Retour en force du tribalisme en RDC (CongoForum)

KINSHASA – Le tribalisme est en train de revenir en force en République Démocratique du Congo, avec en première ligne des acteurs politiques. Voilà le constat fait par le quotidien congolais Le Phare. Le gouvernement veut essayer de combattre ce phénomène.

Le député national Garry Sakata (FCC) a déposé au Bureau de l’Assemblée nationale un texte pour réglementer la matière. Mais selons certains cette proposition est sans objet étant donné que le pays a déjà une ordonnance-loi contre le racisme, le tribalisme et le régionalisme depuis 1966.

Pas mal d’observateurs sont d’avis que le passage de 11 à 26 provinces a encouragé le retour en force du tribalisme. « Les parlementaires de la dernière législature, pressés d’appliquer le découpage territorial alors que le pays n’avait pas les moyens financiers et logistiques de l’assumer, portent une lourde responsabilité dans le démantèlement de l’esprit nationaliste que feu Maréchal Mobutu avait réussi à installer chez plus d’un compatriot », écrit Le Phare. Mobutu avait réduit le nombre de provinces à 9, puis à 11, avec l’éclatement de l’ancien Kivu en trois (Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema).

Trop de provincettes non viables

Le Phare parle de trop de provincettes non viables qui n’ont pas assez de moyens. « La conséquence immédiate est, comme à l’époque des 26 provincettes des années’60, que le Katangais ne se reconnait plus dans le Tanganyika, le Lualaba, le Haut-Katanga ou le Haut-Lomami ; que le Kasaïen est partagé entre le Sankuru, le Lomami, le Kasaï Oriental, le Kasaï Central et le Kasaï ; que l’Equatorien est perturbé face à la Tshuapa, à la Mongala, au nouvel Equateur, au Sud-Ubangi et au Nord-Ubangui ; que le Bandundois a perdu ses repères devant le Kwango, le Kwilu et le Maindombe, etc. »

« Sectarisme communautaire »

Selon le quotidien les congolais en 2020 ont tendance à s’identifier surtout avec leur ethnie ou leur tribu. Cela se confirme d’ailleurs lors des élections. « Le sectarisme communautaire – qui s’est développé à tel point que les mises en place dans les cabinets politiques, les entreprises publiques, l’administration publique, la territoriale, la diplomatie… – a tendance à obéir à la vision familiale, clanique, villageoise, tribale de la République ».

Pour Le Phare il faut revenir aux grands ensembles géopolitiques, administratifs et économiques, aux pools de développement où les brassages humains et culturels seraient favorisés par la forte circulation des personnes et des biens à travers de grandes surfaces géographiques. “Plus les citoyens vont se cloisonner dans leurs clans, leurs villages, leurs secteurs, et davantage vont se développer des sentiments et des comportements de haine tribale, ethnique et des conflits de cohabitation”.

© CongoForum, 24.09.20

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