Vingt-quatre ans après la mort de Mgr Munzihirwa, l’Église catholique attend toujours la béatification de « l’ Oscar Romero du Congo » par Rome (CongoForum)

BUKAVU – Des fidèles catholiques de Bukavu ont commémoré le 29 octobre 2020 l’assassinat par l’Armée patriotique rwandaise de Mgr Christophe Munzihirwa, dont ils attendent la béatification depuis 2015.

A cette date commémorative, le diocèse de Bukavu a organisé une procession, conduite par Mgr François Xavier Maroy, allant du lieu de l’assassinat qui porte son nom « Place Munzihirwa » à Nyawera, commune d’Ibanda jusqu’à la cathédrale Notre Dame de la paix de Bukavu où une messe a été célébrée.

Dans son homélie, l’archevêque de Bukavu, Mgr François-Xavier Maroy a demandé aux fidèles catholiques de prier pour la cause de la béatification de celui qui est considéré comme modèle et martyr de l’Eglise ainsi qu’une figure de la résistance en RDC.

À ce sujet, selon l’abbé Boniface Kanozire, vice postulateur de la cause « Mgr Christophe Munzihirwa », la phase diocésaine de la procédure pour la béatification du serviteur de Dieu s’est clôturée en date du 29 octobre 2018, avec plus de cent témoignages recueillis et accouchés dans un document d’environ 600 pages,  dont deux copies ont été déposées à Rome.

Défenseur des droits humains

L’Église catholique du Congo devrait encore attendre pour voir ce pasteur tombé en pleine mission être béatifié par Rome car au stade actuel, Rome a déjà désigné un rapporteur général. Celui-ci devra arriver à présenter un travail appelé « Dossier sur le martyr du serviteur de Dieu Mgr Christophe Munzihirwa ». C’est un travail qui doit être bien fouillé et documenté, et pour cela, l’expert Romain a besoin du temps nécessaire, a expliqué abbé Boniface Kanozire, vice postulateur de la cause de celui qu’on appelle « Oscar Romero du Congo », un prélat de San Salvador, défenseur des droits humains, assassiné en pleine messe.

Rappelons que Mgr Munzihirwa est décédé à l’âge de 70 ans. Il était un défenseur des droits de l’homme renommé. Il a été abattu alors qu’il se rendait au collège Alfajiri pour secourir un groupe de sœurs en insécurité, après la prise de la ville par l’AFDL qu’accompagnait l’APR. Il était la seule autorité restée sur place au côté de la population après la fuite des responsables administratifs et sécuritaires.

Selon le Rapport Mapping de l’ONU, l’APR et ses alliés avaient tué ce jour du 29 octobre plus de 450 civils à Bukavu dont cet évêque reconnu pour son courage et son franc-parler. Il avait condamné, à l’époque, sans crainte cette guerre qu’il avait qualifié d’invasion rwandaise.

© CongoForum – Arnaud Kabeya, 31.10.20

Image: mgr. Christophe Munzihirwa

Source: Archidiocèse catholique de Bukavu