de Belgique à Kinshasa répète inlassablement qu’elle attend les directives du ministère des affaires étrangères aux centaines de ressortissants et coopérants belges qui devaient rentrer à Bruxelles depuis plus d’une semaine.

Laisser ces centaines de Belges sans la moindre assistance autre qu’une invitation à consulter le site officiel de l’ambassade se résume en réalité à en condamner une partie à une mort certaine s’ils devaient être contaminés. Il n’y a aucune structure hospitalière à Kinshasa permettant de soigner les patients atteints du covid-19 et il n’y a encore aucun médicament disponible sur place permettant des soins palliatifs. Les patients atteints du coronavirus sont simplement isolés dans une chambre de l’Hôpital du Cinquantenaire à Kinshasa, sans recevoir le moindre soin, faute de moyens et de médicaments adéquats ainsi que pour éviter toute contagion avec le personnel hospitalier.

Il est intéressant de constater que durant la même période, le gouvernement français a déjà rapatrié plus de 60.000 de ses ressortissants depuis partout dans le monde.

Coronavirus : « Notre meilleur moyen d’enrayer la propagation du virus est la prévention », Denis Mukwege

AFP – le 26.03.2020,

« Nous devons nous préparer au pire » car « nous n’avons aucune idée de l’ampleur de la propagation » du coronavirus en République démocratique du Congo, a déclaré mercredi le gynécologue Denis Mukwege dans un message de prévention et de soutien aux premières mesures prises par les autorités.

Dans une vidéo, le prix Nobel de la paix 2018 souligne « l’absence des centres de test sur l’ensemble du territoire et des moyens pour mener des dépistages à grande échelle sur la population, tel que l’encourage l’OMS ». Plus vaste pays d’Afrique sub-saharienne, la RDC compte au moins 80 millions d’habitants sur 2,3 millions de km2.

« Notre meilleur moyen d’enrayer la propagation du virus sera donc la prévention », ajoute-t-il dans cette vidéo où il mentionne 32 cas déclarés officiellement, un bilan qui date de lundi. Mercredi soir, le dernier bilan officiel, livré par le Dr Muyembe, faisait état de 51 cas, 3 décès et une guérison, tous enregistrés dans trois des 24 communes de la capitale Kinshasa.

« Chacun de nous doit accepter d’adapter ses habitudes, éviter les déplacements, rester chez soi, adopter les mesures de distanciation sociale », insiste le célèbre gynécologue, qui a soigné des milliers de femmes violées dans les conflits de l’est de la RDC. »Nous saluons les mécanismes préventifs décrétés par le chef de l’État le 19 mars », ajoute le prix Nobel de la paix, en référence à la suspension des liaisons aériennes en provenance des pays à risque et la fermeture de nombreux lieux publics (écoles, restaurants, lieux de culte).

Mardi soir, le chef de l’État Félix Tshisekedi a annoncé des mesures complémentaires en décrétant « l’État d’urgence » et l’isolement de la capitale Kinshasa (au moins dix millions d’habitants) du reste du pays.

« A l’hôpital de Panzi tout notre personnel est préparé et mobilisé pour la riposte », conclut le docteur Mukwege, en référence à son hôpital près de Bukavu dans l’est du pays.

Face au coronavirus, l’eau vaut de l’or en RDC

Deutsche Welle – le 26.03.2020,

L’un des grands défis face au Covid-19 est de permettre aux Congolais d’accéder à de l’eau propre pour pouvoir bien se laver les mains.

La RDC est en état d’urgence depuis ce mercredi (25.03) et Kinshasa, sa capitale, coupée du reste du pays pour essayer de lutter contre la propagation du coronavirus.

Le président Félix Tshisekedi l’a annoncé mardi (24.03) au moment où le panel des experts de la société civile demandait au gouvernement de mieux protéger les Congolais contre la pandémie qui a fait quatre morts parmi les 48 cas confirmés.

Particulièrement préoccupant : le fait que l’accès à l’eau reste difficile, ce qui compromet une mesure préventive essentielle comme le lavage des mains.

