20 04 20/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE LUNDI (Dialogue)

Sommaire

En ce lundi 20 avril 2020, pour limiter la propagation de la pandémie à coronavirus dans la capitale congolaise, le port des masques sera désormais obligatoire. C’est l’une des décisions issues de la réunion présidée samedi 18 avril par le Premier ministre Sylvestre Ilunga. Cette décision précise que même les masques de fabrication artisanale sont autorisés. Il faudra voir ce que ça donnera en pratique… Pour l’instant, c’est moins le covid19 qui semble exciter la verve des rédactions kinoises que la perspective d’une « Grande Lessive » dans les milieux financiers.

Covid-19

Le Potentiel titre «La RDC, 16ème pays africain le plus touché »

« La République démocratique du Congo est le seizième pays le plus touché par le Covid-19 en Afrique avec un total de 332 cas confirmés sur les 20.581 cas enregistrés sur le continent jusqu’au 18 avril 2020, selon les statistiques de l’OMS de la région Afrique.

Sur les 71 pays touchés en Afrique, l’Afrique du Sud est le premier avec 3.034 cas, suivi de l’Egypte avec 2.844 cas et du Maroc avec 2.670 cas.

Le Soudan du Sud et Sao Tome & Principes restent les pays les moins touchés avec 4 cas chacun.

En effet, les 20.034 cas confirmés d’Afrique sont répartis en deux, notamment dans 64 Etats membres de l’OMS Afro et dans 7 pays membres de l’OMS de la Méditerranée de l’Est. Par ailleurs, le nombre de décès dans les pays africains membres de l’OMS de la région reste plus élevé en Algérie avec 327 personnes décédées sur les 1.021 décès notifiés en Afrique, suivi de l’Egypte avec 205 décès et le Maroc avec 137 décès. La RDC en compte à ce jour 25.

Situation épidémiologique au dimanche 19 avril 2020

Le Bulletin n°27 du dimanche, le 19 avril 2020 du Secrétariat technique du Comité multisectoriel de la riposte à la pandémie du Covid-19, à Kinshasa, en Ituri, au Nord et Sud-Kivu et au Kwilu, mentionne que depuis le début de l’épidémie déclarée le 10 mars 2020, le cumul est de 332 cas confirmés. Au total, il y a eu 25 décès et 27 personnes guéries ; 152 cas suspects en cours d’investigation ; 5 nouveaux cas confirmés à Kinshasa; aucune nouvelle personne guérie ; aucun nouveau décès parmi les cas confirmés ; 127 échantillons testés.

Les autres cas non indiqués sont soit en hospitalisation, soit pris en charge hors structure par les équipes de la riposte.

Les 5 provinces touchées se répartissent le nombre de cas de la manière suivante :

Kinshasa : 320 cas ;

Nord-Kivu : 5 cas ;

Sud-Kivu : 4 cas ;

Ituri : 2 cas ;

Kwilu : 1 cas.

Par ailleurs, les données présentées dans ce tableau sont susceptibles de changer ultérieurement, après investigations approfondies et après redistribution des cas et décès dans leurs zones de santé respectives ».

Forum des As s’intéresse au « port obligatoire du masque dès ce lundi à Kinshasa

« La Police et l’Armée seront déployées pour faire respecter les gestes barrières, prévient le ministre de la Santé, Dr Eteni Longondo.

Les autorités donnent un tour de vis aux mesures de prévention contre le Coronavirus : le port du masque de protection désormais obligatoire à Kinshasa. Cette décision, prise au cours de la réunion présidée par le Premier ministre, samedi 18 avril, entre en vigueur dès ce lundi 20 avril sur l’ensemble de la capitale, a annoncé le Gouverneur de la ville.

Pour que cette mesure soit de stricte application, l’Hôtel de ville fait savoir qu’il va mettre à contribution les forces de police. « La police est chargée de veiller scrupuleusement au respect du port des masques, des mesures de distanciation sociale et des mesures d’hygiène », prévient Gentiny Ngobila. Dans tous les lieux publics, les éléments de la police traqueront les inciviques.

Invité du magazine Top Presse de la radio Top Congo FM, le ministre de la Santé, Eteni Longondo, embouche la même trompette, annonçant le déploiement dans la capitale non seulement de la Police mais aussi de l’Armée pour imposer le respect de ces mesures de prévention contre le Covid-19.

« Le gouvernement va bientôt mobiliser, pas seulement la Police, mais aussi l’Armée pour imposer la discipline face aux compatriotes qui ne respectent pas les mesures barrières. La Police et l’Armée seront déployées », a indiqué le ministre Eteni Longondo.

Ces décisions contraignantes sont prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire décrété par le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, le 24 mars dernier dont le Gouvernement a adopté le projet de prorogation vendredi en Conseil des ministres. Les autorités font savoir que ces nouvelles mesures ont pour objectif de contenir la propagation exponentielle du mortel virus dans la ville et préserver les acquis de deux semaines de confinement de Gombe.

« Nous voyons à travers la ville comment la population s’entête [à se comporter comme si la maladie n’existait pas en foulant aux pieds certaines mesures, notamment la distanciation sociale]. Les Kinois doivent comprendre que la maladie sévit déjà dans cette ville. Il y a plus de 300 cas testés positifs, plus de 25 personnes mortes [et 27 guéries]. Heureusement nous avons une équipe de riposte qui fait très bien son travail. Nous sommes en deçà d’autres pays qui connaissent beaucoup plus de morts que nous », s’est exprimé le numéro un de la capitale congolaise.

