RDC-RWANDA: l’ambassadeur du Rwanda expulsé quitte la RDC pendant que l’UA et l’EAC appellent au désescalade et à la reprise du dialogue (Congoforum)

KINSHASA – Alors que l’ambassadeur du Rwanda quittait la RDC, l’Union africaine (UA) et la Communauté des états de l’Afrique de l’Est (EAC) demandent le cessez-le et appellent les parties au dialogue. De sa part, le président angolais se dit vouloir poursuivre avec la mise en place de la feuille de route convenue à la tripartite de Luanda.

Vincent Karega, le diplomate rwandais a quitté le sol congolais le lundi 31 octobre 2022 après la notification de son expulsion par les autorités congolaises. Ces dernières condamnent la persistance de son pays d’agresser la RDC, à travers le M23, un groupe terroriste pro-tutsi. Le gouvernement congolais fait état qu’il a été observé ces dernières semaines, à partir du Centre conjoint des opérations, équipé des drones, l’arrivée massive des militaires rwandais pour appuyer le M23 « en vue d’une offensive générale contre les positions des forces armées » congolaises.

Par ailleurs, les accusations de la RDC contre le Rwanda ont été amplifiées par d’autres. À en croire lemonde.fr, un rapport confidentiel de l’ONU, sorti dans la presse en août 2022, pointait une implication du Rwanda auprès du M23 et, il y a quelques jours, un ambassadeur américain aux Nations unies a clairement évoqué « l’aide apportée par les forces de défense rwandaises au M23 ».

De son côté, Kigali qui nie, comme toujours, ces accusations. Il dit regretter la décision de son voisin d’expulser son ambassadeur et estime être pris pour bouc émissaire par les autorités congolaises.

« Il est regrettable que le gouvernement de RDC continue de faire porter au Rwanda la responsabilité de ses propres échecs de gouvernance et de sécurité », ont répondu les autorités rwandaises dans un communiqué dimanche matin, en ajoutant que les forces de sécurité rwandaises à la frontière avec la RDC étaient désormais placées en état d’alerte. Il dit craindre la circulation des armes lourdes dans la zone frontalière avec la RDC.

Argumentaire fallacieux et cessez-le-feu

En retour, le gouvernement rwandais accuse la RDC, qui nie elle aussi, de collusion avec les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un mouvement de rebelles hutu rwandais, dont certains sont impliqués dans le génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda. Un argumentaire fallacieux, selon le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya. Ce dernier fait savoir que « ces Fdlr sont plutôt auteurs de plusieurs tueries parmi la population congolaise. Par contre, l’on n’a jamais eu vent des massacres perpétrées contre les populations rwandaises chez eux par ces ex-militaires rwandais en cavale ».

Dans ce contexte de crise, l’UA et l’EAC s’inquiètent de la détérioration du climat entre les deux pays voisins. Ils appellent au cessez-le-feu immédiat à l’Est de la RDC et encourage à la reprise du dialogue commencé à Nairobi et à Luanda. À ce sujet, un émissaire de Lourenço, le président angolais a été dépêché à Kinshasa, le dimanche 30 octobre 2022 pour signifier au dirigeant congolais, la nécessité de la mise en œuvre de la feuille de route convenue aux pourparlers de Luanda.

Somme toute, notons que la RDC n’est pas le premier pays à déclarer Vincent Karega « Persona non grata ». Son expulsion était à plusieurs reprises réclamés, à cors et à cris, par les congolais qui s’en réjouissent énormément. Le diplomate rwandais a été également chassé par le gouvernement sud-africain, qui l’accusait d’être impliqué dans l’assassinat des opposants rwandais dans le pays.

© CongoForum, Arnaud Kabeya, 01/11/2022

Image – source : officielle

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