Les mesures que Félix Tshisekedi a annoncées viennent s’ajouter à celles présentées la semaine dernière et dont la mise en application est demeurée limitée.

Interdictions de voyager

Parmi les nouvelles mesures figurent l’interdiction des sorties de Kinshasa vers le reste du pays et vice-versa, ainsi que la multiplication des points de lavage des mains.

Le premier facteur contre la propagation du Covid-19 demeure l’eau qui reste un produit de luxe pour beaucoup en République démocratique du Congo, alors que le pays dispose pourtant de plus de la moitié des réserves d’eau en Afrique subsaharienne.

Selon les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), le taux d’accès serait de 46%, les derniers chiffres disponibles datant de 2012.

Près d’un quart des populations urbaines auraient accès à l’eau potable mais avec des coupures quotidiennes.

Face à l’évolution de la pandémie, les Congolais sont donc appelés à observer des mesures d’hygiène.

Kinshasa promet des améliorations

Mais comment y parvenir si la population n’a pas accès à l’eau pour se laver les mains ?

Kinshasa, la capitale, abrite plus de dix millions d’habitants dont l’accès à l’eau potable est faible.

Les habitants du centre-ville bénéficient des services irréguliers de l’opérateur public national, la Regideso, mais la situation est encore plus grave dans les quartiers périphériques où l’eau potable n’existe pas. Les Kinois qui vivent dans ces quartiers utilisent de l’eau des sources qui est souvent souillée.

Eustache Muhanzi, le ministre d’Etat en charge des Ressources hydrauliques et de l’Electricité, a reconnu l’impact négatif de l’absence d’eau potable sur la propagation du coronavirus et promis des améliorations : « Si la pandémie de coronavirus nous tracasse tant, la carence de l’eau ne fait qu’en aggraver les tristes conséquences. Voilà pourquoi, pour maintenant et pour l’avenir, la Regideso a été instruite afin d’améliorer rapidement la desserte. »

Par ailleurs, le président Tshisekedi a indiqué que deux des trois cas suspects de Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga sont négatifs. On attend une confirmation pour le troisième.

Coronavirus en RDC : « Nous devons nous préparer au pire » prévient le docteur Mukwege

Belga – le mercredi 25 mars 2020 à 21h07

« Nous devons nous préparer au pire » car « nous n’avons aucune idée de l’ampleur de la propagation » du coronavirus en République démocratique du Congo (RDC), a déclaré mercredi le gynécologue Denis Mukwege dans un message de prévention et de soutien aux premières mesures prises par les autorités.

Dans une vidéo, le prix Nobel de la paix 2018 souligne « l’absence des centres de test sur l’ensemble du territoire et des moyens pour mener des dépistages à grande échelle sur la population, tel que l’encourage l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) ».

Un autre médecin congolais, le Dr Antoine Samsoni, a pour sa part prévenu que la pandémie due au coronavirus pourrait faire 75.000 morts rien qu’à Kinshasa, la capitale congolaise, avec des risques de troubles sociaux et économiques, d’émeute et de pillages.

La prévention comme clé pour enrayer la propagation du virus

Plus vaste pays d’Afrique sub-saharienne, la RDC compte au moins 80 millions d’habitants sur 2,3 millions de km2.

« Notre meilleur moyen d’enrayer la propagation du virus sera donc la prévention », ajoute-t-il dans cette vidéo où il mentionne 32 cas déclarés officiellement, un bilan qui date de lundi.

Mardi soir, le dernier bilan officiel faisait état de 48 cas, dont trois décès et une guérison, tous enregistrés dans trois des 24 communes de la capitale Kinshasa.

« Chacun de nous doit accepter d’adapter ses habitudes, éviter les déplacements, rester chez soi, adopter les mesures de distanciation sociale », insiste le célèbre gynécologue, qui a soigné des milliers de femmes violées dans les conflits de l’est de la RDC.

