Les enfants dits ‘hermaphrodites’, ni fille ni garçon, ne sont pas des erreurs, ou des malformés, encore moins des sorciers (CongoForum)

KINSHASA – Une partie de la population du Monde est de nos jours appelée « personne intersexuée »: personne selon l’ONU, dont les caractéristiques sexuelles ne correspondent pas aux normes typiques de masculin ou féminin. Une situation qui frappe environ 1,7 à 2 % de la population mondiale sans distinction de race et qui survient soit à la naissance, soit à l’adolescence ou à l’âge adulte.

Malheureusement pour la plupart des cas, ces personnes sont considérées comme des erreurs et sont d’office opérées à l’enfance sans leurs propre consentemens simplement pour les assigner aux normes sociales de garçon ou fille. Des opérations aujourd’hui qui passent pour des mutilations génitales selon les Nations unies et les activistes qui considèrent que l’intersexuation n’est pas une maladie mais plutôt une différenciation ou variation sexuelle naturelle saine.

L’intersexuation est donc très mal connue de la société même auprès du corps médical qui la considère de malformation génitale et se tourne vers la chirurgie ou les hormones pour la corriger sans penser suivi ultérieur. Condamnant ces personnes aux effets secondaires sans appel.

En vue de persuader la communauté face à cette situation naturelle involontaire à la personne intersexuée, l’ONG: Groupe Inter-Désirs « GIDE », a organisé le week-end dernier, une journée d’information sur l’ intersexuation en RD Congo. Une journée qui a connu la participation des intersexués qui étaient accompagnés de leurs parents ou proches, des journalistes, artistes, enseignants d’universités, médecins et sages-femmes.

L’objectif de cette journée était de faire comprendre aux différentes couches de la société que l’intersexuation n’est pas une maladie, plutôt une variation saine avec des caractéristiques involontaires, innées et non acquises. De nos jours, aucune explication exacte en médecine n’est fournie dans la survenue de cette situation imputée à tort par le fait des perturbateurs endocriniens. Les personnes intersexuées et leurs proches doivent de ce fait accepter le fait que cette situation n’est pas fatale et ne les rend en aucunement des « sous-hommes » ou des « erreurs » par rapport à d’autres personnes dans la société.

La journée d’information a été chargée d’émotion, car une maman ayant un enfant intersexué a partagé son expérience et celle de son enfant devant les participants en ces termes: « Le jour où j’ai mis au monde mon enfant, au niveau de la maternité, la sage-femme avait du mal à me dire le sexe de l’enfant malgré mon insistance de savoir si mon enfant était une fille et un garçon. Vu que personne ne me disait le sexe de mon enfant, je faisais une crise de tension. Quand j’ai appris que mon enfant était intersexué, j’étais bouleversée par la nouvelle. J’avais du mal à voir comment mon enfant, un garçon, se soulageait comme une fille. Plusieurs fois mon enfant a été opéré, mais sans solution. A travers cette journée d’information je comprends que ça ne vaut pas la peine de s’inquiéter et de vouloir trouver une solution ici ou là car l’intersexualité est un phénomène naturel. » A la fin de son témoignagne la maman a fondu en larmes.

Présents dans cette séance d’information, des artistes, des journalistes et d’autres leaders d’opinion ont été sensibilisés sur le rôle qu’ils doivent jouer dans la société pour faire comprendre à la populations que les personnes intersexuées doivent être respectées et considérées comme tout le monde.

Pour s’approprier le message en plaidant la cause des personnes intersexuées, les artistes ont présenté un spectacle pour faire passer un message fort aux participants, en martelant que les personnes en question ne sont pas une erreur de la Création mais plutôt une exception et que ces personnes doivent jouir de tous les droits au sein de la société ; eux aussi sont utiles et peuvent servir dignement leur société.

© CongoForum – Daniel Aloterembi, 14.11.22

Image – source : presse congolaise

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