Insécurité à Lubumbashi : qui est derrière tout ça ? (ActuRDC)

LUBUMBASHI – La deuxième ville de la RDC fait depuis de semaines face à une insécurité au-delà de la mesure du possible. L’insécurité serpente la ville de Lubumbashi, endeuille certaines familles, et appauvrit d’autres. Difficile, voire impossible de passer des nuits tranquilles dans une ville où la paix a été souvent la caractéristique. Des coups de balles crépitent de part et d’autre, des maisons huppées ou non sont la cible d’un réseau de personnes organisées comme une association étatique afin de troubler la quiétude des citoyens.

Au cours de la semaine dernière, un nombre incalculable des cas de cambriolage conjugués aux meurtres ont été enregistrés dans bien de quartiers. Et les troubles survenus dimanche à la Katuba étaient l’expression d’une population désespérée, d’une population excédée. Tel un refrain d’un chant sans fin, la question de l’insécurité à Lubumbashi et dans le Haut-Katanga supplante l’imagination. Les Lushois vivent avec, la peur au ventre, des nuits blanches dans certains coins de la ville comme au quartier Kisanga, Katuba Salongo, Katuba 3, le quartier Matshipisha ou Gambela… Que des interrogations autour de ce qui est d’ores et déjà jugé comme un fléau dans la ville de Lubumbashi !
Qui est derrière tout ça ?

Aujourd’hui, l’insécurité à Lubumbashi a un nom même si les autorités se moquent des allégations faites régulièrement par la population: ce sont des agents de la PNC et des FARDC

L’heure n’est pas aux plaintes, ni aux discussions, mais à la réflexion. Une réflexion déjà faite une année avant alors que la province était dirigée par le Gouverneur sortant, Pande Kapopo. Cerner le problème afin de savoir comment s’y prendre, ceci a été déjà fait, car même le président de la République Félix Tshisekedi était à Lubumbashi en avril 2019, il y a un an presque jour pour jour. Dans la suite du chef de l’État, l’on notait la présence d’un certain John Numbi, inspecteur général des FARDC, qui a eu des concertations avec des cadres de base locaux pour aboutir à des fortes conclusions qui avaient semblé calmer la situation. Mais voilà quelques mois plus tard.

Aujourd’hui, l’insécurité à Lubumbashi a un nom même si les autorités se moquent des allégations faites régulièrement par la population victime des actes ignobles. Ce sont des agents de la PNC et des FARDC qui sont aperçus dans plusieurs scènes de crime, ce n’est un secret pour personne, sauf pour celui qui ne voudrait l’entendre. La connexion entre ces présumés bandits et les services de sécurité a été faite à dessein. Ils ont des armes de guerre, de tenues militaires ou policières et trop souvent avec les jeeps de la police qui circulent le jour, avec des agents à bord.

Pire encore, selon plusieurs témoignages recueillis par notre rédaction, les numéros d’urgence communiqués à la population pour solliciter une intervention rapide en cas d’effraction, sonnent souvent si pas à vide, alors dans les rangs des voleurs. Inexplicable ! S’il s’agit d’un piratage, qu’a fait la police locale pour contourner ? Rien !

Le gouverneur Kyabula impuissant ou complice ?

Ceci peut toucher à la sensibilité de nos lecteurs, mais il se trouve clairement que le gouverneur de la province Jacques Kyabula serait soit impuissant ou navigue à l’autre bord de la complicité dont les vraies motivations ne sont connues, la preuve par les faits. Il a hérité d’une situation sécuritaire cruellement dégradée sous Célestin KAPOPO, son mentor. À son arrivée, la sécurité des personnes et de leurs biens était le maître-mot de son programme d’action, car étant lui-même conscient de ce que vivaient ses frères et sœurs de Lubumbashi, de Kasumbalesa et même de son Likasi natal.

Ministre des finances dans le gouvernement provincial passé, Jacques Kyabula n’était pas un étranger au système. Dès ses premiers mois à la tête de la province, il va doter aux centres de commandement des opérations de patrouille mixte FARDC-PNC, de dizaines de jeeps pimpant neuves sous une tapageuse communication publicitaire.

Le jeune Gouverneur de province va espérer renforcer la sécurité dans sa juridiction en approvisionnant toutes les semaines en carburant tous les véhicules destinés à cette fin. Ironie du sort, c’est de là que l’insécurité gravit des échelons, et on accusait déjà l’année passée la présence de ces jeeps dans les cas de cambriolage. Malgré cela, le gouverneur est revenu avec une autre dotation des jeeps sans évaluer le résultat produit par le premier lot. Il y avait certes une grande volonté de résoudre la problématique, mais une volonté nonchalante, presque complice. Quand il commença à se poser des problèmes d’accessibilité à certaines contrées de la ville faute d’infrastructures routières, c’est encore Jacques Kyabula, qui fit un don des motos aux forces de l’ordre. Là aussi, l’insécurité n’a jamais dit son dernier mot, elle a continué comme poussée un électrochoc indémontable.

L’insécurité comme business ?

Sous Jacques Kyabula, une sorte de business s’est tacitement organisée autour de l’insécurité et il n’en serait indemne. Car c’est lui qui instruit la stratégie de primer tout militaire ou policier qui arrêtera des présumés voleurs. Une somme de pas moins de 100 dollars comme récompense. On lui amena dans la foulée pas mal des présumés bandits, armés dans les rangs desquels les femmes, les enfants des militaires et même les militaires et policiers actifs, mais il n’a jamais agi, pourtant bien informé que les forces de sécurité étaient trempées dans cette sale histoire.

La communication a trop souvent été maquillée pour sortir la police et l’armée de ça jusqu’au jour il va se rendre lui-même compte que les causes derrière cette insécurité ressemblent à un sabotage. Il l’a dit récemment dans un post sur les réseaux sociaux mais peut-être trop tard pour être considéré comme un simple aveu d’impuissance, plutôt un cri qu’on rapprocherait d’une complicité involontairement.

L’organisation de la sécurité dans le Haut-Katanga coûte énormément cher. Elle a donné du boulot et du gagne-pain à beaucoup. D’après des témoignages, certains n’aimeraient plus que l’insécurité s’arrête puisqu’ils marqueraient de quoi vivre. Une cellule scientifique de lutte contre la criminalité a tout récemment été mise en place, mais comme d’autres innovations made in Jacques Kyabula Katwe, celle-ci n’a produit aussi aucun fruit, si pas de fruits amères, avec des enquêtes qui ne sont jamais parvenues à établir la lumière sur certains dossiers très suspicieux comme le meurtre d’un agent de l’entreprise Ruashi Mining au quartier Bel-Air La vallée, il y a quelques mois, des vols et viols massifs à la commune Katuba et à la commune Kampemba (la plus criminogène selon le dernier rapport de la société civile).

Cerise sur le gâteau, Jacques Kyabula à, dans sa volonté de faire face à un adversaire (insécurité) contre lequel il est vaincu d’avance, mis en place des Centres de Coordination des Opérations (CCO) dans les communes de la ville. Le but était de créer la proximité entre les forces de l’ordre et la population et de faciliter la rapidité dans l’intervention, une fois de plus, cette initiative s’est révélée nulle dans la lutte contre le fléau insécurité dans le Haut-Katanga, on dirait qu’elle l’a intensifiée, des jeeps de ces fameux CCO sont aussi remarqués par la population la nuit quand viennent opérer les présumés bandits. Une chose qui ne sera peut-être jamais expliquée.

© ActuRDC / Mediacongo, 21.04.20

Image – source : Mediacongo

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