« Nous saluons les mécanismes préventifs décrétés par le chef de l’État le 19 mars », ajoute le prix Nobel de la paix, en référence à la suspension des liaisons aériennes en provenance des pays à risque et la fermeture de nombreux lieux publics (écoles, restaurants, lieux de culte).

Mardi soir, le chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a annoncé des mesures complémentaires en décrétant « l’État d’urgence » et l’isolement de la capitale Kinshasa (au moins dix millions d’habitants) du reste du pays.

La pandémie pourrait faire de nombreux morts en RDC

« A l’hôpital de Panzi tout notre personnel est préparé et mobilisé pour la riposte », conclut le docteur Mukwege, en référence à son hôpital près de Bukavu dans l’est du pays.

Dans une carte blanche publiée mercredi par le site La Libre Afrique, le Dr Antoine Samsoni prévient pour sa part prévenu que la pandémie due au coronavirus pourrait faire 75.000 morts rien qu’à Kinshasa, avec des risques de troubles sociaux et économiques, d’émeute et de pillages.

Selon ce médecin, l’évolution de la contamination au covid-19 est préoccupante en RDC, où 48 cas confirmés de coronavirus ont été enregistrés et quatre décès.

L’Institut national de Recherche biomédicale (INRB) dirigée par le professeur Jean-Jacques Muyembe manque drastiquement de moyens, malgré l’aide financière accordée par la Banque mondiale, souligne-t-il.

Le Prof. Muyembe, qui vient à peine d’éradiquer le virus Ebola en RDC, a été chargé d’organiser la riposte nationale congolaise au covid-19.

« L’INRB estime que parallèlement aux dizaines de cas qui ont déjà été testés positivement, ce sont aujourd’hui plus d’un millier de porteurs du virus qui circulent en permanence à Kinshasa, entassés à cinq dans de minuscules taxis ou à 25 dans des petites camionnettes-taxi pour se rendre à leur travail. Les nombreux marchés locaux sont également bondés, au point qu’on ne peut y circuler sans se bousculer pour y trouver passage », poursuit le Dr Samsoni.

Elections de 2018 : les confessions d’un cadre démissionnaire de la CENI

Marie France Cros – La Libre – le 27 mars 2020

Un expert électoral, qui vient de démissionner de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), considérée comme acquise à Joseph Kabila, a publié cette semaine une lettre ouverte à « Tonton et Frère en Christ Martin Fayulu », pour dire « la vérité sur la vérité des urnes », au sujet des élections très controversées de décembre 2018. La Libre Afrique. be en a reçu une copie.

Olivier Mayembe Mukunati y rappelle « la mission » qu’il avait effectuée auprès du candidat de l’opposition, Martin Fayulu, « quelques jours avant la publication des résultats des élections présidentielle, législatives et provinciales » : « obtenir un engagment de ta part de ne plus t’attaquer à Monsieur Joseph Kabila Kabange et d’accepter de négocier avec lui sa sortie afin de garantir une passation de pouvoir apaisée ».

« Tu étais trop sûr de toi »

Olivier Mayembe échoua à convaincre Martin Fayulu « car tu étais trop sûr de toi, mieux, de tes résultats et du soutien des ambassadeurs accrédités au Congo ». « Le résultat de ta rigidité, nous le vivons ».

Car alors, « notre ex-frère en Christ, Corneille Nangaa », président de la CENI, et celle-ci « vont publier de FAUX résultats ». Ces derniers « ne résultent pas de la compilation des données provenant des différents bureaux de vote tel qu’exigé par la loi. Ladite opération de compilation a été interrompue par le Secrétaire exécutif national » de la CENI « et son adjoint sur instruction de la hiérarchie de la CENI ».

« Tshisekedi troisième »

Selon l’expert électoral, « les premiers résultats reçus au siège avent interruption voontaire de la transmission Vsat des données et les déclarations des agents CENI qui étaient sur le terrain te donnaient gagnant », le candidat kabiliste, Emmanuel « Shadary, second et notre frère en Christ, Félix Tshisekedi troisième. Les copies des résultats réservées à la Centrale électorale, qui sont conservées à la Direction des archives et rangées dans la cave de la CENI, Boulevard du 30 juin le prouveront ».