Depuis le début de l’épidémie déclarée le 10 mars dernier, le cumul est de 332 cas confirmés. Au total il y a 25 décès et 27 personnes guéries ».

Pour un « Grand Coup de Torchon »

Le Phare et Acturdc publient « Affaire des 100 jours : plusieurs autres personnes « invités » au Parquet de Matete »

Les interpellations de la justice au sujet du dossier de détournement de fonds de l’état alloués aux travaux du Programme de 100 jours du Chef de l’Etat sont loin de connaître une fin si rapidement.

Le coup de frein que tout le monde redoutait avec le confinement qui était annoncé de la commune de Limete n’aura plus lieu. L’instruction va donc se poursuivre activement avec l’audition de plusieurs « invités » dont on ignore encore les identités.

Ce qui est sûr, c’est que deux points centraux du dossier continuent, entre autres, de requérir une grande attention. Il s’agit notamment de l’affaire des médicaments périmés ayant coûté au trésor public une bagatelle de dix millions de dollars.

Lentement mais sûrement, l’étau se resserre autour du coupable et de ses complices. D’ici quelques semaines, certaines personnes ne pourront plus manipuler l’opinion publique, tant leur implication dans la magouille sera établie de façon irréfragable.

À côté de cette affaire des médicaments périmés, il y a celle des maisons préfabriquées, c’est-à-dire le fameux dossier de 47 millions de dollars qui ont curieusement disparu du circuit bancaire aussitot arrivés à la Rawbank sur le compte du libanais Jammal Samih, directeur général de la société Samibo. L’homme, on le sait, arrive à peine à justifier huit millions de dollars. Où est passé le reste ? Qui sont ses complices ?

Ici aussi, la vérité est en train d’éclore à la vitesse grand « V ». On sait par exemple, comme le révélait récemment l’ancien ministre Bitakwira, que le dossier qui était monté au niveau du ministère du Développement Rural avait été recalé par celui du Budget. Bien plus, le ministre du Budget avait formalisé le rejet du dossier par un courrier officiel.

Fort curieusement, le même dossier a été refilé au ministre des Finances par une procédure de contournement digne d’Al Capone. C’est ainsi qu’il a poursuivi son chemin jusqu’au paiement, tout cela à l’insu du ministère du Budget.

Une chose insolite dans ce dossier, c’est l’intrusion de Soraya Mpiana. La fille de Hamida Chatur et JB Mbiana a reçu, de manière inexplicable, en cession, une concession à Utexafrica. L’homme à la manœuvre n’est autre que le libanais Jammal, directeur général de Samibo. Cherchez l’erreur…

Toujours dans le même contexte, on apprend que le fugitif Shangalume Nkingi Daniel alias Massaro, un simple agent à la Société Nationale d’Assurances, a acheté cash une maison à Gombe pour la valeur d’un million de dollars et ce, en plus d’autres biens en dehors de la Gombe.

Par ailleurs, ce dimanche, une source judiciaire, proche du parquet général de Matete, a fait savoir qu’une figure employée à la présidence devra se présenter ce lundi 20 avril devant les juges. Il pourrait s’agir de Lydie Omenga, la directrice de communication de la Présidence de la République.

Cette saga judiciaire inédite dans l’histoire de la justice congolaise implique plusieurs personnalités et hauts cadres des entreprises publiques et privées. Elle a vu également Vital kamerhe, le directeur de cabinet du président de la République, être détenu provisoirement à Makala ».

Jean-Marie Lelo Diakese écrit, sur CongoIndépendant et sous le titre «Criminels en col blanc et banquiers: liaisons dangereuses »

« L’actualité nous montre que les criminels en cols blancs ne se trouvent pas seulement parmi les dirigeants de nos institutions et nos politiciens mais ils abondent également dans les banques.

Dans notre pays, les banques qui se sont développées le plus rapidement au cours des 15 dernières années sont celles qui ont été créées et qui sont dirigées par des commerçants. Elles ont profité du retrait du pays des principales entreprises internationales y compris les banques, soumises à des règles de gouvernance strictes.

Pour les commerçants/banquiers, au départ il s’agissait surtout d’assurer des financements peu coûteux pour leurs propres activités commerciales que les banquiers « traditionnels » hésitent à financer car souvent les pratiques des commerçants sont peu respectueuses des règles et des lois.

La Banque de Kinshasa (BK) dont l’actionnaire principal était Augustin Dokolo a été le précurseur de ces opérations sous Mobutu. La BIAC en est un des successeurs et son actionnaire principal a développé son groupe comme Dokolo en son temps au détriment des petits déposants qui ont perdu leurs avoirs, les gros déposants ont bénéficié de délits d’initiés et ont retiré leurs avoirs avant l’arrêt des activités.

La BCC (Banque Centrale du Congo) et le ministère des Finances, plutôt que de contrôler les banques, dans le meilleur des cas ferment les yeux et souvent sont complices.

A la corruption, l’impunité et la cupidité, devenus la règle, certains banquiers ont ajouté l’ingénierie financière, maillon indispensable aux opérations de grande envergure de nos criminels en col blanc. En facilitant le transfert vers les paradis fiscaux au profit de nombreux dirigeants, politiciens, magistrats etc. ils se croient désormais intouchables.

