Sud-Kivu: la situation sécuritaire à Minembwe mérite une attention particuliere des autorités et de la communauté internationale (CongoForum)

UVIRA – La situation sécuritaire à Minembwe dans les hauts-plateaux d’Uvira, de Fizi et Mwenga mérite une attention particuliere des autorités congolaises et de la communauté internationale. Mais depuis plusieurs années les habitants de cette partie de la République démocratique du Congo ne savent pas à quel saint se vouer. Les langues se délient et le sang coule à chaque fois qu’on parle de la question dans des réunions, colloques ou conférences à Uvira, Bukavu, Baraka, Kinshasa, Kigali ou ailleurs.

La question devait être résolue par la Constitution de février 2006 et le gouvernement devait, en principe, restaurer l’autorité de l’état dans les zones instables des territoires d’Uvira, Fizi et Mwenga tout en préservant le tissu social longtemps déchiré.

Les vieilles habitudes ont refait surface en 2017 quand des chefs coutumiers Nyindu, Fuliru et Bembe ont été assassinés par des inconnus. Les Banyamulenge étaient vite accusés par leurs voisins d’être les auteurs de ces ignobles assassinats.

Dans la foulée, l’ex-premier ministre Bruno Tshibala a signé un arrêté pour transformer plusieurs entités du Sud-Kivu en ville, commune rurale ou commune urbaine. Minembwe a obtenu le statut de commune rurale et ses animateurs ont été vite nommés. Les mesures ont provoqué une opposition grandissante de la part de nombreux dignitaires coutumiers d’Itombwe/Mwenga et Fizi.

Tueries et violences

Selon certaines sources, entre 2017 et juillet 2020 plus d’une centaine des personnes ont été tuées, plus de 300 villages ont été incendiés, des femmes ont été violées ou mutilées, des camps de déplacés ont été attaqués et plus de 130.000 animaux de bétail ont été volés. Les attaques étaient souvent incontrôlées, non justifiées ou non revendiquées. Ces attaques avaient un caractère extrémiste et sélective de la part des assaillants.

La région est riche en élevages, pâturages et terres arables mais sa population est en manque de nourriture pour ne pas dire qu’elle souffre de malnutrition aiguë. En plus la région est enclavée. Les routes de desserte agricole ne sont pas bien entretenues. La contrée est très pauvre et assez explosive avec la présence de Banyamulenge (les gens des collines), Bavira, Bafuliru, Banyindu et Babembe. La haine tribale et la barbarie ont trouvé leur demeure dans cette region et ont mis en péril la cohabitation pacifique. Certaines personnes croient avoir le droit de prendre la vie à d’autres personnes. Une situation qui bloque tout investissement, développement et  croissance économique et met en doute la nationalité de certains compatriotes.

Banyamulenge

Certains chercheurs pourraient parler d’un conflit interethnique ou identitaire. Les leaders Mai-Mai et des notables mettent en cause la nationalité des Banyamulenge, qui, selon eux, sont ‘des immigrants pasteurs rwandais’ qui ne devraient pas s’appeler Banyamulenge (gens des collines ou gens de Mulenge, une localité dans la chefferie des Bafuliru) mais plutôt Banyarwanda (gens du Rwanda). “Aucun peuple ne peut accepter de perdre ou abandonner involontairement son identité au profit d’un autre”, disent-ils. “Le droit à une identité est reconnu internationalement par la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans d’autres instruments juridiques au niveau national, africain ou international”.

Qui sont les belligérants dans les hauts-plateaux ?

Dans les hauts-plateaux on n’a pas manqué de rébellions depuis le lendemain de l’indépendance du Congo. Actuellement on assiste à une résurgence et une escalade des violences sans connaître les motivations précises des groupes armés concernés.

D’un côté on trouve des groupes armés locaux avec des affinités ethniques. Les Mai-Mai Yakotumba, Mtetezi, Biloze-Bishambuke, Gomino et Android. Respectivement des Babembe, Banyindu, Bafuliru et Banyamulenge. Les Twirwaneho sont des jeunes éleveurs qui se défendent contre une éventuelle ‘épuration ethnique’ à l’encontre des Banyamulenge et qui protègent leurs troupeaux.

De l’autre côté il y a des groupes armés étrangers, surtout des Hutus burundais. Là on parle du FNL (qui est accusé d’avoir massacré en 2004 plus de 150 personnes dans un camp de réfugiés congolais au Burundi, majoritairement des Banyamulenge), des Red-Tabara et de FoREBU.

Les groupes armés d’auto-defense Mai-Mai seraient tous en coalition avec les FNL, Red-Tabara et FoREBU. Les Gomino et Android s’appuyeraient sur la bravoure et l’expertise des jeunes Twirwaneho. Dans tous ces groupes on retrouve des caciques des anciennes rébellions rébellions de la RDC comme l’AFDL, RCD, M23, CNDP ou CNPSC. Le CNPSC est un groupe qui a essayé d’occuper la ville d’Uvira (septembre 2017) et qui a été repoussé par les Casques bleus de la Monusco et les FARDC. Les motivations de ce groupe ne sont pas très bien connues.

© CongoForum – rédaction, 25.07.20

Image – source: Actualité.cd

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