Tshopo: rétablissement du courant dans la ville de Kisangani (CongoForum)

KISANGANI – Rétablissement du courant à Kisangani, une mesure qui ne doit ni distraire la vigilance citoyenne, ni dédouaner les autorités politico-administratives, estiment des activistes à Kisangani.

Les travaux de dépannage du groupe numéro 3 de la centrale hydroélectrique de la Tshopo ont conduit au rétablissement du courant dans la ville de Kisangani le mardi 7 décembre dernier. Ceci après 4 mois de délestage drastique ayant obscurci la ville, augmenté les foyers d’insécurité, paralysé l’économie locale, bouleversé le modus vivendi des élèves, étudiants et enseignants ; précarisé la prise en charge des malades dans les hôpitaux…

Les techniciens de la SNEL se sont visiblement battus bec et angle, pour remettre en activité cette vétuste machine. La SNEL produit actuellement 8,5 mégawatt en attendant quelques travaux annoncés sur le G2 afin de ramener la capacité globale de production à 12,5 ou 13 mégawatstéventuellement au début de l’année 2022. Sans compter sur le G1 dont les travaux de dépannage suivent leur cour normale.

Pourtant, ces efforts déployés tant par le Gouvernement de la République, que par les gestionnaires de la SNEL, qui ont été salués par la population à leur juste valeur, ne sont que des mesures conjoncturelles qui, à défaut de résoudre durablement le problème, ne feront que retarder les inévitables crises et pénuries.

Le groupe numéro 3 qui venait d’être dépanné n’est pas numérisé (tout comme le groupe numéro 1 en cours de réparation). Sa numérisation coûterait environ 8.000 dollars.

«  Si l’on se contente du fait qu’il soit déjà fonctionnel sans comprendre la nécessité de le numériser, il ne serait aucunement à l’abri des prochaines pannes qui pourraient se révéler plus fatales que ce que nous venons de traverser. Malgré le rétablissement du courant, la desserte en électricité dans la ville de Kisangani reste largement déficitaire » ajoutent des activistes.

C’est à peine 10% de la population qui en bénéficiera. Car, les 8,5 mégawatt que la SNEL produit actuellement est loin de satisfaire une ville qui a besoin d’environ 45 mégawatt.

L’emplacement du barrage est l’autre problème majeur. Les turbines sont tantôt englouties, tantôt exposées selon que la rivière Tshopo connaît l’accrue ou l’étiage, non sans conséquence sur les délestages que subit la ville.

« Les citoyens qui ont été nombreux à se mobiliser sous diverses formes pour exiger la rénovation du barrage de la Tshopo ou carrément la construction d’un nouveau barrage ne devraient pas se laisser distraire par le rétablissement du courant. Bien au contraire, ceux-ci doivent maintenir la pression sur le Gouvernement de la République pour des solutions durables ».

Ils croient que les élus de la Tshopo (Députés nationaux et sénateurs) se doivent de multiplier des actions de plaidoyer auprès du Gouvernement de la République et/ou ses partenaires stratégiques pour arracher des financements indispensables pour la rénovation du barrage de la Tshopo ou la construction d’un nouveau barrage à mesure de satisfaire le besoin énergétique de la ville de Kisangani.

Le Président de la République, Félix Tshisekedi, se doit de lier l’acte à la parole. La réhabilitation du barrage de la Tshopo, dont les machines souffrent d’une vétusté indescriptible, ne doit plus rester qu’une chimère. S’il lui reste encore un peu de dignité, il ferait mieux d’instruire au ministre sectoriel d’élaborer et de mettre en œuvre le plan d’exécution de cette réhabilitation au profit 1,5 millions Congolais qui habitent Kisangani.

© CongoForum – Paulin Munyagala, 10.12.21

Image – source: John Bompengo

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