Ils ne se contentent pas d’être des exécutants, ils sont aussi très créatifs et proposent des opérations qu’ils appellent des »coups » à leurs clients/complices du gouvernement et des entreprises publiques.

C’est ainsi qu’en 2007, la Rawbank a failli mettre la main sur la MIBA par le biais d’un prêt de 11 millions de $US garanti par les titres miniers de la MIBA et dont les conditions de remboursement étaient impossibles à respecter. En effet, le crédit destiné à l’achat d’équipements et accordé au mois de mai était remboursable en 12 mensualités dès le 25 juin 2007.

Comme prévu, la MIBA n’a pas pu rembourser et le mécanisme de réalisation de la garantie a été enclenché. N’eut été les protestations des syndicats et certains politiciens, probablement oubliés dans le partage du butin, la MIBA ferait maintenant partie du patrimoine des commerçants propriétaires de cette banque.

Par la suite les opérations ont été diversifiées, des centaines de comptes ont été ouverts par des ministères et des entreprises publiques y compris par la BCC, tantôt au nom des institutions tantôt aux noms d’individus avec un flou artistique de mouvements entre comptes. Des prêts à conditions fantaisistes ont été accordés aux institutions. Un prêt de 100 millions de $US a été fait au gouvernement pour rembourser rapidement une dette de montant douteux due aux pétroliers. L’opération comportant des retraits en cash s’élevant à 15 millions de dollars est devenue depuis lors « l’affaire des 15 millions » dans laquelle le banquier aurait gagné plus de 20 millions en intérêts et commissions.

Dans l’affaire du « Programme de 100 jours », il semble qu’il y ait eu des retraits en cash encore plus importants et probablement aussi des profits plus conséquents pour la (ou les) banque(s) concernées.

Avec quelques opérations de ce genre par an, on devient rapidement une des banques les plus importantes du pays.

Si l’affaire des $ 15 millions a été révélée et ensuite enterrée, celle du programme des cent jours continue à défrayer la chronique. Elles ont jeté une lumière crue sur les partenariats complices entre banquiers et autres criminels en col blanc sous le regard bienveillant et peut être la complicité de la BCC et des autres institutions sensées contrôler les banques et leurs clients.

Si ces banques sont devenues des auxiliaires incontournables des grosses opérations prédatrices de nos criminels en col blanc elles en sont aussi le ventre mou. En effet, les opérations bancaires laissent des traces et l’impunité et la cupidité rendent imprudent.

Certaines traces deviennent indélébiles.

Tous les complices concernés ont joui jusque récemment d’une totale impunité, les poursuites contre Vital Kamerhe résultant d’une instruction politique et non de l’initiative d’un magistrat.

L’impunité règne en RDC, mais les banques ont des liens internationaux vitaux et des règles à respecter et notamment celles des autorités américaines quand il s’agit d’opérations en $US. Le non-respect de ces règles peut entraîner des sanctions qui peuvent être fatales pour des banques de taille moyenne. Plusieurs banques internationales ont subi des sanctions de plusieurs milliards de $US ces dernières années. En cas de sérieux soupçons, le département du Trésor américain peut diligenter des enquêtes et passer au peigne fin toutes les opérations bancaires.

Selon des amis à Washington, les audits qualifiés destinés à détecter les opérations irrégulières seraient d’une efficacité redoutable et mettraient rapidement à nu un grand nombre d’actes délictuels de nos criminels en col blanc et de leurs auxiliaires.

Comment déclencher une action des autorités américaines?

Par une campagne de lobbying. Auprès de l’ambassadeur Hammer qui a déclaré à maintes reprises que la lutte contre la corruption doit être une priorité et auprès des membres du congrès et auprès d’institutions de la société civile active qui font la promotion de la transparence et de la recevabilité des administrations.

La plateforme « Le Congo n’est pas à vendre (CNPAV) » pourrait jouer un rôle important dans une telle campagne. Elle est en train de s’affirmer comme un acteur important dans la lutte contre la corruption. Par un communiqué du 15 avril, elle vient de lancer une opération de sauvegarde du patrimoine des entreprises publiques et appelle le président de la République et le gouvernement à initier un audit général des entreprises publiques, en particulier celui de la Gécamines compte tenu des nombreuses affaires en suspens.

(https://www.actualite.cd/2020/04/15/rdc-le-congo-nest-pas-vendre-soppose-la-vente-des-actifs-de-stl-la-gecamines-pour-4 )

CNPAV compte des membres internationaux qui ont des liens étroits avec les USA pourrait initier une action auprès d’organisations sœurs américaines de lutte contre la corruption comme « Enough », « The Sentry » et « Transparence International » etc. dont plusieurs ont déjà travaillé en RDC.

Ainsi, ce qui au départ était une opération politique téléguidée et précipitée pourrait, par les preuves accablantes d’opérations délictuelles portant sur des centaines de millions de $US, devenir l’étincelle d’une vaste opération de nettoyage. Cela ne manquerait pas d’affaiblir fortement les initiateurs politiques de ces opérations « cosmétiques » qui font surtout de la « communication » pour la plateforme FCC ».

Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais réfugié en France, a publié sur le site (burkinabé) WakatSéra « Tshisekedi et Kamerhe à l’épreuve de la trahison »

« Sanglé (dans le véritable sens du mot) dans son costume bleu clair, Félix Tshisekedi était très mal à l’aise. Pour le protéger contre toute tentative d’assassinat, Kabila lui avait dicté de mettre un para balles (à travers une veste qui lui collait déjà au corps). L’image était des plus grotesques.