« Ta rigidité nous a plongés dans un trou noir », insiste Olivier Mayembe ;

« Pour libérer »

L’ex-cadre de la CENI indique faire cette confession pour « libérer » Félix Tshisekedi « de ce gros mensonge », le peuple congolais « de ces fausses vérités , les agents et cadres de la CENI de ce silence coupable et collectif dont ils paient le prix avec plus de 12 mois de non-paiement » de leurs salaires et Joseph Kabila ‘de la peur en l’invitant à se retirer de la vie politique ».

Criquets en Afrique de l’Est : une invasion liée au climat

Célian Macé — Libération (F) – le 28 mars 2020

Les cyclones qui ont frappé la péninsule arabique puis les pluies diluviennes qui se sont abattues l’an dernier sur la Corne de l’Afrique ont favorisé la reproduction et la circulation des insectes.

Faut-il blâmer la main de l’homme pour ce que la Bible désigne, dans livre de l’Exode, comme un châtiment divin ? Pour ce qui est de l’invasion de criquets pèlerins qui ravage l’Afrique de l’Est en 2020, le débat n’est pas tout à fait tranché. Pour atteindre cette envergure inhabituelle, la population d’insectes ravageurs a bénéficié de conditions de reproduction et de circulation idéales, favorisées par des variations climatiques extrêmes. Or ces cycles de sécheresses et d’inondations violentes, dans la région, sont soupçonnés d’être l’une des conséquences du changement climatique.

Les cyclones qui ont frappé la péninsule arabique en mai (Mekunu) puis en octobre 2018 (Luban) ont d’abord créé des zones humides qui ont favorisé le développement des criquets pèlerins – l’espèce, qui vit habituellement dans les pourtours désertiques, pullule avec l’humidité. Puis, les pluies exceptionnelles qui se sont abattues sur la Corne de l’Afrique l’an dernier – supérieures de 200 à 600 % à la moyenne saisonnière selon les pays – ont permis l’émergence d’une végétation abondante sur laquelle se sont rués les milliards d’orthoptères.

El Niño indien

Les épisodes de sécheresse ou de précipitation en Afrique de l’Est et dans la péninsule arabique s’inscrivent dans un système météorologique de large envergure : le dipôle de l’océan Indien, surnommé El Niño indien. La différence de température à la surface de la mer entre le «pôle occidental» (les eaux des côtes africaines) et le «pôle oriental» (celles du Sud-Est asiatique) est à l’origine de ce phénomène d’oscillation climatique, provoquant pluies et cyclones d’un côté de l’océan, sécheresse de l’autre. Le dipôle de l’océan Indien est dit dans sa phase positive lorsque les pluies s’abattent à l’ouest, dans sa phase négative quand les nuages se déplacent vers l’est. L’an dernier fut la plus intense phase positive de ces quarante dernières années, provoquant une terrible sécheresse en Australie et des inondations catastrophiques dans la Corne de l’Afrique.

Le réchauffement global, et la hausse de la température de l’océan, est soupçonné d’être un facteur de perturbation du dipôle de l’océan Indien. Mais le phénomène n’a été conceptualisé et modélisé qu’en 1999 : les chercheurs manquent donc de recul pour l’affirmer. «Les données météorologiques fiables dont nous disposons depuis les années 50 ne donnent pas d’indications permettant de dire que le dipôle est affecté par le changement climatique, avoue le professeur Saji Hameed, de l’université japonaise de Aizu, l’un des découvreurs du phénomène. Il semble avoir un comportement cyclique de long terme : des phases extrêmes sont remarquées tous les dix ans.» Cette fréquence est-elle susceptible d’augmenter? «Nous n’avons pas encore de certitudes scientifiques sur ce système complexe, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problème, précise le climatologue Hervé Le Treut, ex-membre du Giec. Comme partout, le climat va changer, c’est certain. On ne sait juste pas tout à fait comment.»

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© Dialogue, le samedi 28 mars 2020

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