Congo hold-up : la Belgique ouvre une enquête sur un riche homme d’affaires belge qui serait proche de Joseph Kabila (Congoforum)

Bruxelles – Épinglé dans le cadre de Congo hold-up, vaste enquête internationale sur la corruption et le détournement de fonds publics en République Démocratique du Congo (RDC), Philippe Moerloose est soupçonné de corruption privée d’agents publics par la justice belge.

D’après Mediapart, cette enquête judiciaire a été ouverte sur la base de ses articles publiés en décembre 2021 sur Philippe Moerloose, l’une des cent plus grosses fortunes de la Belgique. Ce dernier est accusé, entre autres, d’avoir vendu, sous le règne de Kabila, d’équipements à la RDC pour 742 millions USD des tarifs exorbitants ; d’avoir effectué des opérations troubles avec la société Sud-Oil et la filiale congolaise de la banque gabonaise BGFI contrôlées par Francis Selemani, frère adoptif de l’ancien président congolais.

Lors de la publication de cette enquête, le riche homme d’affaires belge avait démenti d’avoir appliqué des marges exagérées sur les ventes d’une centaine de machines (tracteurs, remorques, moissonneuses, etc.) en RDC. Or, à en croire Mediapart, Congo hold-up révélait que les machines ont été vendues jusqu’à 7 fois plus chères que leurs prix d’achat dans certains contrats de vente entre l’homme d’affaires belge et la RDC.

Ces supposées surfacturations intéressent la justice belge, au plus haut point, d’autant plus qu’une partie de l’argent provenant de ces contrats avait transité par des sociétés offshores situées dans des paradis fiscaux, notamment, les Îles vierges, l’Île Maurice et le Luxembourg.

Sur sa proximité avec la famille Kabila, M. Moerloose, à l’époque, s’était inscrit en faux. Pourtant, selon des sources fiables, il aurait, à cette période, négocié ces contrats directement avec Joseph Kabila. Cette proximité s’est laissée, encore, transparaître par la vente à la belle-mère de l’ancien président congolais d’une somptueuse villa de 7 chambres avec piscine, à Grez-Dolceau, estimée à 1,2 millions d’Euros. C’est dans le parage du domicile du riche homme d’affaires belge, situé près d’un golf, en Belgique francophone.

Dans ce même chapitre, Philippe Moerloose est soupçonné d’avoir effectué une opération obscure avec la société Sud-Oil dirigée Francis Selemani, frère adoptif de Joseph Kabila. Ce dernier était, à l’époque, le patron de BGFI-RDC, banque utilisée par la famille Kabila pour détourner 92 millions USD de fonds publics.

Toujours selon Mediapart, en 2013, le richissime belge avait vendu à Sud-Oil pour 12 millions USD, un grand garage, racheté 2 ans auparavant à sa propre entreprise. Il avait négocié personnellement avec le frère adoptif de Joseph Kabila. Le paiement a été fait en partie (5,5 millions). Cet argent était détourné de la Banque Centrale Congolaise (BCC). La partie restante était versée au belge, sur un compte suisse ouvert la banque USB de Genève.

Philippe Moerloose s’en était également défendu en rejetant tout en bloc. Il s’était expliqué en disant que « ses échanges » avec Francis Selemani ne concernaient que « la garantie de paiement et non à autres », et d’insinuer, ensuite, que le registre des actionnaires du Sud-Oil qui lui avait présenté ne renseignait aucun membre de la famille de Kabila.

En attendant le dénouement des enquêtes de la justice belge, il convient de relever qu’en plus d’une enquête ouverte en RDC sur Congo hold-up, il y a une autre qui est en cours en France, lancée par le parquet national financier. Elle vise, quant à elle, des possibles infractions de blanchiment aggravé de détournement de fonds publics.

© CongoForum, Arnaud Kabeya, 22/06/2022

Image – source : presse congolaise

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