Il fallait protéger la poule aux œufs d’or, sans laquelle Kabila se serait retrouvé aujourd’hui à la CPI (Cour pénale internationale, NDLR).

On a vite oublié cette scène blessante. C’était le 24 janvier 2019. Tshisekedi était investi président de la République, après des élections biaisées, contestées et contestables. A l’intérieur comme à l’international. A preuve, seul le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, était présent à cette cérémonie. C’est peu dire que, pour beaucoup, l’événement n’en était pas un.

Mais pour Kabila et son camp, les jeux étaient faits. Tshisekedi était pris au piège. En acceptant de jouer le rôle de président-potiche, il faisait automatiquement office de bouclier du «raïs». Contre tout mauvais vent. Qu’on ait pu penser à un soulèvement du peuple ou à un couac quelconque.

Blanc comme neige donc, Kabila «cédait» son fauteuil. On parla de «passation pacifique» de pouvoir, alors même que la mascarade était sans voile. Qu’à cela ne tienne, Tshisekedi était devenu cinquième président de la République Démocratique du Congo. Autour d’une vive polémique, qui a divisé non seulement l’opinion en deux camps irréconciliables, mais surtout le peuple congolais. Depuis, il y a émergence d’ethnisme, notion presque oubliée sous le régime de Mobutu.

C’est sur ces bases de tensions et de désordre ethnique (il y a eu mort d’hommes) que Tshisekedi s’est retrouvé sur le terrain du «pouvoir sans pouvoir». Mais ce qui était le plus à scruter par les observateurs était plutôt sa capacité à diriger un Etat aussi vaste qu’est la RD Congo. Un pays économiquement par terre, qui plus est, en proie à l’insécurité récurrente dans sa partie est.

Entre ses partisans et ses détracteurs, la position médiane des Congolais éclairés avait tranché: «Donnons sa chance au fils d’Etienne Tshisekedi. Après tout, c’est un Congolais». Les plus libéraux ont même évoqué cet aphorisme de Galilée (XVIIè siècle: «Je n’ai jamais rencontré d’homme si ignorant qu’il n’eût quelque chose à m’apprendre».

De la parole banale!

Pendant plus d’une année, on attendait ce «quelque chose». En vain. Inversement, on l’a vu évoluer en homme politique sans originalité. Ses premiers pas sont désastreux dans le «programme dit de 100 jours». Instable, sans vision, il parcourt le monde, à la recherche de la légitimité et des sous. Il n’y rapporte rien qui vaille.

La légitimité ne pouvant venir ni des Etats-Unis ni de la Russie, il la perd forcément dans son propre pays. Faute de contact avec son peuple. De l’argent, il ne ramène que des illusions. Plutôt des promesses liées à la «Dette fatale», selon le titre de l’ouvrage de la célèbre économiste zambienne, Dambisa Moyo.

C’est comme s’il n’avait jamais entendu parler de Mao, le Chinois. Ce dernier ne s’était déplacé qu’une seule fois pendant tout son long règne. En octobre 1949, l’ex-Urss reconnaît la Chine. Deux mois après, en décembre Mao se déplace en Urss. On connaît la suite: un grand homme d’Etat, qui a laissé des bases solides d’un pays en constant développement.

Sur un autre registre, Tshisekedi se fait le chantre de la parole banale. Il se plaît des lieux communs. Par exemple: Il parle sans vergogne de «sacrifier sa vie pour la paix dans les provinces du Kivu». Voici donc un Jésus-Christ congolais; il promet sans réfléchir de «déboulonner le régime de Kabila»; il refuse de s’ériger en censeur «pour fouiner dans le passé» … Des contradictions sans issue qui le décrédibilisent. «Fouiner», devient, du coup, un verbe à la mode, par moquerie! La liste de ses impairs n’est pas exhaustive!

Bref, on découvre en lui un homme non préparé à de hautes fonctions. Qui ne maîtrise rien. Il dilapide avec rage le budget alloué à la présidence. Des millions sont engloutis dans des dépenses de plaisance (voyage); dans les salaires du personnel d’un cabinet présidentiel pléthorique, composé en majorité des siens (népotisme) et dans la création d’institutions aussi inopportunes que budgétivores (manque de réalisme politique) …

Face à Kabila, il courbe l’échine. C’est le maître des horloges, qui le tient en laisse. A cause de «l’Accord» dont le mystère restera difficile à percer. A l’instar de celui que Laurent Désiré Kabila, son père, avait passé à Lemera (RD Congo), avec les gouvernements rwandais et ougandais.

Le portrait achevé de l’homme frise l’incompétence. Tout simplement.

Est-ce la fin du CACH?

Enfin, la présence de Kamehre. Cet homme intelligent, certes, mais cynique. C’est le cœur battant de toute la machinerie, mise probablement en branle depuis le mois de juillet 2018. Certaines informations dignes de foi laissent entendre que c’est à cette période qu’il y a eu la première rencontre du trio Kabila-Kamerhe-Tshisekedi. C’est également à cette date, avancent-elles, que la décision était arrêtée pour que Tshisekedi assure la magistrature suprême et que Kabila «s’efface».

Tout le reste découle de cette décision: l’échec de Genève, l’accord de Nairobi, les élections biaisées… l’omnipotence de Kamerhe. Tout était planifié par ce dernier sur le dos de Tshisekedi, à qui revenait le rôle protocolaire. «Le programme dit de 100 jours» remonte au loin, concocté par le puissant chef de cabinet. Il était autorisé, d’après certaines sources, à y puiser pour sa campagne projetée en 2023. Etant donné que Tshisekedi devait rendre le tablier, selon les termes de l’accord de Nairobi.

D’où le silence du chef de l’Etat, qui avait tout d’un complice, sur les malversations de son chef de cabinet. L’opinion, comme on le sait, s’est ébranlée pour réclamer que lumière soit faite là-dessus. Sans effet. Tshisekedi, subissant le résultat de ses turpitudes, devait rester bouche cousue!

Que Kamerhe ait péché par excès d’esprit de cupidité, en puisant plus qu’il ne fallait et qu’il soit aujourd’hui inquiété par la Justice, constitue une dimension supplémentaire à l’ensemble de la problématique. Qui, malheureusement, ne conduit qu’à nous poser une série de questions sans réponses valables pour certaines. Les voici disposées pêle-mêle: qui a décidé du lâchage – et même du lynchage -, de Kamerhe? Kabila est-il derrière cette affaire? Tshisekedi en sait-il quelque chose? Est-ce la fin de l’alliance CACH entre Tshisekedi et Kamerhe? De même que celle, par conséquent, de l’alliance CACH et le FCC de Kabila? A qui profite le «crime»?

Quoi qu’il en soit, pour l’heure, une chose est sûre: une mèche de cheveux est dans la soupe. Le CACH, pris isolément, autant que l’alliance CACH-FCC sont dans la zone de turbulence fatale. Hier, bouclier du «raïs», Tshisekedi ne représente plus rien, aujourd’hui. C’est un citron qu’on a pressé, bon pour la poubelle.

C’est la rançon de la trahison. Judas, après avoir trahi Jésus, s’est pendu. Les autres traîtres, dans la foulée, le paient autrement à travers le ridicule … lequel tue à sa manière. Pour les sages, Tshisekedi et Kamerhe sont déjà morts, en parias de la société.

A qui profite le «crime»?

Les caïmans du FCC – il ne faut jamais les oublier -, sont constamment sur le pont. Les armes bien affûtées. N’attendaient-ils pas ce moment pour frapper et égorger? En tout cas, c’est à eux que profite le «crime», que l’affaire Kamerhe soit une mascarade ou pas. Ainsi donc, quelle que soit la position de l’ex-chef de cabinet, Kabila sera-t-il toujours heureux de faire d’une pierre deux coups. Eliminer à la fois Tshisekedi et Kamerhe, c’est pour lui s’ouvrir un boulevard pour 2023.

Les dictateurs n’aiment pas, à leurs côtés, la présence d’un concurrent potentiel. Souvenons-nous de ce qu’on a appelé le «duel rouge», entre Staline et Trotski, dans la Russie bolchevik. Staline a eu raison de son rival, alors que celui-ci s’était réfugié, en 1940, très loin au Mexique. Il l’a fait assassiner. Dans ce cas, pour Kabila (connaissant les velléités dormantes de Kamerhe, pour le fauteuil présidentiel), ce dernier est également bon à abattre.

Cependant, rien n’est encore acquis pour Kabila. La partie reste encore à jouer. L’Histoire est aux aguets, pour lui demander des comptes. Beaucoup de comptes. Dont sur des mensonges, liés à la tricherie électorale en 2006, bis repetita en 2011 ainsi qu’en 2018. Le pays continue d’en pâtir sur tous les plans.

Dans notre article publié par Courrier international (n° 1472 du 17 au 23 janvier 2019), nous faisions l’éloge de la vérité, en paraphrasant Boileau (XVIIe siècle), qui disait que «rien n’est plus beau que le vrai, le vrai est aimable».

Kabila finira, tôt ou tard, par payer les frais de ses mensonges, car «rien n’est plus détestable que le mensonge». Et le «vrai» dont parle Boileau, c’est la vérité qui finit toujours par triompher. A côté des peuples. Bien entendu ».

Scoop RDC titre «Affaire des 100 jours : la faute incombe entièrement à l’Etat dans le dossier Samibo (Avocats de Samih Jammal) »

« Le responsable de la société Samibo Sarl croupit depuis un mois à la prison centrale de Makala. Samih Jammal qui est en conflit avec le parquet général de Matete, est poursuivi pour détournement de l’argent de l’Etat congolais et pour abus de confiance dans un marché lui accordé de construction de 1.500 logements sociaux préfabriqués dans cinq provinces du pays. Ce dossier aux contours flous, a, selon, les proches de l’incriminé, des non-dits.

Si retard il y a eu dans certaines provinces, argumentent ses avocats, cela est dû à diverses raisons dont le manque d’attribution des espaces pour accueillir ces édifices. « Les travaux sont en retard mais ne connaissent pas d’arrêt. Pour la ville de Mbuji-Mayi, les travaux viennent de commencer avec l’acquisition du terrain par le gouverneur de province du Kasaï Oriental, Jean Maweja », affirment les avocats de Samih Jammal.

S’agissant des constructions de Kinshasa, 250 maisons sont déjà construites sur les 300 prévues et il n’en reste seulement que 50 et la fin des travaux ne dépend que de certains paiements par le gouvernement pour libérer des containers de matériaux bloqués à la douane. Et en dehors de 300 maisons, expliquent toujours les avocats du patron de Samibo Sarl, l’Etat congolais avait commandé un rajout de 3000 maisons préfabriquées pour lesquelles Samibo possède déjà 1000 maisons prêtes, mais que le fournisseur turc refuse d’expédier faute de paiement.

Malgré la détention de son numéro 1 et le non-respect par le gouvernement congolais de son engagement financier à des échéances prévues, les avocats confirment que Samibo Sarl continue les travaux dans la ville de Kinshasa mais également à Mbuji-Mayi avec une vitesse considérable, quoique le site lui soit octroi tardivement. « Cette action démontre la bonne foi de Samibo et de son gérant M. Samih Houbala Jammal », soutiennent ainsi les avocats.

Le gouvernement, mauvais payeur !

La libération élastique des fonds par le gouvernement congolais n’a pas permis à Samibo d’exécuter les travaux selon le chronogramme du fait que la société s’est vue incapable de dédouaner et faire libérer en temps voulu les containers des différents matériaux entreposés dans plusieurs ports à travers le monde : Angola, Tanzanie, Turquie…

Il sied de souligner que le contrat dont bénéficie Samibo sur la construction des logements sociaux remonte du gouvernement Tshibala, sous la supervision du ministre Justin Bitakwira. L’état congolais doit encore des millions USD à cette entreprise qui a déjà préfinancé la construction de 1000 maisons militaires.

La grande responsabilité dans le retard qui attire à Samih Jammal l’infraction d’abus de confiance revenant au gouvernement congolais, les avocats estiment que le tribunal devra humanitairement accordé une attention particulière à cette personne du troisième âge (82 ans) dont l’état de santé est fragile surtout en cette période où la propagation exponentielle du Covid-19 est inquiétante pour les personnes de cette catégorie d’âge. Ils soutiennent qu’il n’y a aucune crainte pour leur client qui a passé plus de 52 ans au Congo de fuir, surtout que pendant tout son long séjour il n’a jamais eu des ennuis avec la justice congolaise ».

Le Phare titre «Interpellations et emprisonnements des mandataires : un audit général et urgent des entreprises publiquesdevient nécessaire »

« Lorsque Le Phare donnait de la voix, depuis l’année dernière, pour exiger comme préalable à la nomination de nouveaux mandataires à la tête des entreprises publiques, l’initiation d’un audit général de leurs gestionnaires, des candidats aux postes et leurs parrains politiques y voyaient une campagne sans objet de dénigrement à l’endroit de ceux qui passaient pour de petits saints.

Pressés de se partager le gâteau du Portefeuille, nombre de dignitaires du FCC (Front Commun pour le Congo) et de CACH (Cap pour le Changement), jouaient des pieds et des mains pour amener le Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi, à signer avec diligence les ordonnances devant permettre à leurs protégés de prendre ou de conserver la haute direction des « poules aux œufs d’or » de l’Etat.

Un heureux concours de circonstance pour le quotidien de l’avenue Lukusa, qui donnait l’impression de prêcher dans le désert, est que les interpellations judiciaires et la mise en détention provisoire à la Prison Centrale de Makala de plusieurs mandataires publics, pour cause de détournement des fonds liés au programme d’urgence des 100 jours du Chef de l’Etat, viennent de lui donner raison. Après la disparition, sans laisser des traces, des millions de dollars américains affectés aux travaux de réhabilitation et de modernisation des routes, ponts, écoles, hôpitaux, logements sociaux pour militaires et autres à Kinshasa comme au pays, beaucoup donnent aujourd’hui raison à sa rédaction.

Même si aucun mandataire interpellé ou jeté en prison n’est encore condamné, la hauteur à peine imaginable des fonds détournés dans le cadre du programme d’urgence du Chef de l’Etat indique que les prévenus et ceux qui sont encore en liberté, doivent avoir fait pire au sein des entreprises publiques sous leur gestion depuis des mois ou des années. « Ata bayibaka, yiba ata moke » (même s’il faut voler, fais-le avec modération), clamait publiquement feu le Maréchal Mobutu Sese Seko, scandalisé par des rétro-commissions monstrueuses perçues par feu Eketebi, alors ministre des Transports, à l’époque de l’ex-Zaïre.

On ne va pas donner un tel conseil à ceux qui sont sous mandats d’arrêt provisoires émis par les parquets généraux près les cours d’appel de Matete et de Gombe, et dont on attend qu’ils soient lourdement condamnés et sommés de restituer les deniers publics détournés, dans l’hypothèse où leur culpabilité serait établie, car la bonne gouvernance interdit de voler ne serait-ce un centime appartenant au contribuable congolais.

Non aux nominations… oui à l’audit général

Compte tenu de la saga judiciaire qui émeut même les enfants de la rue de Gombe et d’ailleurs, la moindre des choses à demander aux « dignitaires » du FCC et de CACH est de sursoir à toute velléité de nouvelles mises en place dans les entreprises publiques et d’économie mixte. La nécessité d’un audit général des unités de production de l’Etat n’appelle plus de débat. Le gouvernement Ilunga devrait déclencher, toutes affaires cessantes, le mécanisme de contrôle des états financiers d’entreprises et services publics aux trésoreries toujours au rouge, avec des agents alignant des mois d’arriérés dépassant largement la vingtaine et des outils de production obsolètes, pendant que leurs mandataires et hauts cadres mènent un train de vie de magnats.

C’est écœurant de voir des mandataires publics s’aménager des empires immobiliers et des parcs automobiles qui constituent une insulte à la misère de leurs employés et un pied de nez à l’Etat propriétaire, condamné à recevoir annuellement des bilans d’exploitation négatifs. L’audit général devrait permettre aux décideurs politiques ayant le pouvoir de nomination d’avoir une cartographie globale de la gestion des entreprises et services publics, afin que ceux qui seraient reconnus coupables de mégestion rejoignent, à Makala, la constellation des pilleurs de la République.

Un tel exercice aurait le mérite de faire peur à leurs successeurs aux postes, qui sauraient désormais que l’impunité est révolue et qu’il n’appartiendraient qu’à eux d’assumer leurs charges de managers pour le bien de la communauté nationale et non leur confort personnel, au risque de connaître le même sort que ceux qui se sont amusés avec les millions du programme d’urgence des 100 jours du Chef de l’Etat ».

Convocation du Congrès

La Prospérité voit« : Jean-Marc Kabund sommé de rendre public le budget évoqué de 7 millions »

« Le 1er Vice-président du bureau de la Chambre basse du parlement, Jean-Marc Kabund A Kabund, est sommé de rendre public le document qui reprend le budget de la convocation d’un Congrès pour la crédibilité du parlement. Jean- Jacques Mamba, Député national du MLC, s’est adressé via une correspondance à son collègue Député sur ce dossier fameux de 7 millions USD qui a fait couler beaucoup d’eaux sous le pont.

« Votre magistrale intervention sur Top Congo a jeté le pavé dans la mare en ce sens qu’il est, et je comprends l’opinion sur ce point, inadmissible en cette période, de dépenser 7 millions de dollars pour un congrès censé durer 2 heures, alors que notre pays fait face à d’énormes défis financiers dans le cadre de la lutte contre le covid-19 », a écrit Jean-Jacques Mamba à son collègue Jean-Marc Kabund.

D’après l’élu du MLC, l’information lancée par l’élu du Mont-Amba met en difficulté les élus du peuple dans l’opinion. « Cette information a lancé un discrédit sans précèdent sur le bureau et notre Chambre. Elle nous a mis en difficulté dans l’opinion et d’une certaine manière à inhiber le débat démocratique que j’encourage du reste, sur la question soulevée dans votre intervention, en ce sens que vous avez agité à dessin une corde si sensibilise que vos contradicteurs parmi lesquels figurent vos collègues, ont été réduits dans l’imaginaire collectif, à la portion congrues des députés insidieusement et uniquement intéressés par le partage de 7 millions allégués dans votre propos sur TOP CONGO », a-t-il souligné.

Dans sa lettre, Jean-Jacques Mamba a rappelé au 1er Vice-président que les membres du Bureau sont appelés à adopter toujours des attitudes et comportements conformes au Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, afin de privilégier le prestige et la crédibilité de l’Institution parlement.

Après l’intervention de Jean- Marc Kabund sur la radio Top Congo, le Président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba avait qualifié les propos du Président a.i de l’UDPS de mensongers et diffamatoires, visant à instrumentaliser l’opinion publique contre l’institution parlementaire, pour des fins inavouées ».

Scooprdc titre « Prorogation de l’état d’urgence sanitaire en vue : Cap sur le Congrès ! »

« Le Gouvernement de la République a tenu ce vendredi 17 avril 2020, en vidéoconférence entre la Cité de l’Union Africaine et l’Hôtel du Gouvernement, la 27ème réunion extraordinaire du Conseil des ministres, sous la présidence du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo au cours de laquelle le ministre de la santé publique a présenté trois projets de textes adoptés, en rapport avec le Covid-19 dont le projet d’ordonnance portant prorogation de la durée de l’état d’urgence sanitaire.

Proclamé le 24 mars 2020 par ordonnance présidentielle n° 20/014 pour une durée de trente jours prenant effet à la date de sa signature, l’état d’urgence sanitaire prendra fin le 23 avril prochain à minuit soit dans quatre jours francs selon l’article 1er alinéa premier de cette décision. Cependant, le troisième alinéa de l’ordonnance fonde les conditions d’une probable prolongation de cet état se basant à quelques mots près sur l’article 144 alinéa 4 de la Constitution : « les mesures prises en application de la présente ordonnance cessent d’avoir effet après l’expiration du délai prévu au premier alinéa, à moins que l’Assemblée nationale et le Sénat, saisis par le Président de la République sur décision du Conseil des Ministres, n’en aient autorisé la prorogation pour des périodes successives de quinze jours ».

Nécessité de proroger l’état d’urgence sanitaire

Alors que le pays a franchi la barre des 300 cas positifs et que dans un communiqué signé le 13 avril, le docteur Jean-Jacques Muyembe, coordonnateur du Secrétariat technique du comité multisectoriel de riposte au Covid-19 alertait que «la pandémie entrait dans une phase de croissance exponentielle dans la capitale et que selon les différents modèles de projection, contextualisés à la RD Congo, le moment le plus haut de cette croissance sera atteint entre la première et la deuxième semaine du mois de prochain», cette structure nationale dédiée à la riposte déplorait « le relâchement dans le respect des mesures et des consignes prises par les autorités sanitaires et politiques du pays, pour empêcher la propagation rapide de cette maladie dans la ville de Kinshasa, considérée jusqu’ici comme l’épicentre de la pandémie en RD Congo. »

Dans ce document alarmiste, le Comité Muyembe prévenait que « pendant cette période, il faut s’attendre à un afflux important des malades dans les structures sanitaires qui, vraisemblablement, seront débordées. Si les efforts de préparation en cours ne sont pas finalisés à temps, il faudra craindre le pire ».

Il est donc nécessaire, au vu de l’allure dangereuse prise par la pandémie dans le pays, en si peu de temps qu’une prorogation de l’état d’urgence sanitaire soit mise sur la table pour maintenir et étendre les mesures prises dans cette ordonnance proclamant l’état d’urgence qui doivent rester de stricte observance comme recommandé par la structure scientifique de lutte contre le Covid-19.

Violons accordés au sommet des institutions ?

Cette probable prorogation de l’état d’urgence sanitaire en RDC qui se profile, intervient dans un contexte politique qui semble nettement plus apaisé entre les différentes institutions (Présidence de la République et deux chambres) qu’à la suite de sa proclamation.

En effet, suite à celle-ci, un débat électrique a été déclenché entre les défenseurs d’une autorisation parlementaire à posteriori de cet état d’exception par le biais d’un Congrès parlementaire conformément à une lecture combinée des articles 85,119 et 144 de la constitution menés par l’expérimenté Président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba et les tenants d’une simple consultation des chefs des institutions législatives et du Premier Ministre sur pied de l’article 85 de la loi mère congolaise, thèse défendue par le controversé 1er vice-président de l’Assemblée nationale et Président intérimaire de l’UDPS, Kabund wa Kabund.

Ainsi, saisie par la Présidence de la République, par son arrêt du 13 avril 2020, la Cour Constitutionnelle par la voix de son Président Benoit Lwamba a statué sur la décision du Président de la république proclamant l’état d’urgence sanitaire en la qualifiant de « bel et bien conforme » à la Constitution, n’appelant pas une quelconque autorisation du Parlement en faisant savoir que le Chef de l’État a usé de ses prérogatives constitutionnelles qui lui sont reconnues à l’article 85 de la Constitution et la procédure en la matière n’ayant pas besoin d’une autorisation ni d’un Congrès. Quoique inattaquable et opposable à tous, cet arrêt a tout de même été qualifié d’ « arrêt monstre » ou « arrêt de compromis » par certains spécialistes du domaine juridique.

Cet épisode de tensions institutionnelles et politiques semblerait cependant dépassé à en croire les déclarations conciliatrices devant la presse de la Présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda Lioko au sortir de l’audience entre le Président de la République et les deux présidents du Parlement à Nsele, le 14 avril dernier où elle affirmera qu’« il faut regarder de l’avant. Au moment où la population autour du chef de l’Etat, autour des institutions, des élus de la République cherche les meilleures mesures pour sa protection, je crois que ce ne sont pas des batailles politiques qui doivent nous distraire. Il faut voir ensemble comment nous allons avancer ».

Ton similaire du côté de la Présidence de la République comme on peut le lire dans le compte-rendu du dernier Conseil des Ministres Gouvernement en vidéoconférence : «Concernant sa rencontre du 14 avril dernier avec les Présidents du Sénat et de l’Assemblée Nationale, le Chef de l’Etat a indiqué qu’elle rentrait dans le cadre des consultations normales qu’il mène en rapport avec les implications législatives de la déclaration de l’état d’Urgence sanitaire. Il s’est réjoui de la convergence des vues qui s’est dégagée entre lui-même et ses interlocuteurs sur le sujet abordé. »

Le scénario idéal pour le Congrès

Cette accalmie institutionnelle constatée devrait donc permettre une probable prorogation de l’état d’urgence sanitaire dans un climat de sérénité entre les différentes institutions nationales impliquées dans ce processus qui se voudrait diligent au vu du timing serré avant la prochaine expiration. Le scénario idéal serait donc que sur pied de l’article 144 alinéa 5, le Président de la République saisisse par lettre, dans les heures qui suivent, les deux présidents du Parlement pour obtenir l’autorisation de prorogation de l’état d’urgence pour une période de quinze jours.

Les deux Chambres dûment saisies se réuniront donc urgemment en Congrès (réunion des deux chambres) conformément au règlement d’ordre intérieur dudit Congrès en son article 36 qui stipule que « le Congrès, saisi par le Président de la République autorise lorsqu’il s’agit de la prorogation de l’état d’urgence ou de l’état de siège, à la majorité des deux tiers de ses membres ». Ce Congrès procédera ainsi au vote d’une résolution d’autorisation de prorogation qui sera transmise au Président de la République par courrier qui permettra au Chef de l’Etat de prendre dans la foulée, l’ordonnance portant prorogation de la durée de l’état d’urgence sanitaire.

Du côté des dispositions pratiques, les échos du Palais du Peuple, siège des institutions parlementaires signalent que depuis ce vendredi 17 avril 2020, après 4 jours des travaux de désinfection, dératisation et de décontamination, le ministre de l’environnement et développement durable, Claude Nyamugabo a procédé à la remise des clés du bâtiment aux questeurs adjoint du Sénat et celui de l’Assemblée nationale en affirmant que « les conditions sont réunies, le bâtiment est saint aujourd’hui, les élus du peuple peuvent reprendre le travail ainsi que les fonctionnaires de l’assemblée nationale et du sénat, le tout dans le respect des règles sanitaires en vigueur pendant cette période« .

Le décor est ainsi planté pour que les élus de la République jouent leur partition dans l’état d’urgence sanitaire actuel au regard de leurs prérogatives constitutionnelles ».

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© Dialogue, le lundi 20 avril 2020

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